Une tribune pour les luttes

Compaoré fait tirer sur la foule …

Révolution au Burkina Faso !

Le groupe Afrique du Secrétariat International de la CNT-F

Article mis en ligne le samedi 1er novembre 2014

Publié le vendredi 31 octobre 2014

Au matin du jeudi 30 octobre 2014, des camarades présents sur la Place de la Révolution1 témoignaient par téléphone de la situation à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, où des centaines de milliers de manifestants ont déferlé toute la journée. Face à l’opposition de la population burkinabé, le président Blaise Compaoré n’est pas parvenu à réviser la Constitution par le biais de l’Assemblée nationale pour se présenter à un cinquième mandat. Alors qu’il dirige le pays depuis 27 ans, après avoir contribué à assassiner Thomas Sankara et la révolution burkinabé, il souhaitait entériner cette nouvelle modification constitutionnelle au goût de pouvoir à vie avec un pseudo-référendum joué d’avance. Depuis plusieurs semaines, les députés étaient logés dans des hôtels pour ne pas que la population les lynche alors qu’une mobilisation contre le pouvoir avait déjà pris une ampleur inédite. Le mercredi 29 octobre, une grève générale paralysait déjà l’ensemble du pays. A Bobo Dioulasso, la statue du dictateur avait été déboulonnée...

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Rassemblement de femmes contre le projet de loi portant révision de l’article 37, lundi 27 octobre à Ouagadougou. (Photo et légende : Sophie Garcia)

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Gigantesque manifestation du mardi 28 octobre 2014 à Ouagadougou, qui s’est terminé par des tirs de grenades lacrymogènes de la part des policiers, déterminés à ne pas laisser les manifestants prendre place en centre-ville.
(Photo et légende : Sophie Garcia)

Le 30 octobre, à 9 heure 30 du matin, une foule immense affluait vers l’Assemblée nationale, située place des Nations-Unies, en empruntant notamment l’avenue des Nations-Unies où se trouve aussi l’Ambassade de France. La répression policière ne s’est pas fait attendre et des gaz lacrymogènes et vomitifs envahissaient la Place. Cependant, et malgré les tirs de somation à la kalachnikov, l’armée n’intervenait pas encore directement contre les manifestants. Mais il semblait bien que Blaise Compaoré ne veuille rien lâcher, et les Burkinabé affirmaient leur peur que les balles ne viennent s’opposer à leur mouvement.

A 10h30, une foule immense arrivait devant l’Assemblée Nationale et les principaux ministères. 20 minutes plus tard, l’Assemblée était en feu. Des hélicoptères tournaient dans le ciel de Ouagadougou autour du mouvement insurrectionnel. L’hôtel de l’indépendance où se trouvaient un certain nombre de députés était pris d’assaut et dévalisé.

A 12h, des barricades envahissaient l’avenue Kwame Nkrumah, une des artères huppées de la capitale tandis que la foule brûlait à son tour le siège du parti présidentiel, le CDP. Alors que l’armée se refusait toujours pour le moment à intervenir. Cependant, de nombreuses rumeurs circulaient, notamment l’arrivée de soldats togolais qu’enverrait Faure Niasimgbé afin d’exercer une répression que ne souhaitent pas entreprendre directement les officiers de l’armée burkinabée.

A 17h, des affrontements entre les manifestants et la Garde présidentielle avaient lieu devant le palais Kosyam de Compaoré. Des corps s’étalaient sur la chaussée alors que cette élite de l’armée ouvrait le feu sur la foule. Selon les sources, il y aurait entre 20 et trente morts dans les affrontements de la capitale.

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Un jeune homme mort dans une rue de Ouagadougou, dans le quartier des « 1 200 logements ». Selon la foule réunie autour de lui, ce sont des hommes de la garde privée de François Compaoré (le frère du président) qui l’auraient tué par balle. (Photos et légende : Sophie Garcia)

Un rassemblement de solidarité a eu lieu à Paris le 30 octobre à 18H, avenue de Courcelles, devant l’ambassade du Burkina Faso.

Le chef d’Etat major en lien avec les chefs des partis d’opposition semble négocier une porte de sortie. L’assemblé et le gouvernement ont été dissolu et un organe de transition jusqu’aux élections démocratiques a été annoncé. Blaise compaoré a affirmé à la télévision le 30 octobre au soir qu’il resterait au pouvoir le temps de cette transition. Mais il n’est pas sûr que les partis de l’opposition accepte cet éventualité et encore moins le peuple qui a manifesté. Le mot d’ordre "pas un jour de plus" semble de mise, les manifestations ont repris dans la journée à Ouagadougou,

Bobo-Dioulasso et Koudougou les trois principales villes du pays. Un militaire vient d’ores et déjà de déclarer publiquement sur la place de la révolution à Ouaga en milieu de journée, aujourd’hui, que Compaoré n’est plus au pouvoir.... Celui-ci viendrait également d’annoncer sa démission dans un communiqué.

Tout en apportant son soutien au peuple qui en a marre de l’oppression et de l’injustice, la CNT tient à rappeler les luttes dont les revendications dépassent celle de l’alternance gouvernementale : la coalition contre la vie chère a appelé à une marche- meeting et à une journée de grève mercredi 29 octobre pour une école démocratique et accessible à tous. Elle appelle déjà à une journée de grève le 11 novembre pour exiger l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.

Vive la révolution au pays des hommes intègres !
Blaise dégage ! Françafrique dégage !

Pour les camarades sur place.
Le groupe Afrique du Secrétariat International de la CNT-F, Paris, 31/10/2014

Site de la photographe Sophie Garcia qui suit la situation sur place :
www.sophiegarcia.net

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