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Communiqué

Faut-il un drame pour avoir le droit d’exister ?

Article mis en ligne le jeudi 24 novembre 2016

Dimanche 20 novembre 2016, au matin, le bidonville du cap pinède dans le 15ème arrondissement de Marseille a été détruit par les flammes. Un incendie causé par la grande précarité dans laquelle sont maintenues les familles contraintes de vivre sur ce terrain empierré pour prévenir les installations illicites ; sans électricité, sans ramassage des déchets, près d’une voie rapide dangereuse mais qu’il faut pourtant traverser pour aller chercher de l’eau. C’est l’hiver, les cabanes sont parfois chauffées avec ce qui peut être brûlé ; la promiscuité rend vite un incendie incontrôlable. Sur ce terrain vivaient 12 enfants, dont deux en bas âge et une femme enceinte. Certains des habitants de ce bidonville vivent le troisième incendie de leur habitat.

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a eu ni morts, ni blessés, les habitants étant pour la plupart partis travailler. Mais les déclarations lénifiantes dans la presse du Préfet à l’Égalité des chances et celle du représentant de la ville de Marseille cachent une réalité bien cruelle.

La situation aujourd’hui c’est que les familles ont tout perdu, tout ce peu qu’elles avaient et qui était leur chez soi, malgré les mauvaises conditions de vie. Elles sont aujourd’hui sous la pluie, diluvienne ce lundi à Marseille, dans leur voiture pour les rares qui en possèdent, à la recherche d’un nouvel abri de fortune, qui lui-même sera empli de dangers. Pour toute réponse la préfecture a proposé un relogement dans un hôtel de Plan de Campagne, hors d’atteinte des transports en commun, pour des enfants scolarisés dans le XVe, là où leurs parents, exclus des aides sociales, ont leur activité économique.

Devant cette carence de l’État et cette absence de la ville, ce sont les associations Rencontres Tsiganes, Médecins du Monde et L’école au présent qui ont recherché des hébergements hôteliers en urgence, financés par la Fondation Abbé Pierre pour une semaine.

Lundi soir dans les locaux de Médecins du Monde, les familles attendaient l’intervention du Samu Social qui les conduira aux hôtels, certains sont en tongs, d’autres en robes de chambres, les enfants ne sont pas couverts. Des couvertures et des vêtements sont distribués pour pallier à l’urgence.

En dépit de leurs déclarations publiques, où est l’État ? Où est la ville ? Que proposent-ils à ces familles totalement démunies alors que l’hiver s’est installé ?

Faut-il un drame pour que les pouvoirs publics réagissent, pour que la population s’émeuve de la situation de ces hommes, ces femmes et de leur enfants, qui ne demandent que le droit d’exister, dignement ?

Nous demandons la stabilisation et la sécurisation des lieux de vie de façon temporaire lorsque que cela s’y prête, afin que les personnes contraintes de vivre dans un squat ou un bidonville puissent avoir les conditions minimales de sécurité et de salubrité et que cessent les ruptures de parcours de soins, de scolarité, et d’insertion.

Nous demandons la fin de ces politiques inutiles et coûteuses, qui expulsent les personnes et les contraignent à vivre dans des conditions dangereuses où leurs droits fondamentaux sont bafoués.

Signataires : Fondation Abbé Pierre, Rencontres Tsiganes, L’École au Présent, Médecins du Monde, Ligue des Droits de l’Homme-13, CCFD – Terre solidaire

Le 23 novembre 2016

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