Partir. Loin de cette foire des vanités. De cette fête plus foraine que religieuse. De cette religion plus spectaculaire que spirituelle. Partir dans les montagnes des Altos, là où la Tonantzin, n’est qu’un bout de ciel, un morceau de terre, une vallée fertile, des filaments de nuages en pantalon. Sous la modernité de La Guadalupe, retrouver les oripeaux de la déesse Mère. Avant que la croix ne soit croix !
En route vers San Andrés Larráinzar. La route serpente entre deux montagnes. Irrévérencieuses. Un doux soleil d’hiver caresse ses sommets. Ses flancs se gonflent et se dégonflent comme un cœur qui palpite. Les montagnes s’incarnent. Sous nos yeux, elles deviennent vivantes. Ici, nous ne sommes pas face à une nature morte, elle fait partie intégrante de la vie des peuples originaires, de leurs rêves, de leur vie quotidienne. Soumis à ses colères et à sa protection millénaire. D’ailleurs, les indigènes la nomment la Terre Mère ou Tonantzin qui signifie Notre Mère Vénérée, en langue náhuatl. Les conquistadors, imbus de leur Dieu unique, n’ont su s’imposer que par la violence. Brandissant leur croix et leur ignorance crasse, ils ont réussi à nier les croyances de ceux qu’ils appelaient « Los indios ». Ils sont également parvenus à diaboliser leurs cultes, à mépriser leurs rites. Enfin, c’est ce qu’ils ont bien voulu croire. Parce qu’en regardant les indigènes du Chiapas, il est clair que leur cosmovision a survécu à la barbarie de leur monde supposément civilisé.
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