Samir vivait à Amilcingo dans l’état de Morelos. Pas très loin du volcan, Popocatépetl, actif et bienveillant, à l’image du jeune activiste. C’est ici qu’il a fourbi ses premières armes. En fidèle héritier de son oncle, Vinh Flores Laureano, personnage respecté d’Amilcingo qui y créa une école normale rurale. Indéniablement, dans le sang de Samir Flores Soberanes coule le refus de toutes les injustices, un sens innée pour la rébellion !
En 2011, les premières rumeurs, annonçant la construction d’une centrale thermo-électrique à Huexca, se font entendre. Ce projet a pour nom Proyecto Integral Moralos -PIM. Une des aberrations du projet est bien évidemment de mettre un gazoduc au pied d’un volcan actif. D’ailleurs, les centres de Géophysique de l’UNAM et celui pour la prévention des catastrophes régionales de la Benemérita Universidad Autónoma de Puebla ont mis en garde contre le risque d’une telle infrastructure dans une zone volcanique. Aussitôt informés des dommages que cela va causer à l’environnement, Samir entre dans l’opposition et essaie d’informer au maximum autour de lui. Il installe un haut-parleur sur sa voiture et part donner de la voix de villages en villages. Au début, beaucoup le prenaient pour un fou. Mais cela lui importait peu, il continue coûte que coûte. En 2013, Samir crée la « Radio Comunitaria Amiltzingo », sur la fréquence 100.7. Un lien essentiel pour le village et ses alentours. Pour exemple, au moment du séisme de 2017, la radio sera un pilier de l’organisation pour tous les sinistrés de l’état de Morelos. Une vraie onde de solidarité.
Samir entre de plein cœur dans la lutte. Toute son âme est dédiée à empêcher ce projet. Sans s’imposer, il devient un leader naturel, et participe au Front des Peuples en Défense de la Terre et de l’Eau (FPDTA) de Morelos, Puebla et Tlaxcala, et du Congrès National Indigène (CNI). Selon le FPDTA, plus de 90 % des 80 villages des trois États qui seront touchés par le PIM sont d’origine Nahua. Ainsi, non seulement la vie paysanne est touchée, mais aussi la culture indigène, la vie par les us et coutumes tels que les assemblées communautaires et les ejidos. Le risque étant bien évidemment la division dans les communautés. Samir emploiera un mot difficilement traduisible « descampezinar » mais qui signifie une menace pour les petits paysans, voués à devenir de la main d’œuvre bon marché. Pour autant, la lutte prend forme et le 28 août 2016, sur les rives de la rivière de Cuautla est installé el Campamento Zapatista en Defensa del Agua del Río Cuautla. Un campement pour empêcher que les tuyaux traversent la rivière et soient connectées à la thermo-électrique.
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