Une tribune pour les luttes

Des détails que ne donnent pas toujours les medias.

Petit compte-rendu du procès en comparution immédiate de quatre des inculpés des incidents à la Gare du Nord le 29 mars.

Article mis en ligne le vendredi 30 mars 2007

Petit compte-rendu à l’arrache sur les quatre de Gare du Nord du
29 mars

L’après-midi avait mal commencé, avec pas mal de ferme qui était tombé ;
situation banale, à vrai dire, pour les comparutions immédiates.

Après une
suspension de séance (à je ne sais quelle heure : 17 heures ?) commence
les comparutions de ceux de Gare du Nord.

Le premier, c’est Abdoukarim, dans la vingtaine. Il est sans-papier, il
dit qu’il n’a jamais fait de démarche de régularisation. Dans la version
du juge, il a été désigné par un chef de service aux flics comme ayant
déjà jeté des projectiles, puis mis sous surveillance. Les flics l’aurait
alors vu, à leur tour jeter des projectiles métalliques de grosse taille
(genre des trépieds de panneau d’indication,etc.). De son côté, Abdoukarim
nie les faits, affirme qu’il ne faisait que passer. La salle peut voir
qu’il a l’air assez tranquille. Le proc’ se sent obligé de dresser le
portrait de l’émeutier redoutable, à double-face : « d’un côté, il est
doux ; de l’autre, il peut être très violent ». Puis il a cette image à
propos du rôle de la police et des militaires au sein de la Gare : que
cette dernière ne soit pas « une cage de faraday » dans laquelle
l’électricité lié au contrôle ou aux interpellations ne se condense et se
maintienne. L’avocat commis d’office se contente presque uniquement de
dire qu’il s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Le proc’
demande six mois ferme et le dépôt. Il fera finalement quatre mois de
taule, à partir de ce soir.

Le second se nomme Brice, il a un peu plus de vingt ans. Il est étudiant
en première année d’économie à Paris-X Nanterre. Comme Abdoukarim, son
casier est vierge. Lui aussi a été désigné, puis surveillé, puis
interpellé, cette fois en dehors de la gare, rue de Dunkerque, vers 23h15.
Il affirme qu’il avait jeté une canette sur la foule, vers des potes, et
non vers les flics. Pour son avocat, il s’agit de la maladresse d’un
enfant de 19 ans, récupérables, qui mériterait surtout des TIG car les « 
faits qui lui sont reprochés sont graves » (je rappelle qu’il ne s’agit
que d’une cannette...). Le proc’ a à peu près dit la même chose,
reprochant cette fois à Brice de mentir et de raconter n’importe quoi. Il
s’interroge sur l’existence de passant à 23h à Gare du Nord le soir, lui
qui n’a jamais dû poser son cul dans les transports en commun de toute sa
vie. Il demande six mois ferme, avec mandat de dépôt. Ce sera finalement,
comme pour Abdoukarim, quatre mois, et dès ce soir.

Sofiane arrive en troisième. Il a dix huit ans, fait tout jeune. Il s’est
fait choper avec une paire de pompe volée dans son sac. Il est en BEP
d’électricité, sa famille est là dans la salle, il a toutes les garanties
de représentation. Le proc’ l’accuse de saccage, même si, selon Sofiane
(par l’intermédiare de son avocat), les films de la gare du Nord,
devraient pouvoir démontrer qu’il n’a pas participé au pillage du Foot
Locker. Sa personnalité, ces belles personnes du tribunal croient pouvoir
l’énoncer facilement : il serait d’une « immaturité certaine » et, bien
qu’apparemment très « gentil », il peut devenir très « hostile » pendant
l’émeute. Sofiane refuse la comparution immédiate : l’enjeu est donc, pour
le tribunal, de déterminer si oui ou non on peut le laisser libre jusqu’à
son procès. L’avocate demande aussi un complément d’information pour avoir
la vidéo du pillage du Foot Locker. Ce sera le dépôt pour Sofiane en
l’attente de son procès, qui aura lieu le 23 avril. Surement un début de
casier pour lui aussi.

Le dernier, c’est Mohammed. Il a un peu plus de 25 ans, avec une formation
de boulanger. On lui reproche d’avoir jeté des chaussures contre les
flics, sans qu’aucun de ces derniers n’ait été touché (la même chose pour
les autres, d’ailleurs : pas de plainte spécifique de flics cette
fois-ci....). En relisant le document de GAV, le juge relève le jugement
porté par Mohammed sur l’usage disproportionné de la force par les flics,
alors qu’il y a des enfants, de simples passagers. Le juge s’étonne d’un
tel jugement alors qu’il ne devait pas y avoir grand monde puisque les « 
force de police sécurisaient la zone ». Il lui demande alors : « qui
êtes-vous pour avoir une approche critique ou une réflexion sur l’action
de la police ? ». L’avocate est pas mal cette fois : sa plaidoirie essaie
de rendre compte du contexte émeutier, de la permanence de la
stigmatisation et des contrôles. Elle justifie ce « geste de colère »
(selon l’expression de Mohammed) et refuse le qualificatif évidemment
stupide du proc’ qui parle de geste imbécile. À la différence des autres,
Mohammed a reconnu les faits, tout en les justifiant. Il affirme qu’il
regrette. C’est lui qui s’en sort le mieux, avec quatre mois avec sursis.

Une journée bien pourrie, à vrai dire, avec des journalistes qui
bourdonnent comme des mouches autour d’une bouse, avec leurs grosses
caméras et leurs petits airs visqueux. Une journée violente aussi, dans
laquelle la moitié des prévenus de gare du nord se sont pris du ferme pour
rien du tout, et un troisième se retrouve au dépôt en attente de procès.
Et toujours cette théâtralité stérile, ces jugements psychologisants
complètement foireu

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=78676
relayé par résistons ensemble

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Vos commentaires

  • Le 30 mars 2007 à 16:52, par Christiane En réponse à : Selon que vous serez puissant ou misérable... Rien n’a changé sepuis la royauté.

    C’est sûr qu’il vaut mieux voler et profiter au sommet de l’état et dans les sphères dirigeantes que jeter une paire de baskets ou une canette sur des centaines de policiers ultra-protégés que l’on a envoyé là uniquement pour provoquer.

  • Le 4 avril 2007 à 12:25, par Christiane En réponse à : Mieux vaut tabasser hakim que de lancer des chaussure.

    Deux policiers ont été condamnés mardi 3 avril à trois mois d’emprisonnement avec sursis et cinq mois de suspension par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir tabassé un passager du métro lors de la nuit de la Saint Sylvestre 2005.

    Dans la nuit du 31 décembre 2005 au 1er janvier 2006, vers 4h30, Hakim B. avait été interpellé par un trio de policiers alors qu’il sortait du métro avec un ami et qu’il venait d’allumer une cigarette, sur le quai de la station Trocadéro, dans le 16e arrondissement de Paris. L’interpellation avait très vite dégénéré : le passager avait été emmené dans un des couloirs du métro alors que son ami était aspergé de gaz lacrymogène. Dans le couloir, il avait été roué de coups de pied, de genou et de poing par deux des trois policiers, la troisième montant la garde sur le quai.
    Le lendemain, la victime faisait constater ses blessures à l’hôpital (hématome frontal et autour de l’œil, plaie au cuir chevelu suturée par deux agrafes, ecchymoses sur la cuisse, etc.) puis se présentait à l’Inspection générale des services (IGS).

    Les deux policiers ont été reconnus coupables de "violences ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours par une personne dépositaire de l’autorité publique et en réunion" et ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis. La 17e chambre du tribunal, présidée par Nicolas Bonnal, a également prononcé à leur encontre une interdiction d’exercer la fonction de policier pendant cinq mois. En outre, les deux policiers ont été condamnés à verser un total de 2.580 euros de dommages-intérêts à leur victime.

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