Une tribune pour les luttes

Pour redonner confiance dans l’action collective,

la confrontation plutôt que les pseudo-négociations.

Article mis en ligne le jeudi 25 septembre 2008

Pour le gouvernement, le "dialogue social" c’est… l’habillage des multiples contre-réformes réactionnaires, qui n’ont donné lieu à aucun dialogue préalable et sont tout sauf sociales. Dans l’Éducation elles mettent à mal tous les niveaux : le premier degré (programmes, samedi matin, RASED, droit de grève…), l’enseignement professionnel (suppression des BEP, bac pro en 3 ans…), le lycée (réforme Darcos), le Supérieur (loi LRU…), IUFM (casse de la formation professionnelle des enseignants…), le fonctionnement interne (décentralisation, regroupements d’agences comptables...).

L’offensive est globale et cohérente : tous les services publics (La Poste, énergie…), les garanties sociales et professionnelles et les libertés fondamentales (fichage, sans papiers…)
Le but de ces "réformes" c’est l’alourdissement des conditions de travail, les suppressions de postes, et les menaces sur les statuts des personnels, la précarité érigée en modèle de gestion, le contrôle social et la répression.
Outre les acquis sociaux, il s’agit de casser les solidarités, les services publics, comme la Poste actuellement.
La méthode pour faire passer cette politique, c’est le fameux "dialogue social", stratégie des capitalistes au niveau européen et international (avec comme interlocuteur les confédérations pseudo-syndicales CES et CSI).

Pour les directions syndicales, le "dialogue social" c’est … la signature – souvent sans réel débat dans l’organisation syndicale – d’accords qui reviennent à l’application de mesures déjà décidées et ne laissent aux syndicats que le choix de cautionner ou de s’en aller (comme vient de le faire la CGT éducation sur la réforme des lycées). Les conséquences sont désastreuses, qu’il s’agisse du protocole pour appliquer la réforme du Bac pro cautionné par le SNETAA et le SGEN ou de la "position commune" sur la représentativité syndicale dans le privé, portée par les seules directions de la CGT et de la CFDT, en passant par le relevé de conclusion sur le "dialogue social" dans la Fonction Publique, soutenu entre autres par les directions de la FSU et de Solidaires.
Chaque signature de ces accords a permis au Pouvoir un coup tordu de plus, ridiculisant par la même occasion la stratégie à courte vue des directions syndicales. Ainsi dans le privé, la position commune a servi de levier pour attaquer les 35 h et, dans le second degré, la signature du SNES des "points de convergence" sur la réforme du lycée a permis à Darcos d’annoncer un calendrier et un contenu qui démentent les écrits rassurants de la direction du SNES pour justifier sa signature et son manque d’entrain dans la poursuite de l’action.
Pourtant malgré des résultats aussi désastreux, les directions persistent dans leur caution à cette politique espérant ainsi sauver ou améliorer la reconnaissance et les moyens de leur "boutique", tétanisées par les élections professionnelles, aux enjeux exacerbés par le "dialogue social". Mais elles aggravent ainsi la dérive du syndicalisme vers un simple corps social intermédiaire, interface entre les nécessités du capital et la colère des travailleurs. Et cette colère risque de les prendre pour cible.

Contre ce pouvoir au service du libéralisme, le seul "dialogue" c’est la confrontation, la lutte collective et la solidarité

Pour en finir avec cette stratégie syndicale catastrophique, les directions syndicales doivent d’abord de toute urgence donner un signe fort, en mettant immédiatement un terme à leur collaboration suicidaire avec le pouvoir et en rejoignant les syndicats qui refusent de participer à de pseudos négociations, comme, pour la réforme des lycées, SUD et FO, et maintenant la CGT Education, en retirant leurs signatures des différents protocoles et en quittant les structures de "concertation".
C’est la condition pour que le mouvement syndical, ainsi que les AG aux différents niveaux, se donnent les moyens de reconstruire un rapport de forces à la hauteur et de s’approprier les actions à venir, pour leur donner un autre sens que d’occuper le terrain en vue des élections professionnelles. Notamment en mettant en place une dynamique de grèves et des structures démocratiques pour organiser les luttes, pour que le 7 octobre ne soit pas que la stricte déclinaison française de l’appel pour un "travail décent" de la Confédération Syndicale Internationale -dans le droit fil de la politique d’accompagnement du libéralisme de cette organisation- et pour que le 19 octobre ne soit pas qu’une manif nationale exutoire du dimanche, avant les élections paritaires

Un plan d’action de confrontation avec ce Pouvoir doit converger avec les autres luttes de longue haleine, comme la mobilisation des précaires pour leur réemploi et l’accès de touTEs à un emploi stable et comme la longue grève des travailleurs sans papiers pour le droit au travail, complémentaire de la lutte des collectifs pour la régularisation de touTEs.

Il importe notamment de réaliser la jonction de ces luttes avec celles du reste du mouvement social, à la faveur du contre-sommet « des ponts pas des murs » des 17 et 18 octobre et de l’initiative, qui devrait être une action nationale, dirigée contre le sommet européen des politiques d’immigration des 3-4 novembre à Vichy.

Émancipation Tendance intersyndicale

(er.emancipation chez free.fr)

Retour en haut de la page

Vos commentaires

  • Le 2 octobre 2008 à 00:28, par georges En réponse à : la confrontation plutôt que les pseudo-négociations.

    Tout d’abord je voudrais réagir à cet article en disant mon accord avec le titre, pas de pseudo-négociation mais confrontation. Ceci dit le reste de l’article me laisse perplexe : il y a une critique des directions syndicales qui sont là pour négocier, négociations qui au bout du compte ne sont pas en faveur des travailleurs. Si je comprends bien il faut aller au delà de ces directions pour imposer une véritable confrontation avec le gouvernement. La question que je me pose, est ce un problème de directions syndicales qui finalement trahissent ou un problème du syndicat lui même qui n’est plus un véritable organe de lutte ? Je voudrais reprendre une expérience très interessante, celle du CPE où ce sont les étudiants, prolétarisés, qui ont pris leurs affaires en main dans des assemblées générales où tout y étaient décidés sur la base de discussions collectives. Ce sont ces assemblées qui se sont données les moyens d’appeler à la solidarité des travailleurs, des jeunes de banlieues. Il y a eu une tentative d’unité des travailleurs et cela contraste avec les grèves syndicales où c’est la désunion , la division entre corporation, entre branches, entre secteurs. Pour moi, les syndicats entretiennent la division, alors que les travailleurs lorsqu’ils entrent en lutte, lorsqu’ils prennent l’nitiative reconnaissent que la solidarité ouvrière est le seul moyen de faire reculer les attaques de l’Etat et de son gouvernement. Pour preuve Villepin a du reculer face à la lutte contre son CPE. Moi je suis pour que les travailleurs prennent leurs affaires en main, les laisser aux syndicats c’est aller à la défaite.

  • Le 12 octobre 2008 à 11:48, par Olivier En réponse à : la confrontation plutôt que les pseudo-négociations.

    Etes-vous au courant de notre action "tous ensemble" (lettre ouverte de masse aux états-majors syndicaux), qui présente beaucoup de points communs avec ce texte ?
    http://tous-ensemble.dyndns.org

  • Le 26 octobre 2008 à 18:06 En réponse à : la confrontation plutôt que les pseudo-négociations.

    Olivier, je ne sais pas à qui tu poses la question. Ceci dit, j’ai lu l’appel, et je ne suis pas d’accord. Ce qui m’interesse avant tout c’est de convaincre les travailleurs de se battre en prenant des initiatives autonomes sans passer par les syndicats. Alors appeler à un front syndical de classe unitaire ne va pas dans le sens où je le souhaite, bien au contraire car pour moi les syndicats divisent, isolent les luttes. Ensuite je me bats pas simplement contre Sarkosy, mais contre ce système qui nous exploite et nous exploitera encore plus vu la crise économique qui s’abat aujourd’hui. C’est claire que cette crise est MONDIALE et les travailleurs doivent répondre MONDIALEMENT. La solidarité n’est pas seulement autour de toi, ou sur le plan national, elle est sur le plan international. Cela me fait plaisir lorsque des travailleurs en Grèce se battent contre les attaques gouvernementales, ou encore en Italie où c’est le monde éducatif qui se révolte. Nous avons tous les mêmes problèmes et l’expérience des uns est enrichissante pour tout le monde. Voilà synthétiquement comment je vois les choses.

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Analyse/réflexions c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 2110