19 h 30 à Espace - 22, rue M. Stilatti 13003 Marseille
19 h 30 à Espace - 22, rue M. Stilatti 13003 Marseille
Belgique - 1996 - couleur et noir/blanc - Beta SP - V.O. s-t. français - 73 min
Les terribles images des massacres au Rwanda en 1994 ont fait le tour du monde. Chacun garde en mémoire leur incroyable atrocité. Pourtant, si le premier génocide dans l’histoire de l’Afrique a été fortement médiatisé, il n’a été que rarement traité en profondeur. Pour la plupart d’entre nous, ce drame est l’ultime épisode d’une lutte séculaire entre deux ethnies hostiles, les Hutus et les Tutsis. Un schéma bien simpliste au regard de ce documentaire de Luc de Heusch. Car les origines de cette tragédie sont à chercher dans le passé du Rwanda.
Suffisamment loin pour s’apercevoir que jusqu’à l’arrivée, à la fin du siècle dernier, des Allemands, puis des premiers Pères Blancs, les paysans hutus autochtones et les pasteurs tutsis, venus de l’est quelques centaines d’années auparavant, vivaient en bonne intelligence. Ils formaient une seule nation, parlaient la même langue, partageaient la même religion, le même système d’interdits et reconnaissaient l’autorité d’un roi sacré.
Mais les colonisateurs belges croient reconnaître dans la classe dominante tutsie une "race" supérieure. L’administration, appuyée par l’Eglise catholique, décide de recruter au sein de celle-ci les auxiliaires de la colonisation. Le drame se noue après la mort soudaine du roi Mutara III, le 25 juillet 1959 ; la haute aristocratie tutsie impose alors un successeur et prend ses distances avec le colonisateur. L’Eglise catholique, qui craint de perdre ses privilèges, rompt son soutien aux Tutsis et s’allie aux Hutus. C’est autour de ce renversement d’alliances, ajouté aux critères raciaux importés par les idéologues de la colonisation, que le drame va se jouer. Toute une idéologie raciste et totalitaire se met en place pendant plusieurs décennies pour définir, traquer, puis exterminer cet ennemi intérieur dont il faut se débarrasser : la minorité tutsie.
L’intérêt de la démarche de Luc de Heusch est évident : proposer une vision à la loupe des racines historiques du génocide rwandais et apporter une contribution à cet immense travail de la mémoire, essentiel pour l’avenir et la reconstruction du Rwanda.
Voir par ailleurs l’article "Pourquoi nous sommes tous concernés ?" sur le site de Mille Bâbords.