Une tribune pour les luttes

jeudi 13 novembre 2008

MARTIGUES

20 h 30

20 h 30 au cinéma Jean Renoir, allée Jean Renoir, Saint Roch, 13500

Ciné-débat en présence de Anna Zisman

“A Coté” de Stéphane Mercurio et Anna Zisman

Cinéma Jean Renoir

S’il est un sujet brûlant d’actualité aujourd’hui, c’est bien celui de l’incarcération. Le documentaire de Stéphane Mercurio À CÔTÉ traite de ce sujet difficile et douloureux d’une façon inattendue ; l’incarcération "du côté" des familles qui viennent rendre visite aux détenus. On ne verra rien ni de la prison -si ce n’est quelques plans de l’extérieur- ni des conditions de vie des détenus

Lire la suite : http://www.millebabords.org/spip.ph...

Pour autant, le film nous rend compte avec force et émotion de la vie en prison. Ce sont les épouses, les mères, les pères, les enfants des détenus qui vont "A COTE" des détenus, de l’autre COTE du mur nous transmettre au travers de leur vie la réalité de la détention : la prison pour l’écroué, et une autre forme de détention en quelque sorte, le vécu de parents d’ incarcéré. La vie de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes qui vivent au rythme des visites à la prison, qui vivent "avec" l’absent.

Elles (et ils ; pour l’essentiel des femmes) se retrouvent le temps d’un café ou plus, attendant l’entrée (... ou pas) au parloir. Elles nous disent leurs espoirs, leurs angoisses ; elles nous montrent leur courage, jusqu’à l’abnégation parfois ; elles nous montrent leur amour, leur attachement à celui qui est de l’autre côté du mur. Comme dit l’une d’entre elles ; "nous sommes là parce que quelqu’un que l’on aime a fait une bétise et a été puni pour cela ; nous, nous n’avons rien fait ; mais nous sommes punies d’aimer cette personne" ; de fait ces femmes en s’exprimant sur les conditions d’incarcération, les incohérences et injustices des procédures judiciaires et pénitentiaires parfois illogiques, en contradiction avec toute évaluation humaine, nous parlent des conséquences de l’incarcération sur leur propre vie, une vie où elles-mêmes ne sont plus tout-à-fait libres, une vie où, pourtant libres, elles sont aussi incarcérées parce-qu’ impliquées complètement par l’incarcération de l’être aimé ; toute leur vie s’organisant en fonction des jours et des week-ends de parloir, au rythme des rendez-vous avec les avocats ou les juges, de l’attente d’un jugement, de l’attente d’informations qu’on veut bien ou pas leur donner.

La qualité et la force du film résident dans l’originalité de la mise en oeuvre du sujet - l’incarcération vécue de l’extérieur- et un parti pris dans le filmage renforçant l’impact émotionnel ; le choix d’un espace clos et de prises de vues en cadres serrés, en laissant en même temps tout l’espace (de parole et d’expression aux parents de détenus : la présence de la réalisatrice est quasiment imperceptible ; les quelques questions posées sont exprimées de façon très discrète, en retrait par rapport à la parole des protagonistes) vient renforcer le propos des parents de détenus. L’ensemble du dispositif place le spectateur physiquement et émotionnellement au plus près du vécu des familles et de la situation du détenu, en l’enfermant en quelque sorte, en l’incarcérant virtuellement.

Les plans extérieurs nous rappellent que la vie continue dehors, avec notamment de superbes plans quasi photographiques, comme un temps suspendu celui de l’attente avant le prochain parloir, avant la sortie, celui d’un temps de vie arrêtée pour le détenu et sa famille.

Un très beau documentaire sur un sujet difficile non seulement traité avec une profonde humanité mais réussissant à nous faire entrer en empathie avec tous ces êtres qui nous font part, avec beaucoup de dignité, de leurs souffrances, de leurs espoirs ; des êtres qui forcent le respect par leur capacité de résistance et la distance prise avec leur propre situation et leur propre souffrance, pour analyser la situation et la souffrance de l’être aimé le temps de sa détention et à sa sortie ; une grande leçon d’amour.

Un film éloquent, dans sa façon d’élargir le champ d’une analyse plus générale du système de détention et de la justice, en considérant non seulement le détenu mais également les familles, laissant ainsi entrevoir le (sur)coût psychologique et social, non pas de la détention elle-même, mais du fait des aberrations quant aux procédures et organisation de celle-ci.

Malika LACOSTE

http://dossiersrenoir.blogspot.com/...

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Agenda de la semaine

vendredi 26 avril 2024

samedi 27 avril 2024

dimanche 28 avril 2024

lundi 29 avril 2024

mardi 30 avril 2024

mercredi 1er mai 2024

jeudi 2 mai 2024

samedi 4 mai 2024

vendredi 10 mai 2024

vendredi 24 mai 2024