Une tribune pour les luttes

Sauvons l’Université ! — Newsletter n° 14

Le gouvernement met en place la paupérisation des universités et la mise en concurrence généralisée des individus, des disciplines et des institutions : réagissons ensemble !

Article mis en ligne le jeudi 1er janvier 2009

Face à la cascade de réformes visant à enfermer les universitaires dans des logiques individuelles et locales, l’évolution du combat contre la réforme de la formation des enseignants tout comme le lancement de celui contre la réforme des statuts et le plan carrière dévoilé par le ministère montrent la voie à suivre. Il faut coordonner nos efforts à tous les niveaux (au sein des universités et entre universités) et refuser ensemble ce que le Ministère veut nous imposer à tous dans la précipitation. Déjà, l’avalanche des motions, le mouvement de refus de faire remonter les maquettes de nouveaux masters, le lancement de grèves administratives, les projets de blocage du début du second semestre manifestent que, selon le vœu du site de SLU, les universités passent de plus en plus « de la motion à l’action ». Le 18 décembre - avec SLR, SUD et le SNESUP - nous sommes allés le rappeler à la CPU qui, après quelques tergiversations, a finalement reçu à deux reprises une délégation d’abord pour entendre nos questions puis pour y répondre après leur débat interne et l’élection de leur bureau (le compte rendu est lisible sur le site de SLU). Le 8 janvier, nous serons donc dans la rue avec les lycéens pour dire le lien entre les réformes du lycée et celle de l’université et la solidarité nécessaire entre nos combats respectifs.

L’Appel du 8 novembre a recueilli plus de 17000 signatures ; il a été remis aux ministères concernés et envoyé à l’ensemble des députés et des académiciens. Seul le ministère de l’Education Nationale a répondu et la lecture de sa réponse vaut la peine ! Aujourd’hui nous connaissons le contenu des concours et de la fameuse épreuve d’oral et les critères d’évaluation de l’AERES sont on ne peut plus clairs. Contrairement à ce que l’on pouvait craindre il y a encore deux mois, nous pouvons remporter une première victoire sur la réforme des concours, comme l’indique le signal envoyé sur ce point par la CPU. Il faut tenir bon sur le refus de faire remonter la moindre maquette de nouveau master d’enseignement. Nous devons obtenir le retrait du projet de réforme et l’ouverture de négociations. Pour cela, il faut aussi informer les principaux concernés : collègues, étudiants, parents d’élèves, enseignants du primaire et du secondaire. A cet effet, SLU a préparé un court film d’explication (déjà plus de 34 000 visiteurs), libre de droits.

Au moment où diverses universités tentent de coordonner leurs actions contre la mastérisation, par discipline ou par région, nous nous proposons donc d’organiser une réunion nationale le samedi 17 janvier à partir de 10 h à l’université Paris 7 (site des Olympiades), avec les signataires de l’appel pour débattre des suites à donner au mouvement et coordonner nos actions communes dans la dernière ligne droite qui conduit au 15 février. Venez nombreux ou faites représenter votre université lors de cette rencontre.

Les dotations budgétaires, en baisse réelle dans la plupart des cas, ont aussi fait l’effet d’un électrochoc sur les conseils centraux des universités : les plus hésitants commencent à comprendre qu’ils ont accepté un jeu de dupes et ceux qui l’avaient compris se mobilisent avec les communautés universitaires. Les protestations contre ces dotations sont nombreuses, y compris de la part des présidents d’université mais il ne faut pas tomber dans le piège de ne parler que du budget. La réforme engagée avec la loi LRU est globale et le projet de décret sur les statuts des enseignants-chercheurs en est une sorte de couronnement.

Le projet de réforme des statuts des EC est clairement construit autour de l’introduction d’une modulation de services des enseignants qui risque fort de n’avoir d’autre but que de compenser la disette budgétaire, les départs en retraite non remplacés et les suppressions de postes. Le projet de réforme du statut a fait l’objet d’une pétition qui a recueilli 11 000 signatures, tandis que dans toutes les universités, les conseils centraux, les départements et les UFR, les Assemblées générales de personnel, votent des motions demandant son retrait. Vous pouvez aussi consulter les analyses qui en ont été faites.

  Bonne fin d’année 2008 et pour les résolutions de 2009 : à bientôt dans l’action tous ensemble.
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Vos commentaires

  • Le 3 janvier 2009 à 15:20, par Indépendance des Chercheurs En réponse à : Sauvons l’Université ! — Newsletter n° 14

    Entièrement d’accord avec SLU pour appeler à la jonction des mouvements de l’université et des lycées. Nous pensons qu’il convient d’ajouter également l’ensemble de la recherche et de l’éducation.

    Mais, de notre point de vue, il faudrait de toute urgence un tract citoyen adressé à l’ensemble de la population.

    Dans un article du 2 janvier sur notre blog La Science au XXI Siècle, où nous avons repris entre autres ce communiqué de SLU, nous écrivons notamment :

    " ... comment garantir, dans un tel contexte, l’indépendance d’un travail de recherche dont les résultats pourraient mettre en cause des intérêts d’entités influentes ? Par exemple, sur la crise, sur l’environnement, sur des substances présentes dans des produits industriels, sur le climat, sur les effets des guerres, sur l’histoire des puissances hégémoniques.. Comment assurer un enseignement objectif et indépendant dans ces domaines ?

    (...)

    Les attaques contre l’Education nationale et la « réforme Pécresse » qui vise la recherche et l’enseignement supérieur sont intimement liées. A commencer par leurs conséquences sur le plan citoyen.

    Une population privée d’instruction est moins à même de se défendre contre la tromperie politicienne. En même temps, la libre diffusion des résultats de la recherche scientifique auprès des citoyens est indispensable à cette instruction et à l’exercice des droits civiques. A fortiori, le libre choix par les chercheurs de leurs programmes de recherche sans ingérence d’intérêts privés ni de lobbies politiques véhiculant ces intérêts.

    Serions-nous de retour à une politique autoritaire de despotisme soi-disant « éclairé », imposé par une « élite » autoproclamée, comme affiché par Voltaire et des contemporains il y a deux siècles et demi ? "

    (fin de l’extrait)

    Salutations

    Le Collectif Indépendance des Chercheurs

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