Cela ne passait pas par des revendications mais par des assemblées et des discussions collectives et, par exemple, par des actions pour empêcher des expulsions de logement (dues à l’impossibilité de payer un crédit à la banque face à la crise économique).
Si un tel slogan semble trop abstrait ou général, et paraît effacer trop vite les différences de pouvoir et de richesse au sein des 99%, il reste l’occasion d’une recomposition, et d’une reprise locale dans presque toutes les villes américaines (et, à l’échelle des États-Unis, un tel référent national n’était pas apparu depuis très longtemps). Sur Internet, des dizaines de milliers d’Américains racontent en un court texte leur situation d’endettement et de galère face à la crise sous ce même slogan des 99%. La dette auparavant cachée s’exprime ici d’une façon à la fois personnelle et collective, puisque prise dans une histoire commune, et devant une large audience. Ce sont surtout tous les couacs et les conflits dans l’Amérique qui se prétend riche et puissante qui apparaissent publiquement, le drapeau du rêve américain qui paraît bien plus sale et troué qu’il ne le dit.
De plus, le mouvement Occupy reprend certaines pratiques et dates du mouvement ouvrier. Le 1er mai dernier (date qui n’était plus fêtée aux états-Unis depuis longtemps), le mot d’ordre était à la grève générale, à une journée sans les 99%. Faire une telle grève n’a rien d’évident puisque, dans beaucoup d’espaces de travail (restauration, vente, livraison, manutention, etc.), les possibilités de grève sont difficiles et limitées. Réduite par les contrats de travail précaires et l’absence de syndicats ou, s’ils sont présents, par leur absence de conflictualité, la grève générale est comme une question reposée par le mouvement Occupy dans tous les États-Unis, quelque chose d’impossible immédiatement qu’il faut imaginer et dont il faut construire les moyens.
Dans le même mois de mai, de nombreuses manifestations ont eu lieu en soutien à la grève étudiante au Québec, les étudiant-e-s se battant là-bas aussi contre l’endettement généralisé et les contraintes qui en découlent. Depuis, beaucoup d’axes de réflexion prennent plus directement la dette pour objet, et plusieurs collectifs pour l’abolition de la dette se sont créés à New York et ailleurs. Ils cherchent à construire des refus collectifs de la dette, et par là à lutter contre les contraintes et dépendances imposées par le capitalisme. Les batailles contre le capitalisme prennent à partir des lieux et des contraintes où il impose sa domination, par les dépendances et la course à l’argent nécessaire pour survivre. Le poids de l’endettement est aujourd’hui l’un des points les plus tendus et, à partir de là, de nombreuses luttes et forces collectives qui participent à construire des politiques de lutte des classes contre la bourgeoisie et ses armes peuvent ou doivent apparaître et s’imaginer.
Adrien
Sommaire du numéro
en bref ici 4-5
Analyses
L’occupation du « 260 »
La tentation de l’humour sexiste
L’écologisme radical des « villes en transition »
Histoire
Examen critique des idées de révolution et de progrès
En lutte
Le comité des sans-papiers du Nord
DOSSIER : Prolétariat, affaire classée ?
La formation du prolétariat entre mythe et histoire
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Horizons
Construction de pratiques d’autogouvernement en Colombie
en bref ailleurs 41
Entretien
Oublier Fukushima
Alternatives
Pesci Piccoli
Contre-culture
Livres – Musique – Arts vivants – Cinéma
À Marseille, en plus de la diffusion en kiosques, Offensive est disponible :
Librairie Odeur du temps
Librairie Maupetit
Seul Problème
Elle est consultable :
Bibliothèque de Mille Babords
Seul Problème
Médiathèque de l’Alcazar