De l’instrumentalisation soutenable
Panagiotis Grigoriou. Historien et Ethnologue
samedi 21 septembre 2013
Avec les documents et illustrations
http://www.greekcrisis.fr/2013/09/Fr0278.html
Certains événements lorsqu’ils se précipitent trop, ils relèvent alors souvent d’une dimension beaucoup plus profonde, et cependant accompagnatrice discrète des évidences. Pavlos Fyssas tout jute enterré, son meurtrier quant à lui, a agit avec le professionnalisme des tueurs engagés. On le sait d’après les témoignages directs. On a aussi entendu ce cri déchirant, des parents de Pavlos qui n’ont pas hésité à remettre même certains “grands journalistes” à leur véritable place.
“Laissez-nous enfin parler et cessez de refaire l’image de notre fils à votre manière, c’est à dire comme cela vous arrange. Il suffit que d’écouter ses chansons pour comprendre. Tout y est, sa dignité, son intégrité, ses luttes. Il faut toutefois ajouter cette dernière chose : des témoins nous ont rapporté que les policiers présents n’ont pas voulu intervenir à temps, bien qu’en nombre suffisant. Ils étaient une douzaine environ. Là également, il faut enquêter... puis... l’assassin doit être condamné à la peine de mort” (reportage sur Real-FM, 20 septembre).
Pourtant la peine capitale a été abolie et ceci, depuis bien longtemps en Grèce... du moins officiellement. Sauf que dans la rue c’est parfois autre chose... et qu’une certaine “gestion politique” dans notre pays, ferait basculer le “sens trop commun” une fois, de plus vers la logique et en même temps éthique... des syndicats du crime. C’est vrai pour ce qui relève des “grandes affaires” de l’économisme triomphant, c’est également tout à fait exact, quant à “l’instrumentalisation soutenable” de l’Aube dorée, cette dernière, co-initiée par le pouvoir actuel et même bien au-delà. Mais ce n’est pas encore “acquis” de manière large, les Grecs sont en ce moment plutôt tétanisés.
Seulement, le temps des simplismes a bien pris pleine la figure ces derniers jours. On serait enfin en mesure, on le devrait en en tout cas, que de se poser cette question patente et dès lors tragique : voilà un tueur engagé, prévenu pour ainsi agir de la sorte, et qui ne fuit pas après le crime, ne porte même pas une sorte de... cagoule et se laisse tranquillement arrêter par les hommes de la police présents sur les lieux. “Étrange” ! Et comme le temps des simplismes n’a plus lieu d’être, les Grecs devraient sortir de leur mutisme. Des arguments du genre, “je ne sais pas”, “je n’ai rien vu venir” à propos de l’Aube dorée n’ont plus lieu d’être. Ensuite, du côté... des accompagnatrices discrètes des évidences, certaines coïncidences en termes de calendrier sont... fort remarquables.
Déjà, cet assassinat politique a relégué au second plan, la semaine supposée de mobilisation générale. Les enseignants en grève depuis cinq jours s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école. Leur mouvement s’estompe et la participation à la grève est sur le point de s’effriter : “car tout le monde comprend qu’ils ne peuvent pas la poursuivre, tant leur situation financière est catastrophique, et rien que parce qu’ils ont perdu la moitié pratiquement de leurs revenus depuis le début du mémorandum”, reportage sur radio Real-FM, le 20 septembre.
Cette même journée du vendredi 20 septembre, des unités de la police ont encerclé les locaux de la radiotélévision publique ERT-3 à Thessalonique, structure autogérée depuis le 11 juin et la... suppression automatique de l’ensemble de l’ERT par le “gouvernement”. Cette même journée de vendredi, d’autres unités de la police ont fait dissoudre très violemment, la manifestation des ouvriers de LARKO, près de la localité de Martino au nord d’Athènes. Sans parler des nombreuses arrestations et la violence policière lors des manifestations antifascistes, très nombreuses, à Athènes et ailleurs. Bien entendu, le calendrier troïkan quant à lui s’accélère, on annonce donc dans la foulée, la suppression d’un millier de postes environ à l’Université d’Athènes et davantage ailleurs.
Jeudi 19 septembre a été annoncée, la décision de “reformer” la totalité de l’allocation attribuée aux handicapés. Dorénavant, ils percevront une aide unique et généralisée et qui n’excédera pas les cinq-cents euros mensuels. D’où le dénigrement systématique du mouvement des handicapés, la, propagande du régime en a abusé sur les quelques cas, certes réels de fraude pour ainsi démolir tout le système. On apprendra en fin de journal radiophonique que les personnes sans couverture sociale Sante en Grèce, dépasseraient désormais les trois millions, Real-FM, le 20 septembre. Drôle d’atmosphère alors. Sauf que tous les regards sont tournés vers l’Aube dorée et ses crimes.
On comprendra surtout par la même occasion que cette étape franchie dans la gravité de la gravitation fasciste, profite manifestement et de manière si flagrante aux maîtres mémorandaires. La troïka des gradés est attendue à Athènes la semaine prochaine, Antonis Samaras sait que certaines nouvelles mesures seront confirmées et que “son” peuple n’arrivera plus à les supporter. Déjà que les recettes de la TVA s’effondrent et on le souligne déjà du côté de Bruxelles ou du FMI. Il l’aurait d’ailleurs formulé du bout des lèvres lors de son récent déplacement à Bruxelles pour que ses interlocuteurs et plasticiens centraux... au plastiquage des sociétés et des ex-démocraties en Europe, l’entendent enfin. Mais plus personne n’a l’air de faire confiance à ce pauvre Samaras. Au même moment, tous les violons médiatiques des medias internationaux s’accordent pour de bon et pour cause : “La Grèce est un bien vilain pays, un véritable naufrage mérité, regardez ces Aubedoriens nazillons, c’est une insulte à la civilisation et à la démocratie”.
(...)
Jeudi 19 septembre 2013
http://www.greekcrisis.fr/2013/09/Fr0277.html
Pavlos a été inhumé ce midi. Devant les kiosques d’Athènes jeudi matin, il y a plus de monde que d’habitude. On regarde et on lit les titres des journaux. Personne n’ose s’exprimer. “Vous représentez 15% en termes d’influence et vous commettez un meurtre. J’ai honte d’être Grecque, j’ai honte d’élever mes enfants dans un pays d’assassins. Vous provoquez en moi de la honte et du dégout. Honte aux policiers de l’unité DIAS, ils ont préféré observer pour n’intervenir qu’après le meurtre. Bon voyage mon ami, que la terre te soit légère et que la chanson des ‘Premiers morts’ t’accompagne”, message laissé par une mère à l’endroit où Pavlos Fyssas est tombé mercredi soir, grièvement blessé par le couteau de l’aubedorien Yorgos Roupakias.
Aube Dorée n’en est pas à son premier coup de couteau. Mais pour la première fois, ce n’est pas un migrant mais un jeune grec antifasciste qui périt sous les coups du parti néonazi.
Rassemblements jeudi 19 septembre pour Pavlos « Killah P », assassiné en Grèce par les néonazis d’Aube dorée
à Marseille à 18h au 38 Rue Grignan 13001 (devant le Consulat Général de Grèce).
Collectif nosostros
À Paris à l’appel de l’initiative des étudiants et travailleurs grecs à Paris, 19h, place Saint-Michel
Rassemblement commémoratif suite à l’assassinat de Pavlos Fyssas (aka Killah P) assassiné peu après minuit ce mercredi 18 septembre par les néonazis d’aube doré à Amfiali, un quartier populaire du Pirée en Grèce. Rendez vous aujourd’hui à 18h au 38 Rue Grignan 13001 (devant le Consulat Général de Grèce).
NI OUBLI NI PARDON
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