Photographies : Isabel LOZANO. Gracias compañera !!!
L’ouverture fut magistrale. Spectaculaire. Des centaines de miliciennes prennent placent sur la cancha pour écouter le discours de la comandanta Amada. Dans son dos, une petite fille dort, indifférente aux milliers de regards qui se posent sur sa mère. La commandante nous annonce que nous sommes plus de trois mille femmes du monde, originaires de 49 pays. Un discours de bienvenue pour toutes ces femmes qui luttent dans leur monde selon leurs propres modes d’actions, « Nous pensons que la différence n’est pas une faiblesse. Nous pensons que la différence est une force puissante s’il y a respect et accord pour lutter ensemble sans pour autant s’assimiler ».
Un an après la première rencontre, le constat sur les violences faites aux femmes est toujours aussi accablant. Désespérant. Les meurtres, les disparitions, les viols n’ont pas diminué. Bien au contraire ! Et lorsqu’Amada demande à l’assemblée, comment nous nous sommes organisées dans nos régions du monde, il y a comme un flottement. On se regarde de biais. Bien conscientes que le peu que nous avons fait n’est pas digne d’être raconté là. S’ensuit une liste de supposés progrès sur les droits des femmes, ponctués à chaque fois par un implacable « Pero nos siguen asesinando ». Une phrase glaçante répétée une dizaine de fois. On est comme suspendues à ses lèvres, toutes unies dans la même douleur et la même rage face à ce constat d’impunité qui règne lorsqu’on parle de la situation des femmes. Que se soit ici au Chiapas, au Kurdistan ou à Marseille.
Sans triomphalisme, Amada nous signale que sur le territoire zapatiste, il n’y a ni féminicides ni disparitions de femmes. Preuve que l’organisation peut-être un rempart contre l’ignominie.
Pour les zapatistes, il n’y a aucun doute « Dans ce monde capitaliste et patriarcal, être une femme est la situation la plus dangereuse qui soit ». Il faut donc continuer à se battre pour un droit fondamental, celui d’avoir le droit de vivre ! Elle insiste « Le droit à la vie comme tous les droits, nous devons les conquérir, à chaque instant et dans tous les lieux. Pour les femmes qui combattent, il n’y pas de repos ». Sa conclusion est simple, il faut apprendre à se défendre, à s’organiser ensemble pour protéger celles qui sont les plus vulnérables. Sa voix se fait offensive « Nous devons nous protéger et nous défendre avec tout ce que nous avons. Et si nous n’avons rien, alors ce sera avec des bâtons et des pierres. Et s’il n’y a pas de bâton ou de pierre alors ça sera avec notre corps. Se défendre bec et ongles, arracher chaque espace de liberté avec les dents, il n’y a plus le choix ! ». Un discours tout en force, loin d’une idéologie pacifique. Nous sommes en guerre, déclare fermement Amada. Le temps du silence et de la peur est terminé. Il est temps de s’organiser ensemble. Tenemos que vivir a la defensiva ! Le message est clair. Pas besoin de traduction…
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