Manosque, le 29 novembre 2009

Toutes Aures dé-sanctuarisé ou l’Homme des Cavernes vaincra-t-il ? (suite)

Nous apprenons, non sans surprise, par La Provence du samedi 28 novembre que les travaux prévus à Toutes Aures échappent totalement à la maîtrise de la Mairie de Manosque. Qui eût cru que l’Office du Tourisme, les Amis de St Brancaï et la Société du Canal de Provence aient pu obtenir l’entremise de la Mairie, juste pour l’achat de terrains sans que celle-ci ait un droit de regard sur le devenir du paysage. Citons l’adjoint au maire, Jacques Brès : « la mairie n’y est pour rien, mis à part le souci de retrouver l’aspect paysager du site, propriété de l’Office du Tourisme à la fin des travaux. » Louons l’effort d’avoir le souci de retrouver l’aspect paysager, mais nous sommes loin d’un engagement de quelque nature que ce soit. Quant à l’affirmation que la Mairie n’y soit pour rien, elle est aussi faussement ingénue qu’embarrassante, car se cache derrière la vilaine question de savoir à qui appartient l’Office du Tourisme.

Il reste que depuis quatre ans tout est mis en œuvre pour que bientôt, la colline jusqu’alors un peu sauvage, ressemble à un Espace urbanisé avec peut-être, qui sait, un parking payant pourquoi pas ?
La population ici, pas plus qu’à Chanteprunier, pas plus que pour le futur projet d’urbanisation de la plaine de Ste Tulle n’a eu son mot à dire.

Nous avons quand même la joie de lire dans cet article de La Provence, que les travaux qui débuteront en janvier, sauf recours, et qui dureraient jusqu’en juin, seront interrompus pour le lundi de Pâques. Peut être occasion pour organiser un joyeux pique-nique non pas dans l’herbe comme jusqu’alors, mais sur « une aire multi-usages » « ou pourront stationner les voitures ».
Chers amis de St Brancaï, cela s’appelle un parking, et quand on aura aplani et bétonné « avant la chapelle », on pourra toujours chercher de la place pour replanter les oliviers « déplacés », on n’en trouvera pas. Gageons que les futurs pique-niques aurons un sacré arrière-goût de baiser de Judas.

N’est-il pas grand temps de s’adresser aux citoyens de Manosque pour ouvrir un grand débat sur le devenir de la ville, afin d’être enfin en adéquation avec la volonté des habitants et les exigences réelles du 21ème siècle ?

Manosque, le 29 novembre 2009

Le Sillon 04

PS : La communauté de communes Luberon-Durance-Verdon qui a organisé la projection du film « Home », invite aussi la population locale à s’exprimer sur un ensemble d’actions environnementales à travers l’opération « Agenda 21 ».
On ne peut que se réjouir, s’associer à une telle démarche et souhaiter qu’elle n’entre pas en contradiction avec celle affichée à Toutes Aures, à grand renfort de machines à « déstructurer », pour reprendre l’expression employée par Gérard Auric, maire de Valensole, vice-président de la CCLDV et chargé de l’Agenda 21 (La Provence du 27 novembre 2009).

Alors quand, où et comment pourra-t-on prendre connaissance de cet agenda ?...

Manosque, le 22 novembre 2009

A l’heure où les yeux et les esprits sont justement focalisés sur l’étalement de la ville de Manosque dans la zone de Chanteprunier, il se prépare, en catimini, une autre offensive « tout béton » sur un site qui, jusqu’alors, passait pour intouchable. C’est seulement depuis trois jours que s’affiche un permis de construire, en date du 28 octobre 2009, que l’on n’a pas vu venir sur la colline de Toutes Aures. Il annonce la construction d’une réserve d’eau sur une surface avoisinant 900 m2.

La chose parait pressante car aussitôt le permis de construire affiché, des engins de chantiers ont été acheminés sur place, sans ménagement.
On sait que la colline de Toutes Aures, tout comme celle du Mont d’Or, constitue pour les habitants des quartiers environnants tout comme pour tout amoureux de la nature ou visiteurs de la ville de Jean Giono, un havre de paix et un atout inestimable. La Société du Canal de Provence, maître d’œuvre, semble vouloir et pouvoir s’asseoir sur des prérogatives d’ordre environnementale, esthétique, juridique et règlementaire.

On relève en effet sur le papier officiel délivré par la Mairie et accroché de façon très artisanale à une branche d’olivier devant la Chapelle de Toutes Aures :
 « RECOURS ET RETRAIT (…) le permis n’est définitif qu’en l’absence de recours ou de retrait (…) dans le délai de deux mois à compter de son affichage sur le terrain (…) »
 En outre, on apprend inopinément qu’une « étude parasismique particulière par un bureau d’études spécialisé est conseillée » au constructeur dans le cadre d’un Plan de Prévention des Risques Naturels (type B1), et ce, sans qu’aucun document annexe ne soit produit dans ce sens pour information.
On cherche aussi en vain les sommes mises en jeu pour la réalisation de ces « travaux forcés ».
Quant aux propriétaires des terrains concernés, ceux-ci ne se disent même pas expropriés mais seulement mis devant le fait accompli.
On se demande enfin à quoi pourra bien servir le château d’eau de 3 milles m3 construit durant l’été en contrebas du site. Sa contenance aurait-elle été mal calibrée ?...

Le paradoxe est donc le suivant :
Manosque est une ville dont le maire se targue d’une politique écologique de pointe et d’initiatives en matière d’économie d’énergie visant à protéger rien moins que la planète entière. Il n’hésite pourtant pas à pourvoir d’une calotte de béton un des plus beaux sites naturels de sa commune.
L’Homme des Cavernes n’avait pas d’autre choix pour subsister et évoluer que de combattre la nature. En sommes-nous toujours là aujourd’hui ?

Manosque, le 22 novembre 2009

Le Sillon 04