Une tribune pour les luttes

Mastérisation : le prix Kafka a trouvé ses lauréats

Article mis en ligne le mardi 1er décembre 2009

http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article2959

le 30 novembre 2009

« Alors il arrivait souvent qu’avec un escalier prévu pour la montée on réussisse à monter plus bas qu’on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente. »

On connaissait l’arithmétique subtile qui entend porter à Bac+5 une formation des enseignants qui l’est déjà, moyennant une année supplémentaire à la charge financière des étudiants et la suppression de l’année de formation en alternance. On savait aussi qu’elle escompte de la double soustraction de la qualité théorique et pratique des concours de recrutement une augmentation du niveau de qualification. A ce mode de raisonnement inventif, entériné par les décrets parus en juillet, les orientations présentées mi-novembre par le gouvernement (voir ici et ici) se conforment de façon très rigoureuse.

Puisqu’ils ont d’autres débouchés que l’enseignement, les masters devront ne pas préparer aux concours de recrutement auxquels ils sont supposés former tout en professionnalisant sans professionnaliser. Les stages (loué soit le recteur d’académie discrétionnaire en la matière) seront tout à la fois non obligatoires et « un atout certain pour les épreuves orales d’admission ». Le calendrier n’est pas moins imaginatif quant aux possibilités cérébrales des candidats : après les épreuves écrites d’admissibilité en début de master 2 (5e année), ils se consacreront à préparer les épreuves d’admission placées plusieurs mois plus tard, en même temps qu’ils effectueront 108 heures de stage en pleine responsabilité de classe, et rédigeront un mémoire à haute valeur scientifique. De crainte qu’ils ne s’ennuient, ils sont même invités à passer plusieurs concours différents (le calendrier est expressément prévu à cette fin). De crainte qu’ils n’en sachent trop, les épreuves de connaissance de la matière des futurs professeurs du second degré seront réduites à deux et ne figureront pas à l’oral.
Ces orientations ont fait l’objet d’un vote négatif du Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER), ainsi que d’un refus catégorique de la Conférence des Directeurs d’IUFM et de la Conférence des Présidents d’Université (voir ici).

Les ministères concernés n’en prévoient pas moins la définition début décembre des grands principes qui présideront à l’élaboration des maquettes de masters, et la publication début 2010 des arrêtés régissant les épreuves des concours.

Ils démontrent ainsi une fois encore le sens qu’ils prêtent à l’expression « autonomie des universités », et plus largement l’importance qu’ils accordent à la transmission de la connaissance. A nous de démontrer notre conception de l’une et de l’autre en refusant de collaborer à l’absurde et en particulier d’élaborer les maquettes des futurs masters (voir ici l’appel de SLU).

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