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19 janvier 2010
Depuis hier Areva et EDF échangent des noms d’oiseaux par voie de presse. Pour Greenpeace c’est une nouvelle preuve de l’échec du model énergétique français et de son incapacité à gérer le problème des déchets nucléaires.
EDF reproche à son principal partenaire de ne plus alimenter ses centrales et à l’inverse Areva dément et annonce que ce sont les déchets d’EDF qui n’arrivent plus à l’usine de la Hague pour être retraités.
« Ce crêpage de chignons entre les deux géants du nucléaire met en lumière l’inextricable problème du retraitement des déchets, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire de Greenpeace France. Vis-à-vis des déchets, EDF pourrait faire le choix de l’immense majorité des électriciens du monde, c’est-à-dire le stockage du combustible irradié dans leurs centrales en l’état, qui est la moins mauvaise des solutions. Il suffit simplement de le conditionner sans le retraiter. EDF y gagnerait économiquement et en matière de gestion écologique du problème. »
Un modèle français aberrant
La France avec Areva est la seule à avoir choisi l’option exclusive du retraitement des déchets nucléaires. C’est un procédé très couteux, très polluant pour l’environnement et créant des risques importants d’augmentation de la prolifération des matériaux fissiles dans le monde.
La majorité des autres pays stockent leurs déchets en l’état.
« Cela démontre que ce choix industriel n’est pas un choix dicté par des raisons concrètes et défendables mais bien par une volonté de l’Etat qui veut soutenir les prétendus « fleurons » de l’industrie française. » rappelle Yannick Rousselet.
Areva, un discours mensonger
Areva se justifie par le fait qu’en France le principe de retraitement est imposé par la loi. Cette affirmation est fausse, la loi française impose aux producteurs d’énergie nucléaire de réduire le volume des déchets nucléaires. Cela peut être fait par le retraitement ou par le conditionnement.
« Dès qu’il est question des déchets, encore plus que sur le reste, l’industrie nucléaire ne dit pas la vérité, déclare Yannick Rousselet. La preuve : alors que la France interdit l’exportation de déchets nucléaires, Areva et EDF expédient vers la Russie d’énormes quantités de déchets par voies maritimes depuis 1972. »
Bien que ce scandale ait choqué la France entière, le ministre, Jean-Louis Boorlo, fait la sourde oreille et Areva et EDF continuent leur sale business en toute impunité.
Depuis octobre 2009, nous demandons au ministre un moratoire sur ces exportations.
Agissez avec nous en écrivant à Jean-Louis Boorlo pour lui demander un moratoire immédiat
http://write-a-letter.greenpeace.org/764
Aller sur le site de Greenpeace à cette adresse pour envoyer la lettre électronique :
Monsieur le ministre d’État,
Vous n’êtes pas sans savoir qu’Areva poursuit ses exportations de matières nucléaires depuis le port du Havre à destination de la Russie. Non seulement la nature des matières qu’Areva s’apprête à envoyer en Russie reste très confuse, mais la question du devenir de ces matières qui défraie la chronique depuis une dizaine de jours n’a toujours pas été élucidée.
Conscient de ce grave manque de transparence, vous avez-vous-même saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire qui s’est réuni le 19 octobre et a demandé aux industriels du nucléaire l’inventaire global des matières et déchets produits dans le cycle du combustible et va organiser des auditions et une enquête.
Voilà pourquoi je vous demande aujourd’hui d’appliquer le principe de précaution et de décréter un moratoire immédiat et total sur les exportations de matières nucléaires le temps que toute la lumière soit faite et qu’aboutissent les enquêtes en cours.
Ce trafic de matières nucléaires dure depuis plus de trente ans, ces déchets vont et viennent dans l’opacité la plus totale. Le Haut comité sur la transparence a raison d’exiger la publication par les exploitants des inventaires et flux des matières et déchets nucléaires. En tant que responsable politique vous avez un droit, voire une obligation d’inventaire face à des industriels qui ont trop longtemps agi dans l’absence totale de contrôle démocratique.
En vous remerciant des suites que vous donnerez à cette demande urgente, je vous prie d’agréer, monsieur le ministre d’État, l’expression de ma très haute considération.