Une tribune pour les luttes


Libye : La population refuse une intervention militaire étrangère


Article mis en ligne le mardi 1er mars 2011

A Benghazy

NO
FOREIGN INTERVENTION
Libyan People
Can Manage it
ALONE


http://www.youtube.com/watch?v=Hy-UOGm9blg&feature=player_embedded


http://www.letempsdz.com/content/view/54088/1/


Le temps d’Algérie

01-03-2011


Une intervention militaire étrangère en Libye est-elle souhaitable ?

Dans le cas de la Libye, le président Barack Obama serait très avisé de tirer les leçons des expériences désastreuses des interventions militaires à l’étranger, ordonnées par son prédécesseur à la Maison-Blanche, George Bush, depuis le début de la décennie écoulée. Que ces interventions aient été décidées dans un cadre unilatéral, comme le fut l’invasion de l’Irak, ou sous l’égide des Nations unies, comme en Afghanistan.

Dans les deux cas, les Etats-Unis se sont engouffrés dans une impasse – disons plutôt un véritable bourbier vietnamien – dont ils n’arrivent plus à s’en sortir. Qu’en est-il, en plus, de la situation des peuples qui souffrent des conséquences de ces deux guerres injustes, les seuls à payer le prix fort d’une certaine folie qui s’était emparée de l’ancien président des Etats-Unis, George Bush, depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 !

Les Américains ne veulent pas mener en Libye une guerre préventive comme dans ces deux pays. Mais une action humanitaire, autrement plus noble, si. Pourtant, dans les deux cas, les risques d’une dérive sont certains. Déjà, le scénario irakien est en train de se mettre en place. Le président de la première puissance a demandé et obtenu du Conseil de sécurité des sanctions internationales contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Obama a déjà mis en état d’alerte des navires de guerre de la VIe flotte de l’US Army qui sont, pour le moment, en rade au large de Benghazi. Il n’attend plus, aujourd’hui, que le feu vert des Nations unies pour la création d’une zone d’exclusion aérienne afin d’engager une opération militaire terrestre dans la région de Benghazi.

Quels sont les risques, calculés ou non, d’une telle initiative qui semble plus que probable jour après jour ? Ces risques pèseront dans tous les cas sur la stabilité politique et la sécurité, non seulement de la Libye, mais de tout le Maghreb. C’est pourquoi, le peuple libyen ne souhaite pas, il l’a dit haut et fort, une intervention militaire étrangère sur son territoire.

D’abord parce que les opposants et vraisemblablement aussi tous les Libyens qui veulent se débarrasser d’une dictature qui les a étouffés pendant plus de 40 ans, comme les pro-Kadhafi, rejettent toute idée d’intervention étrangère. C’est peut-être le seul principe majeur de la philosophie de Kadhafi que les deux camps partagent encore.

Ensuite, les pays de la région, l’Algérie en tête, mais également la Tunisie et l’Egypte, même si ces deux pays se trouvent dans une phase de mise en place de nouvelles institutions politiques, ne l’accepteraient pas davantage. Au-delà de ce principe, qui pourrait garantir, en effet, que les troupes américaines, une fois bien installées, quitteraient cette région d’où les Etats-Unis ont toujours rêvé de déloger les Européens ?

Aucun observateur avisé ne mise sur un retour à la stabilité dans ce pays, une fois le régime du dictateur vaincu, où logiquement les forces américaines n’auraient plus rien à y faire. Encore faut-il être sûr que le président libyen va s’en aller au plus vite, comme le réclame Mme Clinton. Ce qui, à ce jour, ne paraît pas assez évident. La Libye est un pays qui produit 1,7 million de barils de pétrole par jour et les Etats-Unis ont un projet de « Grand Moyen-Orient » qu’ils comptent bien mettre en place pour garantir leurs sources d’approvisionnements énergétiques.

Les pays européens devinent, sans doute, les intentions de Washington. Lassés par les guerres d’Afghanistan et d’Irak, où leurs soldats meurent pour une cause qui n’est pas la leur, ils ne sont pas disposés à marcher avec les Américains dans une nouvelle aventure qui se déroulerait, cette fois, à leurs portes.

Ils sont, certes, disposés à aller avec eux dans une procédure judiciaire qui conduirait le dictateur libyen et ses plus proches partisans, devant le Tribunal pénal international et à geler tous ses fonds. Mais pas question d’une intervention militaire qui serait à leurs yeux l’erreur à ne pas commettre.

Une intervention étrangère aggraverait, en effet, le risque déjà trop grand d’une pression migratoire africaine et arabe sur sa frontière du sud-est et, plus grave danger encore, le risque d’offrir un alibi à Al Qaïda au Maghreb islamique, déjà assez bien implantée dans le Sahel, pour porter le « djihad » à quelques dizaines de kilomètres des îlots italiens. Aqmi aura alors trouvé son plus solide argument pour légitimer son action contre l’« occupation étrangère » auprès des populations de la région.

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