Avec les liens :
http://rebellyon.info/Le-24-septembre-journee-de-deuil.html
Le 24 septembre 1853, un colon Français pose le pied à Balade, un village sur une île du Pacifique Sud, la Kanaky. Il prend possession de l’île au nom de la France. Cette date symbolise aujourd’hui le jour de la prise de possession et le début du colonialisme en Kanaky.
Depuis 1853, les kanak ont été relégués géographiquement, économiquement et politiquement dans leur propre pays. Ils ont été dépossédés de leurs terres, ce qui revient pour eux à la perte de leur identité. Ils ont vu aussi leurs moyens de subsistance s’amoindrir et leurs sites sacrés confisqués.
De 1888 à 1946, ils furent confinés dans des réserves et régis par le Code de l’indigénat qui les maintenait en dehors du droit commun.
Les Kanak ont toujours manifesté leur opposition à cette colonisation, mais les incessants soulèvements furent tous réprimés brutalement par l’administration française.
Parmi les plus mémorables résistances, il y a le soulèvement de 1878 conduits par Ataï et d’autres chefs kanak visant la prise de la capitale, Nouméa, à la date anniversaire du 24 septembre.
Le 24 septembre est devenu une date anniversaire, symbolisant la prise de possession du pays par la France, marquant le début de la colonisation. C’est une journée de deuil pour le peuple kanak.
A de nombreuses reprises, la date anniversaire a été symboliquement reprise :
Pierre Declercq, leader indépendantiste de l’UC [1], assassiné par les milices loyalistes [2], est symboliquement enterré le 24 septembre 1981 (son assassin court toujours).
Le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste est fondé symboliquement le 24 septembre 1984.
Radio Djiido Kanaky, la radio indépendantiste est elle aussi créée un 24 septembre.
Kanaky indépendante !
P.-S.
Actualités sociales (de la Kanaky) et rendez vous de soutien : Solidarité kanaky
Un peu plus d’infos sur l’histoire de la colonisation de la Kanaky sur Le Bulletin Solidarité Pacifique
Notes
[1] Union Calédonienne, parti politique indépendantiste
[2] Les milices loyalistes sont fidèles à la France et opposées à l’indépendance
2003 Nouvelle Calédonie 150 années après annexion
Le 24 septembre de cette année a marqué un événement important pour le peuple kanak : le 150e anniversaire de la prise de possession de leur pays par la France.
Relégués géographiquement, économiquement et politiquement dans leur propre pays, les Kanak furent dépossédés de leurs terres, ce qui revenait pour eux à la perte de leur identité, ils virent leurs moyens de subsistance s’amoindrir et leurs sites sacrés confisqués. De 1888 à 1946, ils furent confinés dans des réserves et régis par le Code de l’indigénat qui les maintenait en dehors du droit commun.
Les Kanak ont pourtant toujours manifesté leur opposition à cette colonisation : le reste de leur histoire fut marqué par d’incessants soulèvements qui furent tous réprimés brutalement et impitoyablement par l’administration française. Parmi les plus mémorables et les plus sanglants, citons celui de 1878 conduits par Ataï et celui de Noël en 1917, après l’enrôlement forcé de nombreux Kanak pour la Première guerre mondiale. Dans les années 1980, le pays fut déchiré par un conflit entre la population kanak autochtone, l’État français et la communauté caldoche. C’est ce conflit qui a forcé l’État a envisagé à long terme un processus pouvant mener à l’indépendance et qui a débouché en 1988 sur les Accords de Matignon, puis en 1998 sur l’Accord de Nouméa.
L’accord de Nouméa
Le 5 mai 1998, l’Accord de Nouméa fut signé entre les représentants du gouvernement francais, le parti anti-indépendantiste calédonien RPCR et le parti indépendantiste FLNKS. L’Accord organise la vie politique de Kanaky jusqu’au référendum d’autodétermination qui doit avoir lieu dans 10 à 15 ans, prévoyant un transfert progressif et irréversible des pouvoirs de l’État français à Kanaky.
L’Accord de Nouméa reconnaît l’existence de la communauté kanak autochtone, il reconnaît les ombres de la période coloniale ainsi que le fait que la colonisation a laissé un traumatisme durable au sein de la communauté kanak. Il souligne la nécessité de la décolonisation, mais aussi la nécessité du partage du pouvoir entre toutes les communautés présentes pour la construction de leur destin commun. Néanmoins, la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa reste difficile, du fait que le RPCR, proche du Président Chirac, loin de coopérer, tend à boycotter l’esprit de l’accord.
Traditionnellement, le 24 septembre est considéré comme un jour de fête par la communauté caldoche, les descendants des colons français. Depuis quelques années, les Kanak ont fait de ce jour un jour de deuil où ils commémorent la perte de leur souveraineté sur Kanaky. Au début de cette année, un « Comité 150 ans après » s’est constitué pour réfléchir à la manière dont pourrait être commémoré le 150e anniversaire de la prise de possession.
Dans une interview à Radio Australie, Jacques Boengkih, porte-parole du Comité, espérait que ce 150e anniversaire serait l’occasion d’aborder les problèmes auxquels est confrontée Kanaky dans une perspective nouvelle, celle du « destin commun » inscrit dans l’Accord de Nouméa.
Le temps fort de cette commémoration a été la présentation du Mwâ kâ, un totem de 12 mètres de haut. Traditionnellement, le totem symbolise l’esprit de la maison et il a un rôle protecteur. Le Comité 150 ans après avait prévu, à l’origine, de planter le Mwâ kâ sur la Place des Cocotiers, la place principale de Nouméa. La permission ayant été refusée par le maire de Nouméa, il a été érigé provisoirement dans la cour de la Province Sud. Environ 5000 Kanak venus de tout le pays participaient à cette commémoration, ainsi que des membres des diverses communautés de Kanaky. Grands absents tout au long de la journée : la communauté caldoche, malgré une courte visite de Jacques Lafleur, président de la Province Sud.
(Pacific News Bulletin, Édition française, No 8 Septembre – Octobre 2003)
http://www.ecsiep.org/cms/index.php...
Le Mwâ Ka est un totem de 12m de haut. Son nom signifie "maison de l’humanité".C’est le lieu où se tiennent les discussions.
On peut diviser les gravures en huit sections cylindrisques représentant les huit regions de Nouvelle Calédonie, selon la coutume.
Sur une pirogue en béton à deux coques, le Mwâ Ka symbolie se le mât, mais aussi le poteau central de la case. Les arrangements floraux de la place où il se trouve representent des etoiles et des lunes, symbolisant la navigation.
Le Mwâ Ka a été conçu par la communauté kanak pour commemorer le 24 septembre, à savoir l’anniversaire de l’annexion de la Nouvelle Calédonie par les français en 1853.