"Et si surtout la perte de la culture n’était pas achetée au prix de vies humaines ! La moindre d’entre elles, ne serait-ce même qu’une heure arrachée à la plus misérable des existences, vaut bien une bibliothèque brûlée. L’industrie intellectuelle bourgeoise se berce d’ivresse jusque dans l’effondrement lorsqu’elle accorde plus de place dans les journaux à ses pertes specifiques qu’au martyre des anonymes, aux souffrances du monde ouvrier, dont la valeur d’existence se prouve de facon indestructible dans la lutte et l’entraide, à cote d’une industrie qui remplace la solidarité par la sensation et qui, aussi vrai que la propagande sur les horreurs est une propagande de la vérité, est encore capable de mentir avec elle. Le journalisme ne se doute pas que l’existence privée, comme victime de la violence, est plus près de l’esprit que tous les déboires du négoce intellectuel. Et surtout cet univers calamiteux qui occupe désormais tout l’horizon de notre journalisme culturel."
Rédigée de début mai à septembre 1933, la Troisieme nuit de Walpurgis analyse l’installation du nazisme dans les esprits. Pour la première fois traduit en francais, ce livre dense et labyrinthique travaille, sous la surface, des événements qui échappent à l’attention de l’historien ; il convoque la littérature et la poésie pour débusquer les responsabilités de ceux qui ont accepté et même demandé le sacrifice de l’intellect au service de la propagande, préparant librement le terrain à l’ensevelissement de l’humanité.
Collection "Banc d’essais"
Format 12 * 21 cm
564 pages
28 euros
ISBN 2-7489-0013-8
[Publie avec le soutien du CNL pour la traduction et de la region PACA pour l’édition]
En librairie le 15 fevrier 2005