Voici un texte que j’ai écrit dès l’assassinat des 3 militantes kurdes à Paris.
Alain Callès
écrivain-poète
élu de Montreuil et conseiller communautaire
ancien Président du Mrap
LE PRINTEMPS AU VENTRE
Ils auront beau couper toutes les fleurs
ils n’empêcheront pas la venue du printemps.
Quand la Berfin fleurit,
c’est le Newroz qui s’enflamme,
et passe un vent de liberté dans l’œil de la femme kurde.
Perce la neige et jaillit la fleur ;
Avec la jonquille de montagne
fond la glace et germent les champs,
Les terres craquelées s’ouvrent comme des bouches
Et font chanter les espoirs.
Ouvrir les yeux refermés
Et faire se lever les morts.
À l’horizon de nos mémoires,
le vent tourne à Halabja,
les cheveux de feux ondulent à Diyarbakir,
Les saz dansent debout sous le souffle
de l’espoir qui sommeille dans le ventre des femmes.
À Paris, le printemps se dérouille
dans la chaleur des mains des exilés.
Jamais la chasse aux Kurdes ne se ferme,
C’est à Paris l’hiver qu’on assassine,
Rojdin, Leyla et Sakine.
C’est à Van qu’on enchaîne,
à Istambul qu’on mitraille les militants des Droits de l’Homme,
c’est à Galatasaraï qu’on chasse les femmes en noir,
c’est en Turquie qu’on bâillonne les journalistes.
C’est ici qu’on tue ceux qui tissent
des ponts entre les espoirs,
c’est en Europe qu’on se tait
la conscience à l’ombre des intérêts.
Dans le ventre des femmes kurdes,
la dignité féconde l’espoir.
Le futur des enfants des montagnes se cimente
le printemps au ventre.
Rojdin, Leyla et Sakine,
Ils ont bu tout votre sang,
pourtant un vent salé de larmes se lève ;
ils auront beau couper toutes les fleurs
n’empêcheront pas la venue du printemps.
12 janvier2013