Publié le 22 février
Beaucoup d’entre nous ont commandé à un moment donné par internet sur le site Amazon.fr : vente en ligne de livres, DVD, jeux vidéo, CD, lecteurs MP3, ordinateurs ...
Une fois notre commande passée que se passe-t-il de l’autre côté de l’ordinateur ?
UL CNT Villefranche-Beaujolais
Dans les entrepôts de réception de commandes anglais et américains d’Amazon, les salariés sont soumis à un permis à un point : une absence -même justifiée par un certificat médical !-, le manque de rapidité au travail ou l’infraction à une règle de sécurité ajoutent des points. Une minute de retard vaut 0,5 point de pénalité, une heure vaut un point et une journée d’absence 1,5 point. _ Au bout de 6 points vous êtes virés.
Pour effacer des points, Amazon propose un système de primes sur objectif : comme emballer un certain nombre de colis en un temps donné, par exemple. La devise chez Amazon est « Allez aussi vite qu’il est humainement possible ».
Le travail ordinaire consiste à trouver, dans un entrepôt de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés, répartis sur plusieurs étages, tout objet figurant sur des listes, puis à les scanner, à les mettre dans un sac plastique et à les placer sur le convoyeur. Il faut donc faire attention aux doigts, aux chevilles et au convoyeur. Il faut donc aller de la section jaune, allée H34, bac 22, niveau D à la section bleue, allée T79, bac 3, niveau A. Le scanner indique dans quelle division se trouve l’objet à trouver. Il précise également en combien de secondes vous devez accomplir votre tâche. Les manutentionnaires parcourent en moyenne 20 kilomètres par jour. On vous demande de récupérer jusqu’à 1600 produits par jour.
On vous engueule si vous vous trompez dans la commande. Tout le monde court dans tous les sens pour répondre aux objectifs imposés par l’entreprise. Si vous ne les atteignez pas, vous devez rencontrer un salarié, qui vous réprimande. Il ne faut surtout pas dire qu’on ne peut pas atteindre les objectifs.
Enfin Amazon, accorde généreusement 23 minutes à ses salariés pour la pause déjeuner. Concrètement, cela signifie qu’il faut passer les détecteurs de métaux car ici la confiance règne (les agents de sécurité peuvent fouiller les salariés et vider leurs casiers, les vestiaires sont placés sous vidéosurveillance), manger, potentiellement aller aux toilettes et faire la queue pour pointer. 23 minutes sur 7 heures de travail passées derrière un convoyeur ou bien à grimper des escaliers. Chez Amazon on fait les 3x8 et on travaille le week-end, dans les entrepôts.
En Allemagne, la chaîne de télévision ARD a consacré un documentaire sur les centres de distribution Amazon (5000 employés), il relate que la firme a confié l’encadrement des cuisines et des chambres des travailleurs au service de sécurité HESS Security (un nom vraisemblablement choisi en hommage à Rudolf Hess). Ces néo nazis sont vêtus d’uniformes noirs coiffés à la militaire ; ces matons se fourniraient chez Thor Steinar, une marque de vêtements connotée extrême droite, qu’Amazon a banni de son site dès 2009. Ces gardiens sont chargés de motiver la main d’œuvre, surtout d’origine étrangère, à l’aide d’intimidations en tout genre.
Qui travaille chez Amazon ? Avant tout et surtout des intérimaires. A Saran, près d’Orléans, il y a en temps normal 400 salariés mais le nombre peut être porté à près de 2000 salariés entre autre à l’approche de Noël. Vu les conditions de travail, ça tourne sévère. Plusieurs milliers de personnes ne passent que quelque jours dans ces entrepôts.
L’ouverture d’un troisième hangar en Bourgogne a permis à Arnaud Montebourg ministre du redressement productif (cela ne s’invente pas) et bourguignon de surcroît de claironner haut et fort la création de 1000 emplois supplémentaires ! Par les temps qui courent c’est Byzance ! Face aux industries sinistrées, bas salaires, chantage à l’emploi, licenciements : ne nous y trompons pas, ces réalités odieuses sont bel et bien issues de la même politique en faveur du Capital.
On le voit partout : PSA, Renault, Arcelor, Fralib et toutes les autres entreprises qui n’ont de cesse de vanter les logiques de marché et de compétitivité, ou encore le récent accord sur la compétitivité signé le 09 janvier par les syndicats vendus CFDT, CFTC et CGC aux côtés du MEDEF.
Il est nécessaire de se mobiliser massivement pour mettre en échec la casse du Code du Travail et la dégradation de la condition du monde du travail. En délaissant les intérêts des classes populaires, le gouvernement fait sciemment le jeu du patronat. Les travailleurs et travailleuses du public et du privé ont les mêmes intérêts, leurs luttes doivent donc être communes en défendant un projet de société priorisant l’humain et ses réels besoins plutôt qu’une société basée sur la consommation.
Pour la CNT, il n’est d’autre choix que de mener la lutte par la grève et l’action directe des premiers concerné-e-s.