Paris, le 27 février 2013
Monsieur le président,
Nos associations ont été gravement mises en cause par la diffusion sur le site de France Télévision d’une « carte interactive de la nébuleuse des extrêmes » présentée par le service public de télévision comme support des émissions de Mme Caroline Fourest intitulées « les réseaux de l’extrême ».
Nous dénonçons ici une prise de position partisane résolument calomnieuse qui constitue une rupture des principes de neutralité et d’objectivité requis par un organisme de service public.
Sur le fond les termes d’« extrême » comme celui de « nébuleuse », faut-il le rappeler, font partie du lexique idéologique des néoconservateurs américains . En quoi ce registre peut-il être adopté par le service public français de télévision ?
Cet outil interactif présenté comme scientifique crée et amalgame des catégories totalement improbables : identitaires- sionistes-islamistes-anti sionistes, pourquoi ces quatre rubriques et seulement celles-là alors qu’on pourrait en imaginer des dizaines d’autres ?
De plus la carte comporte de graves erreurs, signes d’une méconnaissance totale de son objet d’étude, et des oublis notoires eux aussi particulièrement significatifs.
Nos associations ont en commun avec beaucoup d’autres du mouvement de solidarité, la défense des droits humains et le respect du droit international dans le règlement de ce qu’il est convenu d’appeler le conflit du Moyen-Orient. Certaines d’entre nous sont des interlocuteurs reconnus des pouvoirs publics français et invitées à prendre part à des travaux organisés par les Nations unies.
Si extrémiste implique violence et absence de limite, comment pouvez-vous intégrer dans cette catégorie le village de Bil’in qui se distingue par des années de résistance pacifique et non armée contre la construction d’un mur qui le coupe de ses terres ?
De quel côté est la violence ou l’extrême ? Pour nous ce qui est extrême et extrémiste c’est la construction d’un mur condamné par la Cour Internationale de Justice, c’est l’occupation illégale de territoires telle que reconnue par l’ONU, la colonisation illégale de ces territoires et leur exploitation, le siège d’ un million sept cent mille personnes à Gaza, l’assassinat de civils comme les mille quatre cent victimes de l’opération « plomb durci « en 2008-2009, la violation de la 4e convention de Genève sur le traitement des prisonniers, (700 000 Palestiniens ont connu les geôles israéliennes depuis 1967 subissant torture et détentions administratives arbitraires. 4600 Palestiniens sont encore détenus illégalement en Israël aujourd’hui), et du traité de Rome.
Ce qui est extrême c’est la diffusion par le service public d’un tel outil tronqué et mensonger sans l’ombre d’un recul ou d’un questionnement.
Nous vous demandons de recevoir une délégation de nos associations afin d’étudier la forme que pourrait prendre une mise au point publique sur cette regrettable affaire qui, si elle nous met gravement en cause, met aussi en question la probité de notre service public de télévision.
Signataires :
Association France-Palestine Solidarité
Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien
Génération Palestine
Agence Média Palestine
Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
Union Juive Française pour la Paix