Les 150 ans de la Commune vont certainement donner lieu à beaucoup de publications, à commencer par l’excellente somme coordonnée par Michel CORDILLOT et qui vient de paraître aux Editions de l’Atelier. Nous n’en avons pas encore d’exemplaire à fournir aux abonnés de la Médiathèque. Nous en ferons une fiche de lecture sous peu.
Aujourd’hui, il s’agit de mettre en exergue un petit livre puissant, partisan, paru à La Fabrique en 2018.{{}}
Rendre compte de l’expérience extraordinaire qu’a été la Commune de Paris n’est pas une entreprise historienne comme les autres. Comment une révolte municipale, surgie dans le contexte particulier du Paris post-Second Empire, s’est-elle donné un horizon universel au point de se confondre, pour les générations suivantes, « avec l’idée même de révolution » ? Récit des mois qui précèdent « l’affaire des canons », puis récit au jour le jour et heure par heure quand le rythme des événements s’accélère, La proclamation de la Commune brosse le portrait fascinant du Paris insurgé : des femmes de Montmartre qui envahissent les rues pour désarmer les soldats, à ces prolétaires anonymes qui prennent la parole au nom du quartier, du club ou du bataillon de la garde nationale. Malgré son œuvre inaboutie, ses échecs militaires ou ses contradictions idéologiques, la Commune reste pour Henri Lefebvre un moment unique de « révolution totale », et son héritage est immense : transformation de la vie quotidienne, critique radicale de l’État et « suprême tentative de la ville pour s’ériger en mesure et norme de la réalité humaine », elle est aussi « la plus grande fête du siècle et des temps modernes ». Fête populaire et citadine bouleversant le temps, l’espace et les rapports sociaux, telle fut la forme spontanée du soulèvement des masses parisiennes qui donne son « style » à la Commune.
« S’il rappelle, au début de son livre, qu’il fait un travail d’historien, Lefebvre souligne immédiatement qu’il s’agit d’une histoire partisane : l’expérience de la Commune donne forme et élan aux perspectives révolutionnaires de la classe exploitée, au-delà de sa durée et du lieu où elle s’éprouve. Rendre conscientes les tendances inconscientes de la Commune, c’est donc, d’une part, ne pas cesser de dire ce qu’a été la Commune en acte et qu’elle n’a pas eu besoin d’énoncer elle-même, puisqu’elle était toute entière dans une praxis révolutionnaire, et, d’autre part, transmettre aux consciences contemporaines son héritage afin qu’elles-mêmes se saisissent de leur part de radicalité latente. » Christa Wolfe, Révolution Permanente, mars 2019.
Henri Lefebvre "La proclamation de La Commune"
Editions La Fabrique - 20 euros
Cet ouvrage est disponible à la Médiathèque de Mille Babords