La tribune, publiée dans le Monde du 31 août, du professeur François Julien-Laferrière de l’université Paris-Saclay, ancien juge à la Cour nationale du droit d’asile, imagine l’Europe de 2080 qui, sous l’effet des possibles bouleversements climatiques à venir, serait devenue totalement inhospitalière dans plusieurs de ses contrées (certaines régions de la péninsule ibérique, la Camargue, une partie des Pays-Bas, etc.).

On assisterait alors à des migrations « internes et internationales » et l’on pourrait ainsi voir « tout un quartier d’une sous-préfecture de la France de l’est manifester contre l’ouverture d’un centre d’accueil pour réfugiés internes qui doit recevoir 12 familles originaires du Languedoc » ... Et voir aussi des migrants européens refoulés systématiquement en tentant d’accoster en Norvège faute de pouvoir bénéficier du statut de réfugié tel qu’il est actuellement défini dans la Convention de Genève !

Cette allégorie devrait inciter les gens avertis et de bonne volonté à « être davantage accueillants envers ceux qui frappent à nos portes ». C’est très probablement un semblable message – parmi d’autres propres à son ministère – que le pape François enverra lors de sa visite à Marseille les 22 et 23 septembre prochains, lui qui a récemment déclaré que « le problème qui [le] préoccupe, c’est le problème de la Méditerranée. L’exploitation des migrants est criminelle ».

On peut aussi espérer que la marche unitaire qui se déroulera parallèlement le 23 septembre, avec en particulier pour mots d’ordre la fin du racisme systémique, des violences policières et la justice sociale, sera l’occasion d’une large communion phocéenne sur les conduites positives à développer vis-à-vis des exilés.

Il faut en effet, par exemple, que cessent à la frontière franco-italienne « les refoulements à caractère systémiques qui touchent les mineurs non accompagnés, voire même séparent les familles » comme le souligne Médecins sans frontières dans un rapport paru début août.

Ce rapport mentionne qu’une femme enceinte assure avoir été insultée à la gare de Menton par une policière qui l’aurait accusée de « faire semblant d’être enceinte, parce que c’est ce que vous, les migrants, vous faites toujours ». « Elle a commencé à tâter mon ventre avec ses mains pour voir si j’étais vraiment enceinte, ça m’a fait mal et j’avais honte d’être traitée comme ça devant tout le monde » !!!

Venons-en aux tristes et tortueux projets que prépare le gouvernement au sujet des personnes étrangères en situation dite irrégulière, on pressent qu’ils seront de plus en plus répressifs et ne permettront pratiquement plus d’obtenir un statut pérenne de résident, ceci afin de complaire à la partie extrême de l’électorat conservateur.

Les organisations de solidarité avec les exilés, dont les cercles de silence font partie, auront-elles la force de mobiliser massivement nos compatriotes pour éviter le pire ?

Nous vous attendons nombreux au prochain cercle de silence, samedi 9 septembre, de 11h30 à midi, place de la Rotonde à l’orée des Allées Provençales.