Une tribune pour les luttes

samedi 10 février 2024

AIX EN PROVENCE

11 h 30

La rotonde, 13100

Cercle de silence

La loi immigration intégration asile promulguée le 26 janvier dernier conserve « un pouvoir de nuisance intact » comme le formule très justement un communiqué du Gisti paru le même jour.

C’est ainsi que, pour l’une des mesures qui était présentée comme une avancée par le gouvernement, pour « intégrer par le travail » les personnes sans-papiers exerçant dans les métiers en tension, le texte n’apporte qu’une seule disposition convenable en précisant qu’elles ne seront plus obligées de passer par leur employeur - comme c’était le cas dans le cadre de la circulaire Valls (de novembre 2012) - pour solliciter une carte de séjour « travailleur temporaire » ou « salarié » mais… les préfets disposeront d’un pouvoir discrétionnaire pour accorder le titre !

On constate dès lors, qu’en plus des discriminations introduites par la définition arbitraire des métiers en tension, les fortes disparités au niveau des préfectures - que l’on connaît bien quant aux décisions relatives à la circulaire Valls - vont entraîner des décisions chaotiques en matière de délivrance des titres relatifs au travail. La loi va ainsi provoquer l’effondrement d’un élément fondamental du droit au séjour.

On attend bien entendu les décrets d’application pour en savoir plus mais on se doute déjà que les régularisations par le travail ne seront possibles que si les demandeuses et demandeurs perçoivent au moins un smic mensuel.

Qu’en est-il par exemple des nombreuses aides à domicile qui font partie de ces métiers en tension ?

Le témoignage d’une algérienne sans-papiers, dont on ne peut citer que le prénom, est exemplaire : Sihem marche sans cesse, jusqu’à trois heures par jour entre les domiciles de ses différents employeurs, elle fait des ménages, accompagne des enfants à l’école, fait de l’aide aux personnes âgées. Elle travaillait en tout auprès d’une dizaine de familles, avait-elle affirmé il y a plusieurs mois à InfoMigrants en Seine-Saint-Denis, et c’est avec cette activité épuisante qu’elle arrivait tout juste à déclarer un smic mensuel grâce aux chèques emploi service universels (CESU).

Sihem qui a fait des études en Algérie, au niveau bac+4, n’a pas eu le choix une fois arrivée en France : « La seule chose qui m’a attirée dans ce métier, c’est le fait que ce soit un travail déclaré ».

Or, peu de femmes ont à la fois la capacité physique et la disponibilité personnelle pour effectuer des travaux aussi intensifs et mal rétribués. Elles continueront à travailler dur, très dur ces femmes sans titre de séjour, pour survivre, mais pas assez (!) pour être régularisées avec la nouvelle loi…

Les 50 autres articles de la loi sont de la même veine : il faut exiger l’abrogation pure et simple de ce texte.

Rendez-vous au prochain cercle de silence, samedi 10 février, de 11h30 à midi, place de la Rotonde à l’orée des Allées Provençale.

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