Une tribune pour les luttes

Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités

Répression policière en Kanaky (suite)

Article mis en ligne le mercredi 30 janvier 2008

Le vendredi 25 janvier 2008, les adhérents de l’USTKE se sont rendus
massivement au commissariat central de police à Nouméa afin de dénoncer
la répression violente dont sont victimes les adhérents de
l’organisation depuis les émeutes de jeudi dernier à Nouméa. Plusieurs
centaines d’adhérents se sont installés dès le matin devant les grilles
fermées d’un commissariat aux allures d’un château fort assiégé. Les
voies d’accès par la route avaient été entièrement occupées par des
manifestants en colère mais disciplinés. Plusieurs interventions se sont
succédées durant la matinée au micro de l’organisation installée sur la
chaussée face aux policiers cagoulés, dissimulés derrière les grilles et
vitres teintées d’un commissariat devenu trop exigu pour eux.

Certains témoignages sont venus rappeler les conditions dans lesquelles
le foyer familial avait été la proie de ces mercenaires de pâquerettes
dont la seule bravoure avait été d’effrayer des enfants et des femmes.
Dans la plupart des récentes interventions du GIPN (Groupe
d’Intervention de la Police Nationale) puisqu’il s’agit bien de ces « 
valeureux guerriers » du maintien de l’ordre, il n’ont en effet trouvé
que les épouses et les enfants de nos camarades qui en sont restés
choqués, voire traumatisés pour un grand nombre d’entre eux par ces
interventions réservées habituellement aux grands criminels. Un exemple
flagrant de cette agressivité, fut celui de l’intervention de ces
policiers au domicile d’un camarade dont l’épouse enceinte est arrivée
juste après l’intervention pour constater les dégâts faits à son
domicile. Vitres cassées, armoires fouillées meubles renversés, en
quelques mots une violation de domicile en règle. Comme si cela n’était
pas suffisant ces fauteurs de trouble cagoulés se sont rendus chez le
père du camarade chez qui ils ont eu recours aux mêmes méthodes en
présence cette fois des membres de la famille. Chez un autre camarade,
le GIPN est intervenu dans la demeure familiale sans crier gare, fusils
à la main, cagoules baissées, pour surprendre, tranquillement installés
chez eux, les enfants dont les parents s’étaient absentés...

Vous avez dit « valeureux » ! !

La manifestation de ce vendredi a été une occasion pour une des mamans
dont le domicile avait reçu la visite de ces « tout permis » de porter
plainte avec bien sûr en soutien plus d’un millier de camarades qui
scandaient aux responsables des forces de l’ordre d’ouvrir les grilles
pour qu’elle puisse accomplir son acte comme n’importe quel citoyen.

Après plusieurs hésitations la commissaire a fini par céder à la
pression populaire en acceptant que la plainte soit enregistrée à
condition que la plaignante se présente seule devant les grilles. Ce qui
fut fait, non sans mal tant les autres femmes qui l’accompagnaient
étaient particulièrement remontées. La veille la même maman s’était vu
rétorquée que sa plainte n’était pas recevable car le GIPN avait tous
les droits dans notre Pays ! ! Mais de quels droits on parle ici ? Celui
de traumatiser des enfants et des mères sans défense ? De s’introduire
dans le domicile familial, arme à la main et cagoulés et de tout mettre
à sac ?

Légitimer ces pratiques policières chez nos camarades, c’est
criminaliser le mouvement social et cela constitue une atteinte à une
liberté fondamentale qu’est le syndicalisme.

Mais il est vrai que l’expansion économique et la flambée des cours du
Nickel masquent bien souvent la réalité politique et sociale dans notre
Pays qui aujourd’hui encore et ce malgré les accords successifs, n’en
demeure pas moins une colonie de la France d’Outre Mer. Une situation
contre laquelle l’USTKE, le seul syndicat en Kanaky à s’être prononcé
pour le droit à l’autodétermination du Peuple Kanak et au libre exercice
de sa souveraineté Nationale, s’est toujours battu depuis 1981 date de
sa création. Soit 27 ans de luttes sociales et politiques qui ont fait
de ce syndicat le seul rempart crédible face aux appétits de toutes
sortes que font naître la conjoncture économique actuelle mais également
la proximité avec les prochaines échéances électorales capitales pour
notre Pays. Un statut de notre organisation qui attise les oppositions
les plus farouches de la part de la droite locale majoritaire en
Province Sud, relayée dans sa besogne par les services de l’Etat
Français et par un mutisme ininterrompu de la part d’indépendantistes
institutionnalisés.

Depuis l’attaque du piquet de grève de Carsud, la répression policière
en Kanaky s’est accentuée et la chasse aux syndicalistes de l’USTKE
ainsi qu’à leurs familles devient quotidienne et politiquement correcte.

Pour preuve, cette mobilisation générale fait suite à l’arrestation de 3
camarades le mercredi 23 janvier dernier et de 3 autres toujours dans
les mêmes conditions brutales, le jeudi 24 janvier. C’est dans la foulée
que jeudi soir l’assemblée générale avait décidée d’une mobilisation le
lendemain devant le commissariat pour que cessent ces arrestations
arbitraires d’un autre temps. Dans le cas contraire, il avait été décidé
que tous les adhérents USTKE demanderaient à être jugés pour
participation à la mobilisation de jeudi dernier qui avait dégénéré du
fait des forces de l’ordre.

Une proposition qui fut soumise devant les grilles du commissariat par
plusieurs centaines de personnes, vendredi matin et refusée par la
commissaire.

Pendant la manifestation nous apprenions que nos camarades interpellés
la veille et l’avant-veille avaient subit le même sort que les 10
précédents et que leur maintien en détention provisoire dans l’attente
de leur jugement le 22 février prochain, avait été prononcé par le juge.
Une condamnation à un mois de prison ferme avant l’heure pour des
camarades toujours présumés innocents !

Après la police c’est l’autre instrument de l’Etat colonial qui prend le
relais : la justice à 2 vitesses qui criminalise le mouvement social et
les militants USTKE en particulier.

La manifestation ce vendredi 25 janvier se voulait être une mise en
garde à l’encontre de l’Etat Sarkosyen en Kanaky, sur les risques que
faisaient encourir à la paix civile le retour de ces pratiques
policières et judiciaires d’un autre temps. De tels actes nous font
rappeler les heures sombres de l’histoire de notre Pays et qu’ici nous
avons appelé pudiquement « les évènements. »

Hasard du calendrier, ou tout simplement l’histoire qui se répète, les
affrontements survenus à Carsud le jeudi 17 janvier dernier, sont
intervenus 20 ans après ceux qui ont conduit aux évènements qui
débouchèrent sur la tuerie, le 4 mai 1988, des 19 militants
indépendantistes dans la grotte de Gossanah sur l’île d’Iaaï (Ouvéa) par
l’armée coloniale Française.

Au moment ou le peuple Kanak mais aussi toutes celles et ceux qui l’ont
rejoint dans son combat s’apprêtent à célébrer l’anniversaire de cette
période tragique, un retour à l’apaisement ou alors une aggravation du
climat social, relève de la responsabilité de Mr Yves Dassonville,
nouveau Haut Commissaire représentant de l’Etat en Kanaky.

Pour sa part l’USTKE réitère sa volonté de voir cesser ces arrestations
brutales intempestives et que des sanctions soient prises à l’encontre
des policiers responsables du passage à tabac de militants syndicaux
après leurs arrestations.

L’USTKE exige que toutes les poursuites judiciaires à l’encontre de nos
camarades soient abandonnées et que leurs libérations interviennent dans
les meilleurs délais.

Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités

http://www.ustke.org

.

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