Une tribune pour les luttes

Lettre ouverte à M. Martin HIRSCH,

Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Haut-commissaire à la jeunesse

Article mis en ligne le samedi 9 mai 2009

LYON, le 20 avril 2009

Lettre ouverte

à

M. Martin HIRSCH
Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté

Haut-commissaire à la jeunesse

Monsieur,

Votre discours du 9 mars 2009 a donné le coup d’envoi d’un ambitieux travail sur la politique de la jeunesse. Vous avez créé une commission large et imposante ; tous les acteurs y sont présents. Cette commission travaillera sans a priori et sans restriction de son champ de vision, dites-vous.

Alors, nous nous invitons : le document de cadrage qui lance ce travail fait pourtant une double impasse : la situation des jeunes de banlieue, la situation des jeunes majeurs sans papiers. Ce n’est pas rien : une situation qui a contraint le précédent gouvernement à instaurer « l’état d’urgence » et des expulsions qui brisent des vies : « jeunesse sans papiers, jeunesse volée », disons-nous.

Il est vrai que la division du travail n’épargne pas le travail gouvernemental ; ce faisant, votre vision est amputée. Ainsi, votre collègue Eric BESSON, du Ministère de « l’identité nationale », en plus de ses quotas, mène campagne à propos d’ une nouvelle ère de promotion et brassage sociaux ; parallèlement, Monsieur Xavier DARCOS, Ministre de l’Education nationale, supprime 3000 professionnels des « Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté » et Madame Fadela AMARA promeut une école dite de la « deuxième chance » comme des soldes « deuxième démarque ». Par ailleurs, des dispositifs de formation initiale différée, de base et comportementale, pour les jeunes en difficulté d’insertion, sont confiés à un nouvel établissement public (EPIDE) du ministère de la défense. Dangereuse division du travail entre les jeunes français, « bien intégrés », et ceux qui sont appelés « les autres ».

Les jeunes, dans leur diversité, ne se reconnaissent pas dans ce saucissonnage qui verrait les uns, avoir plutôt des problèmes d’autonomie financière , « les autres », plutôt des problèmes « identitaires ». Les uns conviés à la mobilité, « les autres » obligés de se cacher. Le management de la diversité est une foutaise ; pour les jeunes, la politique, c’est d’abord une question d’ambiance.

Quelle est l’ambiance ?

Elle affleure dans votre document de cadrage ; ainsi p14 : « notre système fonctionne comme une machine à exclure les jeunes » ; p15 « un chômage de masse fait des jeunes une variable d’ajustement… » ; p18 « … victimes d’un marché de dupes » ; p18 encore, où l’on évoque à propos des filières de formation scolaire : « …la coloration sociale très marquée des séries . Question : quelle est « l’identité » d’une variable d’ajustement, d’un exclu, d’une dupe, d’une coloration sociale ?

Ah Nous allions oublier ! L’aspect principal, qui déborde votre document de cadrage : les contrôles de police abusifs ; car il faut bien les contrôler ces « identités »-là, pour que règne la « paix sociale. »

En conclusion :

Votre discours décline, à travers une anagramme digne de l’Otan, le lancement du programme « FORCES - Formation, Orientation, Ressources et Résidences, Citoyenneté et Culture, Emploi, Santé » ; un vrai porte-avion. Attention aux faux départs : la figure « du jeune majeur sans papiers » constitue un cas particulier extrême de la situation de la jeunesse de notre pays ; livré à la vindicte publique, il ne saurait se cacher : ce n’est pas une vie, ni pour la jeunesse,ni pour personne. Aussi, votre fil directeur - la question de l’accès à l’autonomie des jeunes- porte concrètement un nom : LIBERTE DE CIRCULATION !

Recevez, Monsieur, nos salutations respectueuses.

Cécile SIMON, Educatrice, SUD santé-sociaux ; du collectif « jeunes majeurs » de Lyon- RESF

Claude DELORME, PLP, SUD éducation ; du collectif « jeunes majeurs » de Lyon- RESF

Catherine LEBRUN, Secrétaire nationale de l’ Union syndicale SOLIDAIRES.

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