Une tribune pour les luttes

" Nucléaire : Ce qui devait arriver Areva... "

Article mis en ligne le samedi 24 octobre 2009

15 octobre 2009,

Les mots ont un sens, par Napakatbra

avec les liens
http://www.lesmotsontunsens.com/sca...

Le nucléaire, une énergie propre ? "Renouvelable", même selon AREVA... Le top du top. Sauf qu’aujourd’hui, on découvre au détour d’un reportage d’Arte que 100 000 tonnes de déchets radioactifs ont été rejetés dans le milieu naturel. Et ça continue. On découvre aussi qu’à Cadarache, le CEA et Areva ne savent pas vraiment où passent leurs déchets et... qu’ils mentent aux autorités de sûreté nucléaire !

A force d’entendre dire que l’électricité est une énergie propre, on a failli y croire. Imaginez une planète sur laquelle ne circulent que des automobiles électriques, sans bruit et sans odeur. Un petit miracle, un doux rêve... qui nécessiterait des dizaines de centrales nucléaires supplémentaires, rien que pour la France. Chaque semaine, de nouvelles annonces sont faites en ce sens. La dernière en date : un super bonus de 5000 euros par achat de voiture électrique et une commande de l’Etat de 50 000 exemplaires. Que les batteries n’aient actuellement qu’une durée de vie comprise entre 10 000 et 50 000 km, et qu’elles coûtent plus cher (6000-8000 euros) que la voiture elle-même ne serait-il pas problématique ? Non, visiblement, non... Les spécialistes ont fait leurs calcules, partiels puisque le coût du démantèlement des centrales nucléaires n’est quasiment pas pris en compte. Mais passons.
Incident nucléaire au CEA de Cadarache

Déchets nucléaires : un scandale soigneusement maquillé en prouesse technologique

Parlons donc de la production d’électricité. L’énergie la plus propre, d’après ce que nous disent les pouvoirs publics. Sauf que de révélations en révélations, on commence à s’apercevoir qu’il n’en est rien. Car si la quantité de déchets est certes moindre, elle est aussi beaucoup plus dangereuse, et plus durable, quelques centaines de milliers d’années, dans le meilleur des cas. Que deviennent donc ces déchets ? Sont-ils "recyclés" à 96%, comme l’affirment Areva et EDF ? Il faut voir ce reportage d’Arte, diffusé mardi dernier et disponible en libre service jusqu’à mardi prochain, pour prendre conscience de l’ampleur du problème.


100 000 tonnes de déchets radioactifs rejetés dans les mers

Pour résumer, jusqu’en 1993, 100 000 tonnes de déchets hautement radioactifs ont été conditionnées dans des fûts "sécurisés" pour être finalement rejetés en pleine mer. C’était tout à fait légal. Manque de bol, Greenpeace est allé chercher des traces de ces containers super résistants, quinze ans après... beaucoup sont maintenant éventrés, les déchets se sont répandus dans la nature, et remontent inexorablement la chaîne alimentaire. Ce système de rejet a été interdit en 1993, mais l’usine de retraitement de La Hague bénéficie d’un passe-droit et continue de balancer ses résidus radioactifs directement dans le milieu naturel. Une "situation d’incident nucléaire permanent", selon les spécialistes du CRIIRAD. Une catastrophe écologique.


La Russie, notre poubelle nucléaire

Aujourd’hui, la Russie nous sert de poubelle nucléaire. Des dizaines de containers en provenance directe de nos centrales s’entassent à l’air libre. Ce qu’a finalement reconnu EDF, après moult pirouettes. Et l’on s’aperçoit que le recyclage à 96% annoncé par Areva est un pipeau complet. En réalité, seuls 10% des déchets sont recyclés. En Allemagne, aux Etats-Unis, en Russie et ailleurs, les lieux de stockage fuient, la radioactivité se répand dans les nappes phréatiques, polluant des milliers de kilomètres carrés. Car de nos jours, la seule solution est de stocker, en priant pour que nos spécialistes trouvent une solution pour sécuriser ou recycler les déchets à l’avenir...

Un incident de niveau 2 à Cadarache, caché pendant trois mois aux autorités

Et pendant ce temps là, les incidents s’enchainent, à l’image de celui qui a été révélé mardi, sur le site de Cadarache, en cours de démantèlement. Révélateur d’un scandale qui implique l’Etat. Entre 22 et 29 kilos de plutonium (de quoi concocter 5 bombes nucléaires, tout de même) ont été découverts dans un atelier, alors qu’on s’attendait à n’en trouver que 8. Etonnant, pour "une matière si dangereuse qu’elle doit être réglementairement mesurée au gramme près" rappelle Greenpeace. Cet atelier avait pourtant été inspecté plusieurs fois... L’incident a été caché pendant plus de trois mois par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ! Il a finalement été classé au niveau 2 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Et on s’étonnera ensuite que les eaux souterraines de Cadarache soient contaminées par du tritium, du strontium, des émetteurs alpha ... ?


Jean-Louis Borloo dépassé

Areva, le CEA et EDF mentent et/ou désinforment depuis des décennies. D’ailleurs, le Réseau Sortir du Nucléaire rappelle qu’Areva avait rouvert cet atelier fin 2004 pour y traiter une cargaison de plutonium américain, alors que la fermeture "définitive" avait été actée par l’ASN quelques mois plus tôt. L’organisation se demande à l’occasion si les kilos superflus trouvés à Cadarache ne proviendraient pas d’un trafic entre Areva et les Etats-Unis. Face au scandale, la réaction du gouvernement est d’une fermeté sans appel. Jean-Louis Borloo "regrette profondément" cet incident. "Cette transparence et cette exigence de sécurité sont les conditions incontournables de la fourniture d’électricité d’origine nucléaire. Elles seront respectées" a-t-il encore promis... comme à chaque fois qu’un incident est médiatisé. EDF et Areva en tremblent déjà...


"Hypothéquer l’avenir"


"Ecrire l’avenir impose de faire confiance"
, à l’image de ces bâtisseurs de cathédrales du Moyen-âge... nous disent de concert les spécialistes et producteurs de l’énergie atomique. Selon Hubert Reeves, célèbre astrophysicien interviouvé en conclusion du reportage, nous sommes en train d’"hypothéquer l’avenir". Il estime en outre "délirant de penser pouvoir gérer l’avenir" de cette façon. En étudiant un peu l’histoire de l’homme, on constate effectivement que les régimes politiques durent rarement plus d’un siècle... alors que la durée de vie des déchets est de plusieurs centaines de milliers d’années.

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