Une tribune pour les luttes

Mexique-Oaxaca

Agression armée contre la Caravane d’appui et de solidarité avec la Commune autonome de San Juan Copala, Oaxaca

Appel de VOCAL

Article mis en ligne le jeudi 29 avril 2010

Oaxaca de Juarez, le 27 avril 2010

Aux médias de communication,
Aux peuples du Mexique,
Aux peuples du monde,
Aux peuples d’Oaxaca,

Agression armée contre la Caravane d’appui et de solidarité avec la
Commune autonome de San Juan Copala, Oaxaca



CONTEXTE

Depuis la journée d’hier, une annonce a été envoyée aux médias à propos
d’une caravane en solidarité avec la région triqui, dans notre État d’Oaxaca. Les participants à la caravane sont des membres de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO), de la Section 22 du syndicat des professeurs, des Voix d’Oaxaca construisant l’autonomie et la liberté (VOCAL), du MULT-I (Mouvement d’unification et de lutte triqui indépendant), ainsi que des observateurs internationaux.

Tel qu’il avait été prévu et annoncé, la caravane a quitté la ville de Huajuapan de Leon, Oaxaca, à 11 heures le 27 avril 2010, avec l’objectif de briser le siège de la communauté autonome triqui, une conséquence de la répression par l’État et les paramilitaires du processus d’autonomie qui est en onstruction à l’intérieur de cette communauté. De violentes attaques paramilitaires ont eu lieu à plusieurs reprises durant le processus autonome de San Juan Copala. Elles ont été menées par l’organisation paramilitaire UBISORT (Union de bien-être social de la région triqui), qui est actuellement présidée par Rufino Juarez Hernandez et par le MULT Mouvement d’unification et de lutte triqui).

Avant le départ de la caravane, le président du conseil autonome de San Juan Copala, Jesus Martinez Flurez, a déclaré tenir pour responsables de quelque agression que ce soit Evencio Nicolas Martinez, procureur général de l’État, Jorge Franco Vargas « el Chucky », ministre de l’intérieur de l’État, et Carlos Martinez, candidat du PRI pour les législatives locales. Il a également exigé qu’UBISORT et le MULT agissent avec responsabilité et sérieux dans les pourparlers de paix pour le peuple triqui.

LES FAITS

Avant d’arriver à La Sabana, la route était bloquée avec des pierres et c’est à cet endroit que débuta la lâche agression avec des armes à feu (dont le calibre est à ce jour inconnu), perpétrée par environ quinze paramilitaires au service du gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz Ortiz. L’attaque a détruit les véhicules, blessé une compañera et on compte deux personnes décédées.

Durant l’attaque, quelques compañeros ont pu s’échapper en courant vers
les montagnes et leur situation actuelle est inconnue : nous sommes
préoccupés par le fait qu’ils aient été capturés par les paramilitaires. Les compañeros qui à ce moment sont disparus sont NOE BAUTISTA JIMENEZ, DAVID VENEGAS REYES et DANIEL ARELLANO CHAVEZ, tous membres de VOCAL.

Malheureusement, selon les informations actuelles, nous apprenons que deux
camarades ont perdu la vie durant cette attaque paramilitaire. Il s’agit de BEATRIZ ALBERTA CARIÑO TRUJILLO, membre de CACTUS, et de TYRI ANTERO JAAKKOLA, observateur international originaire de Finlande. Les deux décès ont été causés par des tirs d’armes à feu.

Durant les événements, MONICA CITLALI SANTIAGO ORTIZ a été blessée au dos par un tir d’arme à feu et a été reconduite à Juxtlahuaca pour y recevoir
des soins.

Ceux et celles qui demeurèrent sur les lieux de l’agression durent descendre de leur véhicule et furent emmenés en bas de la montagne pour être interrogés, quelques-uns furent menacés de mort avant d’être relâchés
sur l’autoroute. RUBÈN VALENCIA NUÑEZ, membre de VOCAL, a été détenu par les paramilitaires qui lui ont retiré sa carte d’électeur, son portable et l’ont menacé de mort, avant de le relâcher.

Une ambulance est arrivée sur les lieux afin de dispenser des soins aux
blessés, mais on a également ouvert le feu lâchement sur le véhicule qui a été contraint de quitter les lieux. Au moment de cette fuite, les ambulanciers ont trouvé une camarade blessée à qui ils ont pu dispenser des soins et à qui ils ont confirmé le décès des personnes ci-dessus mentionnées.

À cause de la confusion et de l’incertitude relative aux faits, la localisation des compagnons mentionnés, de même que leur condition physique et psychologique sont inconnues.

NOUS DÉNONÇONS AVEC FORCE :

Que cette attaque armée est le produit des conditions de violence institutionnelle et d’impunité dont jouissent les paramilitaires dans cette région de notre État. La violence institutionnelle est dirigée contre les différentes expressions de la lutte sociale à Oaxaca et spécifiquement envers la construction de processus autonomes.

Cette agression se déroule dans le contexte d’isolement et l’état de siège
vécu par la commune de San Juan Copala, où, depuis le mois de janvier, les
enfants n’ont pas accès à l’école, l’accès à l’électricité et à l’eau
potable a été coupé et la communauté n’a pas accès aux soins médicaux. San
Juan Copala vit en permanence un harcèlement paramilitaire bloquant la
route à l’entrée du village.

NOUS EXIGEONS :

- Que le gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz mette fin aux attaques
paramilitaires dans la région triqui et que cessent le financement, l’armement et l’impunité dont profitent ces groupes paramilitaires dans notre État.

- La présentation immédiate de nos compañeros disparus.

NOUS APPELONS :

le peuple d’Oaxaca, du Mexique, la communauté internationale et les différentes organisations sociales, collectifs et groupes à montrer leur solidarité et appui afin d’exiger la présentation en vie de nos frères disparus et le châtiment des responsables. De plus, nous vous appelons solidairement à exiger que cessent les conditions de violence contre la Commune autonome de San Juan Copala.

Présentation en vie de nos compañeros disparus !
Châtiment pour les assassins de nos compañeros !
Que cesse l’agression contre la Commune autonome de San Juan Copala !
Levée du blocage paramilitaire dans lequel se trouve cette communauté autonome triqui !

Voces Oaxaqueñas Construyendo Autonomía y Libertad
(VOCAL)

Traduit par Émilie


APPEL URGENT
LETTRE À L’AMBASSADEUR DU MEXIQUE

Fax : 01 47 55 65 29 - Courriel : embfrancia chez sre.gob.mx

Marseille, le 29 avril 2010

Collectif Caracol Marseille
c/o Mille Bâbords
61 rue Consolat
13001 Marseille France

À Monsieur Carlos de Icaza
Ambassadeur du Mexique en France
9, rue de Longchamp
75116 Paris

Monsieur l’Ambassadeur,

Nous souhaitons par la présente vous exprimer notre profonde préoccupation devant la nouvelle escalade de violence et de répression que subissent les communautés indigènes du Mexique.

Dans plusieurs États à forte composante indigène, les communautés qui ont choisi de vivre selon leurs coutumes traditionnelles sont physiquement agressées par des groupes paramilitaires qui semblent jouir de l’impunité, voire de la protection des autorités de l’État.

Nous nous permettons d’insister sur deux exemples récents, particulièrement graves. Sur la côte nahua du Michoacan, le 20 avril dernier, le président du commissariat aux biens communaux de Santa Maria Ostula, M. Francisco de Asis Verdia Manuel, a été enlevé par un groupe paramilitaire fortement armé. Plusieurs membres de cette communauté ayant déjà été enlevés et assassinés, on craint pour la vie et l’intégrité physique de M. Verdia Manuel.
Dans l’État de Oaxaca, le 27 avril, un groupe de paramilitaires a attaqué la caravane envoyée par plusieurs organisations sociales membres de l’Assemblée Populaire des Peuples de l’Oaxaca (APPO), dont l’objectif était de soutenir le municipe autonome San Juan Copala, assiégé et menacé par le mouvement UBISORT, lié au PRI. Plusieurs participants à la caravane ont été blessés par balle, deux ont été tués, parmi lesquels un observateur finlandais. À ce jour, on est sans nouvelles de plusieurs personnes disparues.

Nous apprenons par ailleurs que les prisonniers politiques d’Atenco, Ignacio del Valle, Felipe Hernandez, Hector Galindo et Adan Espinosa risquent de nouvelles condamnations alors même que la Cour Suprême de Justice de la Nation doit prochainement se prononcer sur une révocation des condamnations pour lesquelles ils sont incarcérés depuis quatre ans dans la prison de haute sécurité de l’Altiplano. Ces condamnations, respectivement à 112, 67 et 31 ans de prison, sont absolument disproportionnées par rapport aux événements qui ont lieu dans le cadre d’une défense de territoire traditionnel.

Monsieur l’Abassadeur, vous ne devez pas ignorer que l’impunité garantie aux assassinats perpétrés par les groupes paramilitaires, et d’autre part l’acharnement judiciaire profondément irrationnel et injuste contre des mouvements de protestation sociale, sont en train de faire perdre définitivement au Mexique son statut d’État de Droit aux yeux de la communauté internationale. Les collectifs et individus signataires de cette lettre, profondément indignés par ces faits, expriment la plus grande colère et mettent tout en œuvre pour alerter la presse, l’opinion publique et les autorités de nos pays, afin qu’elles cessent de considérer le Mexique comme une démocratie où l’on respecte les droits humains.

Nous nous permettons donc de vous demander de transmettre notre indignation aux autorités fédérales du Mexique et de mettre tout en œuvre pour arrêter la violence paramilitaire contre les communautés indigènes ainsi que l’acharnement judiciaire contre les défenseurs de droits sociaux, humains et communautaires.

Veuillez agréer, Monsieur l’Ambassadeur, nos sincères salutations.

Organisations, collectifs ; associations signataires :

- Collectif Caracol Marseille (solidarité avec les communautés zapatistes)
- Communauté Emmaüs de Montpellier (100 membres)
- La Parole qui roule (Marseille)
- LaDistroy/Folklore de la Zone Mondiale (Vercors)
- Association LA MIGA - (Haute Garonne)
- Caracol 26 (Drôme)
- France Amérique Latine 13 (Bouches du Rhône))
- SUDACAS (radio Amérique Latine – Marseille)
- Comité Chiapas (Aude)
- Communauté Emmaüs de Bordeaux
- Mut Vitz 34
- Mouvement Altermondialiste 46
- AMERICASOL 81
- Association Solidarité Honduras
- Mut Vitz 31
- Comité Chili Amérique Latine 13
- Collectif Viva Zapata (Genève – Suisse)
- APATAPELA (Marseille)
- Union locale CNT 13
- Revue « Réfractions »
- OrdesFous éditeur (Faucon)
- Collectif ALBA-Amérique Latine (Montpellier)
- « Groupe Germinal » FA 13
- Caracol Solidario (Besançon – 25)
- Association SOLAL (Solidarité Amérique Latine) (Lussas – 07)

P.-S.

Collectif Caracol Marseille caracolmarseille chez no-log.org

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