http://www.hns-info.net/spip.php?article26474
Vous vous rappelez avec quelles arrogance et prétention, il avait lancé au Palais Omnisports de Bercy, en avril 2007, lors de la campagne présidentielle : "Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes"... Et depuis, chaque jour, il s’y efforce obstinément et idéologiquement.
Pendant quelque temps, il y a cru et les médias et instituts de sondage, lui assuraient qu’il était bel et bien le Phoenix... Les grèves en France, on ne le voyait plus... La France allait enfin être réformée... La crise, il allait s’en servir pour réformer le capitalisme mondial (à lui tout seul, bien évidemment) et, d’un ton grave et sérieux (comme tous les arracheurs de dents !), il affirmait qu’il fallait moraliser le capitalisme. Les mois passèrent, les paradis fiscaux restèrent et la morale du capital s’exprimait avec force en attaquant les Etats et leur solvabilité... La Grèce fut la première cible... La stratégie de la tension monétaire et financière se mettait en place... Les réactions des gouvernements européens étaient unanimes, il fallait réduire les dépenses publiques et la dette... les populations devaient payer la facture... Pour l’Elysée, c’est l’opportunité d’attaquer un symbole, celui de la retraite à 60 ans et aussi d’ouvrir le champ libre à la retraite par capitalisation qui, de tout temps, lui est si chère (comme à son frère Guillaume...) …
Mais voilà comme pour le TCE, les arguments ne passent pas, les gens s’informent autrement, en dehors des sources officielles et des médias dominants. Ils discutent entre eux, participent massivement aux premières mobilisations syndicales sans comprendre toujours la stratégie hésitante des centrales confédérales à lancer et accompagner un vaste mouvement social... La période estivale aurait du calmer le jeu selon le grand penseur de la société française à l’Élysée, Raymond Soubie. Mais surgit le couple de l’été, Éric Woerth – Liliane Bettencourt. Les affaires entre amis, entre riches, que dis-je, entre très riches éclatent au grand jour ! On s’en doutait quand même un peu... mais quand on se voit imposer des sacrifices ça frappe plus l’inconscient et le conscient collectif ! Et c’est là que le refus de payer la facture de la crise financière et économique prend socialement corps. Là, que les inégalités deviennent totalement insupportables. Là, qu’on se dit que dans cette direction il n’y a aucun avenir, que la société de Sarkozy est totalement punk destroy, que c’est NO FUTURE ! Et c’est là qu’on dit STOP ! BASTA !! NO WAY !!!
Ce refus se cristallise là où aucun politologue, éditorialiste, RG, conseiller élyséen ne l’attendait et encore moins sous cette forme (comme d’ailleurs très souvent lors de mouvements qui vont devenir massifs, diffus et innovants, les experts officiels n’y pipent que dalle, tant mieux !). Les raffineries et les ports et non les transports publics ! Les blocages et la perturbation des flux, des productions, des consommations et non la grève générale et les occupations d’usine. Ces blocages, ces perturbations se révèlent de réelles ouvertures en cassant le carcan et déréglant le rythme que l’on voudrait imposer à nos vies, à nos esprits, à nos corps. Au même titre, la pénurie devient richesse ! Face à la rigidité de Sarkozy, de l’UMP et du MEDEF, l’auto-organisation du mouvement se construit territorialement, en réseaux, physiquement et numériquement, pour agir efficacement, ensemble. Certes, le refus de cette réforme des retraites est toujours au centre de notre base commune, mais chaque jour cette base commune s’élargit sur la nécessité de changements paradigmatiques radicaux en matière de répartition des richesses, de besoins de nouveaux droits sociaux, de démocratie.
Nul ne sait encore ce qu’il peut arriver. Entrons-nous dans une phase constituante ouvrant une crise de régime ? Nous sommes nombreux, action !
Piquets volants, bloquons l’argent
Piquets mobiles, bloquons la ville
Ludo, HNS-info
Vos commentaires
# Le 25 octobre 2010 à 20:31, par Christiane En réponse à : Boston/ The big pictures / La France en grève
http://www.boston.com/bigpicture/20...
# Le 26 octobre 2010 à 00:38 En réponse à : Nous en devons rien
Bloquons tout.
Nous pourrions essayer de superposer de multiples cartes du territoire pour figurer la profusion des strates de l’activité en cours.
La conjoncture chantonne en sourdine une fameuse ritournelle, bribes d’hétérogène, consistance nouvelle. Pour qui veut bien l’entendre, cela se voit ici : voilà bien ce qu’il fallait pour faire la guerre au palais, sache que ta meilleure amie, prolétaire, c’est la chimie.
Des cartes, il en faudrait 10, 50, 1000, des facs, aux défilés, des piquets aux blocages, des dîners de famille aux bars, des conversations à distance ou des échanges de mels comme des rencontres imprévues, des sourires, des connivences, des rages décisionnaires et des associations libres, des cartes où puissent se lire ce qui trame aujourd’hui. Cela nous vengerait du silence public sur ce qui a lieu et nous meut. Cela nous soignerait préventivement de la tristesse et des mensonges intéressés sur le "retour à la normale". Cela confirmerait l’émergence de temporalités décidément rétives à la capture capitaliste de la vie que représente à son tour la "réforme" des retraites, qui -une fois encore - veut arrimer nos biographies à une mesure qui fait du temps d’emploi, et donc de l’exploitation, le sésame de l’existence même.
La retraite figurait l’horizon d’un temps libre. Un mur remplace ce dernier. Avec son précipice amorti, le minimum vieillesse... à 65 ans. Le temps libre, lorsqu’il n’est pas celui des nantis, doit devenir infernal.
Le chômage n’est pas l’envers -heureux ou indigne- du travail, mais l’un de ses moments. C’est ce contrôle du temps de vie que la grève des chômeurs entend combattre, en fabriquant des jonctions pratiques. La grève, tournante, rampante, par blocage, est une libération, une libération de l’activité, enfin orientée vers des fins qui lui soient propres. Un refus de ce monde.
À ce bonheur, chacun peut et doit prendre part pratiquement. On connaît le dicton, "tu cherches, tu trouves". Allons chacun à la rencontre de ce qui est là, maintenant, dans le lynannaj qui se construit.
C’est l’amour qui apprend à l’homme à croire vraiment au monde des objets extérieurs à lui (K. Marx, La sainte famille). Que la fatigue d’être soi, un dividu concurrentiel et misérable arque-boutté sur tel ou tel fragment d’identité, s’évanouisse à nouveau dans la puissance du nous.
C’est la rue qui fait la loi