Une tribune pour les luttes

Les objets de la fabrique - chapitre 11/12

La Fenêtre - Jean Michel Calvi

Article mis en ligne le samedi 9 avril 2011

Les objets de la fabrique

11-LesObjetsdelaFabrique-La fenêtre-JMCalvi

_ Dans le collège régnait maintenant une activité fébrile de ruche, assez peu différente de l’absurde agitation des bureaux de la rue. Quoi de plus normal après tout ? C’était là qu’on formait les futurs esclaves de demain. On leur apprenait déjà à courber l’échine, à dire oui à la vie, cette vie dégradante qui doit réjouir le diable, probablement, s’il existe. L’idée que Polly se trouvait prisonnière de cette caserne me remplissait de désespoir. En côtoyant tous ces visages atrocement quotidiens, grisâtres, elle redevenait semblable aux autres, une enfant des hommes, un matricule, une photo d’identité, une fiche d’état civil, un livret scolaire, un groupe sanguin…

…Vous étiez un élève si brillant, autrefois, vos dissertations étaient tellement différentes de celles de vos autres camarades, insolites, avec ce petit grain de folie qui caractérise les esprits vraiment profonds et originaux. Et ce sont eux qui ont réussi, comme on dit, eux, les médiocres : ils sont devenus médecins, avocats, pédégés, cadres moyens ou cadres supérieurs, piliers de l’ordre établi ou contestataires sans risque, avec femmes et enfants, une maîtresse ou deux éventuellement, petit compte en banque, des rêves étriqués de sales petits bourgeois.
Jean-Pierre Martinet, Jérôme

4 heures, midi. Midi, 20 heures. 20 heures, 4 heures. Les trois huit, comme on dit. Voilà vingt ans qu’Hervé vit à ce rythme. Il ne se plaint pas, c’est bien payé, fatigant, mais bien payé, avec deux jours de battement entre chaque période de six jours, deux jours pour chaque horaire. Une verrerie qui appartient à un grand groupe devenu un immense groupe international. Pointeuse, passage devant les énormes fours , et installation à son poste dans l’immense atelier où arrivent, en s’entrechoquant, différentes sortes de récipients en verre, du petit pot pour bébé à la bouteille d’eau minérale ou au pot de confiture : on vérifie, on met en carton, on met sur palette et ça recommence. Depuis vingt ans, il contribue à la fabrication d’objets en verre suivant les normes établies par la direction : forme, calibrage, quantité. Ces normes sont souvent la conséquence du marché qu’il faut bien inonder avec les produits que le consommateur veut ou qu’on lui fait vouloir.
Dans toute cette vie de travail, Hervé n’a pas vraiment son mot à dire. Il exécute, d’autres pensent pour lui. Quelquefois une petite grève, pour un peu plus de salaire, le jeu habituel, bien huilé, chacun son rôle.
Aujourd’hui, c’est autre chose. Le grand groupe coupe, recoupe, vend, achète, se restructure. La mondialisation oblige, paraît-il. La fabrication du verre ne l’intéresse plus, lui fait perdre de l’argent, enfin, pas vraiment, plutôt empêche le bénéfice redistribué aux actionnaires d’être plus important. Il vaut mieux acheter les flacons à d’autres qui le fabriquent à l’étranger. Alors la verrerie, exit, on ferme, la représentation est terminé, que tous les acteurs rentrent chez eux, on ne veut plus les voir, sauf quelques uns, mais triés sur le volet et expédiés aux quatre coins du pays ou du monde. Manifestations, séquestration de cadres, petits feux de palettes devant les caméras, petits discours très fermes pour faire peur à ceux qui font mine d’avoir peur, la crise vous comprenez, la crise, terrible. Et quand les indemnités atteignent ce qu’elles doivent atteindre, on tire le rideau pour de bon, on applaudit une pièce écrite pour tous les temps mais qui a toujours le même succès. Ceux qui voulaient vraiment faire la révolution s’en retournent à nouveau vers un autre plateau de tournage.
Pas de panique chez Hervé. Madame est caissière dans un hyper, avec intéressement. Les indemnités de licenciement, bien placées, permettent de voir venir. Repos bien mérité. Tiens, je vais aller chercher mon gone à l’école, ça lui fera plaisir et à moi aussi. Je n’ai jamais mis les pieds dans son école, j’ai même de la peine à me rappeler en quelle classe il est. Il est étonné de la masse de parents attendant devant le portail de la cour. Sonnerie. Meute des rangs qui se précipitent à tour de rôle vers ce goulet d’étranglement. On dirait des fourmis, se dit-il. Ca me rappelle l’usine, quand on partait après nos huit heures. Tout le monde se précipitait dehors par un étroit couloir, vite, de l’air, respirer. Tous ces enfants font de même. Certains s’accrochent aux jupes de leur mère, d’autres attendent en scrutant les alentours, déjà avec l’angoisse qu’on les ait oubliés ou qu’un drame se soit joué sans eux. Ceux qui partent seuls se dandinent en balayant l’air de leur cartable, avec l’espoir que le chemin jusqu’à leur domicile pourra remplir convenablement cette besace appelé liberté, petite mais précieuse. Salut gamin. T’es venu me chercher. On est à pieds ? On n’est pas pressé et il fait beau. Une main de travailleur au chômage dans une main de travailleur en activité. Merci papa.
Alors, la journée a été bonne ? Bof, comme d’habitude. Silence qui en dit plus long qu’un discours précis sur le contenu de la journée. N’y pensons plus, la journée est finie. Non, papa, non, la journée n’est pas finie, j’ai des devoirs, des tonnes de devoirs. Ah oui, c’est vrai, ces sacrés devoirs à faire à la maison. Tu les fais avec maman d’habitude ? Oui, quand elle a le temps, sinon je me débrouille tout seul. Dis voir, papa, tu dis bien toujours que ce sont toi et maman qui commandez à la maison. Alors pourquoi vous acceptez que la maîtresse commande chez nous ? Qu’est-ce-que tu racontes, fiston, ta maîtresse elle commande pas chez nous, j’voudrais bien voir ça. Si, si papa, elle commande parce qu’elle m’oblige à faire un travail à la maison qu’elle décide, elle, à l’école, et vous, vous laissez faire, vous ne vous demandez même pas si c’est bien et utile, vous m’obligez vous aussi, et des fois c’est le drame parce que j’en ai marre, mais vous, vous obéissez à la maîtresse, comme pour les punitions, vous cherchez même pas à savoir mon point de vue, faut faire, faut obéir à la maîtresse, même à la maison, alors non, vous commandez pas chez vous, vous vous laissez faire !
C’était parti, comme ça, une vraie rage subite, un ras le bol, une incompréhension jamais exprimée. Tu ne sais pas ce qui se passe à l’école, vraiment. Vous me laissez là, depuis des années, toute la journée. Vous ne vous posez aucune question sur cette double journée que sont les devoirs, et moi je vois bien que ça ne me sert à rien. Quand j’ai compris un truc, à quoi bon faire un énième exercice, toujours le même d’ailleurs, et si je n’ai pas compris le truc, je ne le comprends pas mieux, et les explications de maman, qui s’énerve, qui épluche les patates en même temps ou qui répond à ma sœur, ou à la question de Questions pour un champion, ses explications m’embrouillent plus qu’autre chose. Et puis on s’emmerde, à l’école, toujours assis à écouter et à obéir, et à écouter et à faire des exercices, toujours des exercices, et parle pas à ton voisin, et souligne avec la règle, et écris le titre à 4 carreaux de la marge. Et si moi j’ai envie à 3 carreaux un jour, puis à 5 un autre jour, ça gène en quoi ? C’est mon cahier ou celui de la maîtresse ? C’est quoi le bonheur, papa ? C’est bien travailler à l’école pour avoir un bon travail plus tard, y passer tout son temps, obéir tout le temps sans poser de questions et être licencié comme toi ?
Silence. Deux mains moites l’une dans l’autre. La fraicheur du soir qui commence à imprégner les odeurs. La terre qui tourne à la même vitesse parmi les milliards d’autres particules de l’univers.
Après le goûter, Hervé dit à son fils de laisser tomber ses devoirs, qu’il parlera à la maîtresse demain, et de venir au garage avec lui pour l’aider à réparer la tondeuse. Je t’expliquerai un peu comment ça marche, un moteur.
Vous venez manger ? Déjà ! C’était chouette, papa.
Hervé a du mal à dormir. Cette histoire d’aller voir la maîtresse, ça l’embête. Elle va mal réagir, sûrement, dire que c’est son métier, qu’elle sait ce qu’elle fait, ce qui est bon pour les élèves, que c’est facile de débarquer comme ça alors qu’elle ne m’a jamais vu auparavant alors que mon fils a des difficultés, et en plus, pas faire ses devoirs, comme si c’était en ne faisant rien qu’on apprend. Comment lui expliquer qu’il a appris beaucoup de choses en bricolant avec lui, je ne saurai pas expliquer, mais je le ressens ? Et puis pour une fois, savoir être à l’écoute de son enfant.
Il va la voir le lendemain, mal à l’aise, un peu comme quand il avait fait une bêtise petit.
Bonjour, je suis le papa d’Hugo, je pourrais vous parler.
Si vous voulez, mais pas longtemps, ça va bientôt sonner.
C’est juste pour vous dire qu’Hugo n’a pas pu faire ses devoirs hier soir. On a eu un empêchement familial. Vous voudrez bien l’excuser.
Oui, bien sûr, mais vous savez, il faut vraiment qu’il les fasse tous les jours, parce qu’Hugo a vraiment de grosses difficultés et c’est indispensable qu’il travaille à la maison.
Mais il me dit que, quand il n’a pas compris, ce n’est pas en faisant des exercices supplémentaires à la maison qu’il comprendra mieux, puisqu’il n’arrive pas à les faire.
En classe, je réexplique une fois, mais je n’ai pas le temps de ne m’occuper que de lui. Il y a les autres et on doit avancer dans le programme. Je le prends déjà toutes les semaines en aide personnalisé le soir. Je ne peux pas faire plus. D’ailleurs, à ce propos, je vais mettre aujourd’hui dans son cahier de liaison une invitation pour une équipe éducative, parce que je me fais vraiment du souci pour la suite de sa scolarité. On en reparlera donc. Au revoir, Monsieur.

Il marmonne un au revoir merci. Il a l’impression d’être un gros pataud ne sachant plus que faire de son corps encombrant. Et tous ces regards des autres enseignants, postés au portail. Partir, vite, se cacher, le vilain papa qui n’a pas pris conscience des difficultés de son fils. On ne l’avait jamais vu. Oui, mais je crois qu’il est au chômage en ce moment. Et le chômeur rase les murs, les mains dans les poches, les épaules relevées. Il a l’impression d’avoir déjà vécu cette situation, il cherche dans sa mémoire, oui, c’est ça, ce n’était pas tout à fait pareil, mais pourtant, un peu quand même. C’était à la boîte. Le chef l’avait convoqué pour lui dire que depuis quelques temps, son travail n’était pas vraiment satisfaisant. Lui, il avait expliqué qu’on lui avait mis une tache supplémentaire sans vraiment prendre le temps de lui montrer le bon geste, la bonne méthode, et en plus avec une cadence augmentée. Mais le chef lui avait répondu qu’on lui avait expliqué une fois, que ça devait suffire parce qu’on n’avait pas de temps à perdre et qu’il y avait un programme de production à respecter parce que la concurrence ne lambinait pas, elle, qu’il fallait donc qu’il s’y mette sérieusement, sinon, tu vois ce que je veux dire, y’en a plein dehors qui prendraient bien ta place.
Productivité, efficacité, vitesse, respect de la programmation. Marche ou crève.
Il va à l’équipe éducative avec sa femme. Elle a pu se faire remplacer. Tous assis autour d’une table dans le bureau du directeur, la psychologue scolaire et une enseignante du RASED, la maîtresse, le médecin scolaire et le directeur. Et eux. Tous très gentils. Tous très humains, avec les formes. Tous avec des mines de professionnels qui savent. Et tous parlent à tour de rôle. Hugo n’arrive pas à devenir élève, il ne s’investit pas dans son travail, il a du mal à conceptualiser, il a du mal avec l’explicite, il a du mal à raisonner, il a du mal à retenir durablement, il a du mal, il a du mal, il a du mal… Les évaluations nationales ont été catastrophiques en math comme en français, il est bien en dessous de la moyenne. Il est suivi par le RASED depuis deux ans, il a été bilanté, l’école n’est pas approprié pour lui, il faudrait une CLIS, on va vous expliquer ce que c’est, c’est très bien… Et eux, ils essaient de dire, avec leurs mots, avec leurs mains jointes sur la table devant eux, qu’à la maison Hugo fait beaucoup de choses, qu’il aime bricoler, tenez, il a même fabriqué une petite voiture à moteur, qu’il est volontaire, qu’ils font tout pour l’aider mais qu’ils ne savent pas vraiment comment faire, que la CLIS, ça leur fait peur, ça va encore le mettre à l’écart, et ça débouche sur quoi ? Et ils signent, parce que comment faire autrement puisque l’école ne peut plus rien faire, qu’ils ne peuvent pas s’occuper que de lui alors qu’en CLIS il pourra avoir un programme personnalisé. Et dans la signature sèche l’encre du chagrin d’Hugo et s’inscrit le verdict de la non-conformité du produit Hugo aux exigences de la production finale.
Après un repas empli du silence de la culpabilité, Hervé tente une sieste et le sommeil finit par l’envahir, et puis un rêve ou un cauchemar, qui sait. Il est à l’usine, à la chaîne de réception des bouteilles, quand elles ont encore tièdes du four et qu’il faut les trier et les emballer. Mais les bouteilles sont bizarres, elles se terminent toutes par des têtes d’enfant, muettes. Et là, son fils, là aussi, et là encore. Les bouteilles enfants cliquettent sur le tapis qui avance inexorablement. La direction en a dicté la forme et le nombre, des ouvriers spécialisés ont réglé les machines en fonction de ces ordres, et les voilà, encore pleine de la chaleur de leur matrice, avancer vers leur destin décidé et programmé. Et lui, au premier poste, il doit observer chaque bouteille enfant et, par une pichenette, éjecter dans un trou en face de lui celles qui ont un défaut, qui ne sont pas dans la norme dictée. Et chaque fois des yeux qui le regardent, immobiles, mais si expressifs. Eh, fais gaffe, t’as laissé passer cette bouteille, bon dieu, t’es pas réveillé ou quoi, on va se faire engueuler et la palette sera refusée. Mais c’est mon gosse, tu vois pas, mon gosse. Pas l’savoir, jette, pas aux normes. Et l’usine devient l’école, et son chef devient la maîtresse qui lui crie : « Tu n’as donc pas compris que nous contribuons à la fabrication d’objets humain suivant les normes établies par la direction : forme, calibrage, quantité. Ces normes sont souvent la conséquence du marché qu’il faut bien alimenter avec les acteurs nécessaires à la bonne marche du système. »
Le soir, Hugo demande à ses parents ce qui s’est dit à la réunion. Il faut bien lui dire la vérité. Lutte contre les larmes. Et ce regard porté sur ses parents, muet, qui parle un langage d’incompréhension, qui hurle un sentiment d’abandon et qui, au final, retourne à l’intérieur pour imprimer dans les neurones la fatalité de la nullité. Le père et la mère ne peuvent soutenir ce regard. Action. Bon allez, faut passer aux devoirs.

Une télé imaginaire s’allume dans la pièce.

Dialogue 1
Tu aimes tes enfants ?
Si j’aime mes enfants, t’es pas un peu idiot de poser cette question. Si j’aime mes enfants ! Mais enfin, c’est tout pour moi, je ferais tout pour eux, je donnerai même ma vie pour eux s’il le fallait.
N’allons pas aux extrêmes, ça nous empêche de voir le quotidien. Leur quotidien, à tes enfants, c’est l’école. Qu’est-ce que t’en pense ?
Oui, l’école, j’en pense rien. Il faut qu’ils travaillent bien, qu’ils aient des bons résultats. Je surveille tout ça. Pour leur avenir.
Tu te poses pas la question si ce qu’ils apprennent c’est bien ?
Non, pas vraiment, les programmes sont définis par des spécialistes, je fais confiance.
Tu ne vois rien d’idéologique, toi, dans les programmes ? Dans la notion même de programme pré défini pour tous ?
J’en sais rien.
Et est-ce que tu te poses la question sur la façon qu’a l’école pour transmettre ces connaissances, ce qu’on pourrait appeler pour résumer grossièrement, par la pédagogie ?
Je fais confiance aux enseignants, c’est leur métier, chacun son truc.
Et pourtant, tu me disais que tes enfants c’était tout pour toi, et là, tu ne t’inquiètes pas de savoir comment l’école leur transmet des connaissances alors que c’est un processus très important qui les structure profondément et conditionne leur vie d’adulte. Intéresse toi vraiment à la pédagogie, c’est aussi une preuve d’amour et sans doute une grande épreuve de désappropriation.

Dialogue 2
Tu vois, ça fait 20 ans que je suis responsable syndical, et chaque année je constate qu’il y a de moins en moins de militants qui veulent s’investir.
_Dans les associations c’est pareil, difficile de trouver des bénévoles.
C’est l’évolution de la société, l’individualisme est roi.
Mais attendez tous les trois, vous êtes des enseignants je crois. L’école, qui forme en partie les adultes de demain, elle n’aurait pas une responsabilité dans ce qu’est la société ? Qu’est-ce que vous faites, dans votre pratique quotidienne avec les enfants, pour lutter contre cet individualiste ?
On leur apprend à se respecter, à vivre ensemble, à respecter les adultes et des règles.
Et dans votre manière de faire acquérir les connaissances à vos élèves, que faites-vous ?
C’est autre chose, nous on est là pour qu’ils apprennent, on essaye de tout faire pour, on explique d’une manière, puis d’une autre, on fait de l’aide personnalisée avec des petits groupes.
Et oui, le savoir passe par vous obligatoirement, et chaque élève individuellement doit se débrouiller pour l’acquérir par votre biais, vos manies, et vous les évaluez individuellement , et surtout dans le calme et le silence, le groupe classe n’est qu’un rassemblement d’individus qui, s’ils font la même chose au même moment, ne font pas grand-chose ensemble. Avec la pression de tous les adultes de leur réussite individuelle. Avec une compétition qui ne dit pas son nom, l’échec des uns servant à justifier la carotte illusoire du « si tu ne travailles pas bien, tu seras… (on fait suivre un nom de métier repoussoir changeant suivant les époques). »

Dialogue 3
Marre de cette société de merde. On va à la catastrophe : l’argent roi, les inégalités, la pollution, la fuite dans la consommation et la croissance…
Ola, beau Don Quichotte, tu t’en reviens d’une énième manifestation, d’une énième pétition. Et je te retrouve à ta table de travail en train de corriger tes cahiers. Et à l’école, comment t’y prends-tu pour continuer ta lutte ?
Tu sais, j’y vais mollo, cette année je suis inspecté, alors programme programme. J’ai encore la maison à payer, il faut que je puisse changer d’échelon rapidement. Donc bonne note obligatoire.

Manifeste
Dès qu’il passe les portes de l’entreprise-école, l’enfant devient un élève proche d’un objet qui devra, tout au long de sa vie d’écolier et d’étudiant, apprendre passivement ce qu’on a choisi pour lui en reproduisant des comportements et en suivant des chemins cognitifs qu’on lui impose. Les cadres et les dirigeants décident des programmes, les méthodes et des normes de réussites suivant les besoins de la société. Les enseignants, ouvriers qualifiés, appliquent les instructions et façonnent les élèves-objets. Des évaluations régulières permettent petit à petit de séparer ceux qui sont aux normes des autres. Ceux qui sont aux normes obtiendront le diplôme-label sanctionnant leur normalité et leur degré d’efficacité. Les autres seront jetés aux oubliettes de pôle emploi.

Allez Paulo, c’est l’heure de l’apéro, hé, tu rêves ou quoi ?

Chapitre suivant : Postface

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