Une tribune pour les luttes

Boats 4 People :

Contrôler les contrôleurs de l’immigration pour stopper l’hécatombe en Méditerranée

Article mis en ligne le dimanche 5 février 2012

Avec les liens :
http://boats4people.org/index.php/fr/

Vendredi, 20 Janvier 2012 19:46

Chaque jour des embarcations se perdent et coulent, ou sont secourues dans des circonstances dramatiques, dans le Canal de Sicile ou au large des Pouilles, en eaux tunisiennes, maltaises ou italiennes. Ces embarcations sont empruntées par des personnes qui continuent de quitter le continent africain, cela malgré la dite stabilisation politique du Maghreb-Mashrek. Chaque naufrage et chaque tragédie s’ajoute encore aux plus de 2000 noyades de migrant-e-s en Méditerranée comptabilisées par le HCR depuis le début de l’année 2011.

Force est de constater que le parcours de ces bateaux de fortune n’attire pas l’attention de la presse, contrairement à ce qui s’est passé durant le conflit libyen, alors que les hommes de Kadhafi forçaient, l’arme à la main, les Subsahariens à prendre la mer et que ces derniers subissaient des exactions de la part des rebelles du Conseil National de Transition (CNT).

Force est aussi de constater que les opérations de recherches et de secours (SAR), sont souvent entreprises de façon tardive et montrent un réel manque de volonté d’accueil et d’assistance de ces exilé-e-s de la part de l’Union Européenne. Cela alors que les forces européennes en Méditerranée disposent d’un grand nombre de moyens. En effet, aujourd’hui, la présence de Frontex, notamment à travers l’opération Hermès dans le Canal de Sicile, ajoutée à celle de l’OTAN, les forces navales et aériennes ainsi que les radars fixes et mobiles surveillent tout ce qui se produit en Méditerranée. Depuis le printemps dernier, plusieurs affaires dont celle du navire Almirante Juan de Borbón ont montré que les navires des États européens étaient susceptibles de ne pas respecter à la fois le devoir d’assistance en mer inscrit dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et le principe de non refoulement inscrit dans la Convention de Genève. Par ailleurs, le nombre de réinstallations concernant les réfugiés bloqués en Libye ou dans des pays limitrophesa été très limité voire nul pour certains pays comme la France. Enfin, des accords de réadmission sont déjà prévus voire engagés entre l’Union Européenne et la Tunisie et la Libye pour faciliter l’expulsion des migrant-e-s.

Nombre de naufrages pourraient donc être évités par les forces en présence en Méditerranée et l’Europe pourrait très bien ouvrir ses portes aux nombreux migrants qui viennent y chercher une vie meilleure.

Dans un tel contexte, il nous semble plus que nécessaire que la société civile méditerranéenne des deux rives s’organise pour contrôler et dénoncer les contrôleurs de l’immigration (OTAN, Frontex, Brigade financière italienne, armée maltaise, gendarmerie tunisienne etc.) et mobiliser l’opinion publique sur le grand nombre de noyades qui continuent de se produire notamment dans le canal de Sicile.

Notre projet consiste à organiser le contrôle des contrôleurs de l’immigration grâce à des opérations en mer réalisées en parallèle d’un travail juridique et de mise en réseau des organisations méditerranéennes (société civile, syndicats, organisations de marins...). Nous souhaitons articuler la défense du droit des migrant-e-s au respect du droit de la mer et à l’accès aux zones dans lesquelles se produisent les naufrages. Cela afin de faire pression à la fois sur les autorités européennes et sur les nouvelles autorités dans le nord de l’Afrique afin de revendiquer les droits des migrant-e-s à être secouru-e-s en mer et à être protégé-e-s en territoire européen si elles/ils en font la demande.

L’originalité du projet Boats 4 People est l’organisation d’actions (observation civile, récolte de données, médiatisation, actions en justice) dans des espaces jusqu’à présent inaccessibles : les zones maritimes. C’est pourquoi nous avons besoin d’affréter un ou plusieurs bateaux afin de nous rendre dans le canal de Sicile pour effectuer une première mission qui partirait de Rome en juillet 2012 et se rendrait en Sicile puis jusque dans la zone de passage des embarcations de migrants entre l’Italie, la Tunisie et la Libye. Cette mission, qui durera de trois semaines à un mois, a trois objectifs principaux : la médiatisation de la situation dans le canal de Sicile, l’observation civile et le contrôle des contrôleurs de l’immigration, la récolte de données dans l’objectif d’alimenter des plaintes devant les tribunaux nationaux et internationaux ainsi que la rédaction de rapports.

Cette mission revêt une forte dimension symbolique et médiatique et embarquera des journalistes, des personnalités du monde politique et artistique euro méditerranéen. Chaque étape du parcours donnera lieu à des actions symboliques ainsi qu’à des conférences de presse et des rencontres avec les groupes politiques et associatifs locaux qui traitent du sujet de la migration.

Cependant, le projet Boats 4 People ne se limite pas à l’organisation de cette mission, qui servira d’élément de visibilisation d’une campagne de fond menée sur plusieurs années. Le projet a mis en place un important travail de recueil de témoignages, d’étude d’images satellites des trajectoires des navires militaires et de construction de dossiers juridiques afin de déposer des plaintes contre les acteurs étatiques responsables de ne pas avoir porté assistance à des migrant-e-s en détresse. Le projet comporte aussi un travail de recherches juridiques afin de diffuser aux marins et gens de mer des informations sur le devoir d’assistance en mer et le délit de solidarité en cas d’assistance aux migrant-e-s. Enfin, un travail de réseau a été entamé avec les syndicats de gens de mer et les plaisanciers afin de faire connaître nos actions et de récolter des soutiens dans ce milieu. Ce projet se construit bien sûr dans une dynamique de travail collectif entre les associations adhérentes à la campagne sur les deux rives de la Méditerranée. A terme, ces différents axes visent à construire un réseau méditerranéen pérenne de soutien politique et juridique aux migrant-e-s en mer.

Afin que cette campagne soit visible, emporte un impact médiatique et une large mobilisation, nous avons besoin de votre soutien politique et financier. De plus, nous vous invitons vivement à participer aux actions de Boats 4 People et à relayer les informations sur la campagne dans vos réseaux.

Don en ligne :http://boats4people.org/index.php/fr/

Les organisations de Boats 4 People

Comité de pilotage international Boats 4 People

International : FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), Réseau Euro-Africain Migreurop

Tunisie : Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux, Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, CETUMA (Centre de Tunis pour la Migration et l’Asile)

Maroc : GADEM (Groupe Antiraciste de Défense et d’accompagnement des Étrangers et Migrants)

Allemagne : Réseau Afrique-Europe-Interact, Réseau Welcome to Europe

Italie : ARCI (Associazione Ricreativa e Culturale Italiana)

Belgique : CIRE (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers), Ligue des Droits de l’Homme Belgique

Pays-Bas : All Included

France : CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), FASTI (Fédération des Associations de Soutien aux Travailleurs-euse-s Immigré-e-s), Cimade, Gisti (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés), RESF 13 (Réseau Éducation Sans Frontières Bouches du Rhône)

Premiers soutiens associatifs

CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), CIRE (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers), CNCD (Belgique), FASTI (Fédération des Associations de Soutien aux Travailleurs-euse-s Immigré-e-s), FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), Gisti (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés), Forum Social Tunisien (Tunisie), RESF 13 (Réseau Éducation Sans Frontières Bouches du Rhône), Réseau Foi et Justice (France), Fluechtlingsrat Hamburg...


Triste record pour les traversées de la Méditerranée par les migrants et les réfugiés en 2011

31 janvier 2012

Selon les estimations du HCR, plus de 1500 personnes se sont noyées ou sont portées disparues depuis leur tentative de traversée de la Méditerranée vers l’Europe en 2011. L’année 2011 est donc la plus meurtrière dans cette région depuis que le HCR a commencé à enregistrer les statistiques en 2006. Le précédent chiffre le plus élevé avait été observé en 2007, lorsque 630 personnes avaient trouvé la mort par noyade ou étaient portées disparues.

Nos équipes en Grèce, en Italie, en Libye et à Malte ont prévenu que le nombre de décès survenus en mer observé actuellement pourrait même encore s’accroître. Nos estimations sont fondées sur des entretiens effectués avec les personnes qui sont arrivées en Europe par bateau, sur des appels téléphoniques et des e-mails de proches ainsi que sur des informations provenant de Libye et de Tunisie de la part de survivants dont le bateau avait chaviré ou avait été secouru au tout début de la traversée.

Nous sommes préoccupés car, depuis le début de l’année 2012, malgré les mauvaises conditions de navigation en mer, trois bateaux ont tenté la traversée périlleuse depuis la Libye, et l’un d’entre eux est porté disparu. Ce bateau, qui transportait au moins 55 personnes, a émis un signal de détresse le 14 janvier, pour un problème de panne du moteur. Les gardes-côtes libyens ont informé le HCR que 15 corps sans vie, tous identifiés comme étant ceux de ressortissants somaliens, ont été rejetés par la mer sur différentes plages la semaine dernière, y compris 12 femmes, deux hommes et un bébé. Dimanche, trois autres corps sans vie ont été retrouvés. Il a été confirmé plus tard que toutes les personnes qui avaient péri étaient des Somaliens provenant de l’installation de fortune située à Tripoli et connue sous le nom de Railway Project.

Les deux autres bateaux qui ont réussi à rejoindre Malte et l’Italie en janvier ont nécessité une opération de sauvetage en mer. La première opération de secours a été menée par les gardes-côtes italiens le 13 janvier et a concerné 72 ressortissants somaliens. Parmi les personnes secourues, se trouvaient notamment une femme enceinte et 29 enfants. Le second bateau a été secouru par les forces armées maltaises le 15 janvier dernier, avec l’appui de la marine américaine et d’un bâtiment de la marine marchande. En tout, 68 personnes ont été secourues à partir d’un radeau de sauvetage à la dérive localisé à 56 miles nautiques de Malte. Une petite fille est née à bord de l’un des bâtiments ayant participé à l’opération de sauvetage en mer. Une autre femme aurait fait une fausse couche durant le voyage.

Le HCR se félicite des efforts menés par les autorités italiennes, maltaises et libyennes pour porter secours aux bateaux en détresse dans la mer Méditerranée. Nous renouvelons notre appel à tous les capitaines de navires naviguant en Méditerranée, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, de rester vigilants et de continuer à porter assistance aux bateaux en détresse en mer.

Source http://www.unhcr.fr/4f280ad3c.html

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