Nous invitons toutes les activistes de la Marche Mondiale des Femmes à rester vigilantes par rapport à la situation actuel à l’Est de la République Démocratique du Congo. Hier, le 20 Novembre de 2012, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la ville de Goma, au Nord Kivu. Ils se sont retirés de Goma pendant la nuit et après avoir refoulé des combattants Maï-Maï, ont pris le controle de la ville de Sake, le matin du 21 Novembre, dans la route vers Bukavu. Selon des informations des Nations Unies, dans cette offensive, ils ont blessé des civils et poursuivi des enlèvements d’enfants et de femmes. Des viols de femmes et des exécutions sommaires ont aussi été rapportés.
Le M23 a été formé en avril 2012 par des soldats, la majorité des anciens membres du CNDP (Congrès National de Défense du Peulple), qui accusent le gouvernement congolais de ne pas accomplir les accords de paix signés en 2009 qui les ont integré dans l’armée congolaise (FARDC). Initialement, son chef militaire était Bosco Ntaganga, nommé « Terminator » et recherché par la Cour Pénale International pour crimes de guerre.
Selon les Nations Unies, entre avril et septembre 2012 le conflit a tué 264 civil-es, y compris 83 enfants, et provoqué le déplacement des milliers de personnes. Diffusé en juin 2012, le rapport annuel du Comité des sanctions de l’ONU sur la RDC a accusé le rôle du gouvernement Rwandais de soutenir la mutinerie armée dans l’Est de la RDC. Le groupe d’experts de l’ONU affirme que les forces armées rwandaises « fournissent du matériel militaire, des armes, des munitions et des fournitures diverses aux rebelles du M23 » et octroient soutien et protection au général Bosco Ntaganda. L’implication du gouvernement rwandais était déjà dénoncé par Human Rights Watch.
Malgré des rapports, des visites d’experts, des réunions spéciales du Conseil de Securité de l’ONU, et même la présence d’un contingent de 17 000 militaires de la MONUSCO (Mission des Nations Unies de stabilisation de la République Démocratique du Congo), rien n’a empêché l’offensive actuelle du M23 qui a provoqué ces derniers jours le déplacement de près de 60 000 personnes et a plongé la région dans l’insécurité alimentaire et de santé publique.
Les groupes qui intègrent la Marche Mondiale des Femmes en RDC dénoncent que les défenseurs des droits de l’homme sont la cible des agresseurs et courent des risques. Il y a deux semaines, la secrétaire permanente de CAFED, collectif membre de la MMF au Nord Kivu avait été enlevée, et retrouvée deux jours après, ayant été battue par ses ravisseurs. Le directeur de l’hôpital Panzi, qui s’occupe des femmes victimes de violences sexuelles, a échappé à une tentative d’assassinat devant sa maison, il y a aussi deux semaines.
Les groupes de la MMF en RDC exigent l’intégrité de leur territoire face à des permanentes menacées de balkanisation de la région. Elles dénoncent la présence des militaires rwandais et se demandent d’oú vient le lourd et moderne équipement militaire utilisé par le M23. Elles nous disent : « nos richesses font toujours la convoitise des multinationales qui, au prix du sang des congolais, veulent nous assujettir. La vie n’a pas de prix à leurs yeux. Les femmes et les enfants ont malheureusement toujours été victimes. »
Nous sommes en contact permanente avec nos sœurs à l’Est de DRC et nous continuerons à vous informer de la situation là-bas. De plus, prochainement, nous vous demanderons de manifester face à nos gouvernements et aux Nations Unies.