LE 1ER AOÛT, À OAXACA, capitale de l’État du même nom, six mille femmes armées de casseroles ont occupé la radio et la télévision officielles. Pendant trois semaines, à micro ouvert, elles- et leurs maris - vont remplacer les journalistes devant les caméras et présenter les infos sans rougir de leurs tabliers de ménagère. Radio La Ley est rebaptisée Radio Casserole. Voilà maintenant plus de cent jours que Oaxaca, état voisin du Chiapas, est entré en zone de turbulences. Ça a commencé le 22 mai, en pleine campagne électorale, avec une grève des maîtres d’école. Leur revendication : une prime de vie chère et des moyens pour les écoles rurales. Le gouverneur Ruiz refusant de négocier, 20 000 d’entre eux occupent le centre de la capitale. Le 14 juin, malgré une campagne de presse calomnieuse et après une intervention policière ultra violente contre leur campement, la population s’insurge en leur faveur. Depuis, l’industrie touristique, les administrations et les tribunaux sont en berne et une Assemblée Populaire du Peuple de Oaxaca (APPO), réunissant syndicats indépendants, associations et municipalités en rébellion, paralyse la ville en exigeant la démission du gouverneur. « Le 14 juin marque une rupture dans l’histoire de Oaxaca », déclare Aldo González, dirigeant zapotèque de l’Union des Organisations Sociales de la Sierra Juárez. « La population s’est sentie attaquée. Les premiers à réagir ont été les gens des quartiers. Mais dans la Sierra, les gens collectaient déjà des vivres pour les grévistes. Tous ne peuvent pas se déplacer, mais presque tous sont là ».
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