Une tribune pour les luttes

La prison tue.

Lettre de plusieurs prisonnières de Fresnes suite au décès d’une de leur camarade de 28 ans non soignée en prison .

Article mis en ligne le mardi 29 janvier 2008

Chers amis et camarades,

c’est un cri de colère, de douleur et d’alerte que nous vous
transmettons suite au décès de Lu SEMEDO DA VEIGA, prisonnière, âgée de
28 ans, mère d’un enfant de 11 ans.

La prison tue.

Depuis le mois de novembre, Lu se plaîgnait de maux de
tête, de nausées, de vertiges. Elle en faisait part au service médical
en recevant comme seule réponse du .... doliprane. Lu n’était pas de
caractère à « jouer la comédie », elle continuait à travailler tout en
disant qu’elle se sentait de plus en plus malade et ça se voyait.Tout le
monde le voyai, le personnel pénitentiaire, l’infirmière, les médecins.

Trois mois se sont écoulés jusqu’au 18 janvier. A 4 heures du matin son
mal de tête devient insupportable, Lu n’est plus capable de bouger et
répond à peine.(l’après midi précédent, elle avait signalé à
l’infirmière l’aggravation de son état et demandé d’être hospitalisée).
A 4 heures du matin, donc, sa co-détenue appelle la surveillante,
laquelle décide,sans ouvrir la porte, que Lu pourra attendre jusqu’à
l’ouverture des cellules du matin.

Lu sera hospitalisée à 14 heures de
l’après-midi après avoir subi un arrêt cardiaque et avoir été réanimée
en prison. Nous avons appris son décès à l’hôpital le 22 janvier. Nous
avons rendu hommage à Lu le soir même, à la manière des prisonnières,
avec un « concert » de casseroles tapées sur les barreaux et les portes.

Dénoncer le refus de secours à une personne en danger est la moindre des
choses. Ce n’est pas un accident. C’est une infraction pénale ! Mais
encore, quand a-t-elle commencé cette infraction pénale qui s’appelle
refus de secours, à 4 heures du matin ? ou alors, pendant les mois où Lu a
été laissée en souffrance et son état de santé a été laissé se détériorer
dans l’indifférence ?

Il y en a beaucoup d’entre nous affectées par des problèmes de santé
sérieux, qui sont traitées avec la même indifférence, négligence. Et la
totalité des prisonnières quand elles s’adressent au service médical,
sont exposées au traitement et réflexions méprisantes, et le secret
médical n’est pas garanti.

Nos corps enfermés, nos vies son laissés au bon vouloir, à la « 
sensibilité » du personnel pénitencier et médical, dont
la déontologie est « cibler les détenues qui jouent la comédie » et
sanctionner celles qui sont peu ou moins soumises. La mort n’est pas
égale pour tous. Celle des détenus est du... laissé pour compte. Voilà
la prise en considération de l’être humain à l’heure des programmes de « 
humanisation des prisons ».

La réalité est que la prison réflète la
société. Dans notre société qui se dit consensuelle, la prison offre au
corps de quoi s’occuper : travail sur-exploité, ateliers divers,
formations, activités à souhait. Tant mieux. Mais la prison, comme toute
institution totale, produit plus de malaise que celui qui a entraîné les
personnes à commettre les infraction.
Quels débouchés, alors ? La réinsertion, bien sûr : chacun son « 
réinséré » là d’où il vient ! Dans le rôle social qui lui est assigné ! Et
encore plus méprisé et « habitué » à la méprise.
Autrefois on disait « les prisons, base de luttes ». Cela n’est pas
toujours possible dans l’histoire des sociétés. Ce n’est pas pour autant
que nous arrêterons de dénoncer les pratiques de méprise de la dignité.

Nous demandons qu’une enquête soit ouverte sur la mort de Lu et sur le
service médical de la Maison d’Arrêt des Femmes de Fresnes.

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