Une tribune pour les luttes

Baba Traoré était venu en France pour donner un de ses reins

BABA TRAORE : c’est la troisième mort toujours la même BAC et police du 94.

Et encore des violences policières au Centre de rétention de Vincennes

Article mis en ligne le lundi 7 avril 2008

Le Parisien , lundi 07 avril 2008

Sans-papiers noyé

« MON FRÈRE était quelqu’un de bien. Il est venu en France pour me donner un rein et c’est moi qui lui avais demandé de rester pour ne pas être seule. Il est venu pour me sauver la vie, et c’est lui qui meurt. C’est comme s’il s’était sacrifié pour moi. » Ce jeune Malien de 29 ans est décédé vendredi après avoir sauté dans la Marne, en contrebas du pont de Joinville pour échapper à un contrôle de police à la gare RER de Joinville (Val-de-Marne). Hier, 400 personnes se sont rassemblées sous la pluie sur les lieux du drame à l’appel de Réseau éducation sans frontières (RESF) pour rendre hommage à la victime.

Baba était arrivé en avril 2004 du Mali. Il a 25 ans, est titulaire d’un BEP électricité. Par chance, il est compatible avec Maïmouna, aujourd’hui âgée de 40 ans, qui souffre d’une insuffisance rénale. Le jeune homme accepte de donner l’un de ses reins et se fait opérer en juin. « Lorsque je l’ai vu en consultation annuelle, il se portait parfaitement bien, il faisait du sport... » se souvient le professeur Christophe Legendre, chef de service de transplantation rénale à l’hôpital Necker à Paris, qui l’a fait venir d’Afrique pour effectuer cette transplantation. Célibataire, Baba habite ensuite avec sa soeur dans un deux-pièces humide situé à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis). Il dort sur le canapé, effectue quelques petits travaux de ménage ou dans le bâtiment et joue au foot au Stade olympique de Rosny-sous-Bois, un club de 1re division de District de Seine-Saint-Denis. « Il adorait ça, c’était sa passion ! » se souvient Mahamadou, un ami que Baba connaissait déjà au Mali. Hier, les joueurs du club et leurs adversaires ont observé une minute de silence sur le terrain du stade Armand-Girodit et le numéro 2, porté par Baba, ne sera repris par personne jusqu’à la fin de la saison.

« Il ne savait même pas nager ! »

Mahamadou est encore sous le choc. C’est chez lui que la victime se rendait vendredi lorsqu’il a été contrôlé par les agents de la RATP et la brigade anticriminalité. Baba a son pass Navigo, mais pas de papiers. D’après sa soeur, son autorisation provisoire a expiré il y a un an et son renouvellement a été refusé, mais elle n’a jamais entendu parler de l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière délivré en janvier par le préfet de Seine-Saint-Denis à l’égard de son frère. Le jeune homme n’avait pas peur d’être arrêté, selon ses proches. Il avait déjà été interpellé en septembre et en décembre, avant d’être relâché : « Je ne comprends pas pourquoi il a pris la fuite, ni pourquoi il s’est jeté dans l’eau. Il ne savait même pas nager ! reprend Maïmouna. Il m’avait dit : s’ils ne me donnent pas de papiers, je retournerai au Mali . » La colère se mêle à la tristesse : « Les policiers n’auraient pas dû le suivre, même s’il prenait la fuite... Il n’avait rien volé. Ils avaient l’adresse et auraient pu venir le chercher ici... » Des amis de la victime s’interrogent : « Pourquoi Baba a-t-il sauté ? Il a dû se sentir menacé », raconte l’un de ses coéquipiers de l’équipe de football.

D’après une source proche du dossier, le contrôle s’était passé normalement et les policiers n’étaient pas au contact de Baba lorsqu’il s’est jeté dans la Marne. Une enquête a été confiée à l’inspection générale des services, comme c’est systématiquement le cas lorsqu’il y a un mort. L’autopsie du corps devrait se dérouler aujourd’hui.

De violentes échauffourées ont éclaté hier, vers 5 heures, entre les policiers et les pensionnaires du centre de rétention administrative de Vincennes (XII e ). L’incident a eu lieu alors qu’un homme de 30 ans s’apprêtait à prendre l’avion pour le Mali après une décision d’expulsion. « Les hommes sont devenus ingérables », rapporte Pierre Willem, délégué syndical régional de l’Unsa-Police, qui évoque aussi une « possible réaction » à la mort du sans-papiers malien Baba Traoré.

Anne-Laure Abraham

Le Parisien , lundi 07 avril 2008


Encore des violences policières au Centre de rétention de Vincennes

Une fois de plus. Une fois de trop

Au moment même où, à Joinville-le-Pont, se rendait l’hommage à Monsieur Baba Traoré, sans-papiers mort en tentant d’échapper à la police, nous apprenions qu’à quelques mètres de là, au CRA de Vincennes, soixante personnes en grève de la faim depuis hier, subissaient une répression incroyablement brutale.

Ce soir, la police a décidé de faire cesser la grève de la faim de force. Les grévistes ont été sortis de force de leurs chambres, pour être conduits au réfectoire, et empêchés de sortir dans la cour, et de regagner leurs chambres. Comme il protestaient, les policiers les ont copieusement matraqués. Deux personnes d’origine egyptienne ont été menottées et reconduites ailleurs. Une personne qui se trouvait encore par terre apparemment victime d’une crise cardiaque a été transportée à l’hôpital.
Trois ont été envoyées à l’infirmerie. L’un aurait le bras cassé. Nombreux ont des bleus, y compris des cocards aux yeux. Etc.

De nouveaux renforts policiers, CRS ou garde-mobiles, casqués, sont arrivés sur les lieux, afin de poursuivre la répression.

Nous dénonçons cette répression et appelons à la solidarité avec les détenus dans les camps de rétention.

6 avril 2008

9ème Collectif des sans-papiers

http://9emecollectif.net/


Communiqué du RESF 94

La politique du chiffre a encore tué, ce 4 avril à Joinville-le-Pont (94).

Ce vendredi 4 avril 2008, un jeune Malien de 29 ans est mort à Joinville-le-Pont (94), après s’être jeté dans la Marne pour échapper à un contrôle de police dans la gare RER de Joinville. Il avait montré son abonnement de transport, mais il était frappé d’un arrêté de reconduite à la frontière.

Cet événement tragique est une nouvelle illustration du climat créé par la multiplication des contrôles de police. Oui, la politique du chiffre tue et ce n’est malheureusement pas un slogan.

La mort de ce jeune homme ajoute une victime à une liste déjà longue. En été 2007, Yvan, enfant de treize ans d’une famille russo-tchétchène déboutée de l’asile, est resté quelque temps entre la vie et la mort après avoir tenté de fuir avec son père, par le balcon, la police venue au domicile. En septembre, c’est une femme chinoise, Chulan Zhang Liu, qui est décédée après s’être défénestrée de son appartement à l’approche des policiers. En février, c’est un Kenyan de 19 ans, John Maïna, qui s’est pendu après avoir appris le rejet définitif de sa demande d’asile. Aucune de ces victimes n’a eu le bon goût de relever de l’immigration « choisie » exigée par le président Sarkozy et son ministre de l’identité nationale.

Il faut mettre un point final à cette politique du chiffre qui génère tant d’angoisse et provoque tant de drames. C’est ce que nous dirons, avec le collectif UniEs contre une immigration jetable, avec les collectifs de sans-papiers, avec les syndicalistes qui refusent la mise en concurrence des salariés, avec tous les citoyens épris de solidarité, ce samedi 5 avril, dans la manifestation qui partira à 14h30 de la place d’Italie (Paris), de même que dans certaines villes de province : NON à la xénophobie d’Etat et à ses conséquences meurtrières !

RESF94


RASSEMBLEMENT SUR LE PONT DE JOINVILLE

Baba Traore est la troisième personne tuée par ces courses poursuites qui se
terminent toujours au point endroit : ce fameux pont qui surplombe de très
haut la Marne.A chaque fois Le même scénario, la même police du 94.

Dans cette eau où la mort les a tous poussés.

Pour Michael jeune tagueur, qui a pris peur, il est parti en courant en
voyant la BAC : la BAC du 94 l’a pris en chasse ; ses parents confirment
qu’étant phobique de l’eau, ne nageant pas, ce n’est pas compréhensible,
et pourtant ...il aurait sauté de lui-même...mort noyé.

Puis 2 ans après , la voiture garée en stationnement avec tous les papiers,
carte bleue...et son conducteur en règle, un black, lui aussi "poursuivi" ,
se "jette" au même endroit de ce pont maudit de Joinville qui surplombe de
très très haut la Marne, lieu maudit ou la BAC du 94 et la police du 94
s’exercent à la course poursuite.. ; mort noyé

Puis hier, c’est le tour de Baba TRAORE , Malien de 29 ans , il voulait
échapper à un contrôle de police ,toujours les mêmes flics du 94 , sur ce
même pont, lui aussi "se jette" de ce pont pourtant très élevé...Repêché, il décède
peu après d’un arrêt cardiaque.

Tous tombés au même endroit ...tous "sautent".. ; tous se noient.

Alors BABA TRAORE : c’est la troisième mort toujours la même BAC et police
du 94.

Nous ne pouvons plus tolérer ces actes , cette impunité !

Ce soir 5 avril 2008, environ 200 manifestants après un rassemblement devant le CRA de
Vincennes , sont allés bloquer la circulation et se rassembler, sur ce pont
maudit , à la sortie du RER de Joinville le Pont : là ou Baba, lui
aussi...est mort noyé au même endroit... POUVOIR ASSASSIN.

Sur le pont, la colère était forte, et ceux qui iront demain pourront lire
sur le pont, ce qui A été inscrit ce soir sur la chaussée et sur le pont : "
Pouvoir assassin, fermeture des centres de rétention , ici la police a tué
pour la 3 ème fois
" .

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