Les élections européennes ont eu lieu dimanche en France. Ces élections auraient pu permettre de poser certains débats sur des enjeux politiques européens mais il n’en est rien. Par exemple, l’enseignement supérieur est totalement absent des programmes, discussions politiques, etc. Pourtant, les quatre mois de grèves qui ont paralysé les universités cette année ne sont pas étrangers à des réformes fixées par un cadre européen.
En 1999, 29 ministres de l’éducation de pays européens, de gauche comme de droite, à l’initiative de Claude Allègre, se sont retrouvé-e-s à Bologne afin de fixer des objectifs pour les réformes nationales de nos systèmes d’enseignement. Depuis, d’autre rencontres ont eu lieu (Prague 2001, Berlin 2003, Bergen 2005, Londres 2007 et Louvain 2009), faisant le bilan pour chaque pays européen de l’avancée du processus d’homogénéisation des systèmes d’enseignement supérieur.
L’objectif est on ne peut plus clair : faire de l’union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » et adapter les formations « aux besoins de la société », c’est à dire du monde économique. Cela passe par la mise en concurrence des établissements, officiellement pour permettre aux université d’accéder au très controversé classement « dit de Shangaï » et ainsi obtenir une plus grande lisibilité internationale.
L’accord tacite entre ministres de l’enseignement supérieur avait pour condition principale une autonomie des établissements universitaires permettant des économies budgétaires pour les gouvernements. Ces derniers impliquent nécessairement la recherche de fonds privés par chaque université, ainsi que la mise en chantier de nouveaux moyens de financements (augmentation des frais d’inscriptions, partenariats avec les bassins économiques locaux, etc).
Ces dernières années l’enseignement supérieur européen a été remodelé selon les critères fixés par le processus de Bologne. Dans la plupart des pays cette reconfiguration de l’enseignement supérieur s’est soldée par une augmentation des frais d’inscriptions, la disparition d’universités de petites tailles, une sélection sociale accrue.... Ce processus d’autonomisation de l’enseignement supérieur, instaurant la concurrence entre établissements, a pour effet pervers de voir disparaître à terme, les « plus petits » qui ne pourront, faute de moyens, étendre leur influence et leur rayonnement sur le plan international. C’est notamment le cas en Belgique, où peu à peu les « petites » universités ont été absorbées par les grosses universités, restreignant ainsi la possibilité d’étudier dans certaines régions.
Néanmoins, les réformes libérales dans l’enseignement supérieur en Europe n’ont jamais été appliquées sans de grandes résistances. En France nous avons connu ces deux dernières années des luttes d’ampleur qui s’inscrivaient dans le cadre de réformes dictées par le processus de Bologne. De grandes luttes ont eu lieu en Allemagne, en Grèce, contre la privatisation des universités. Depuis deux ans, en Espagne et en Italie, grèves et occupations d’universités se succèdent contre les réformes libérales de l’université publique.
La fédération des syndicats SUD-Etudiant soutient les étudiant-es et personnels des universités en lutte partout en Europe pour la défense d’une éducation publique au services des peuples et non aux dividendes des banquiers et des patrons. Leur Europe n’est pas la nôtre !