Une tribune pour les luttes

Vous vous préparez peut-être à partir en vacances au Mexique…

Article mis en ligne le lundi 22 juin 2009

Et vous n’êtes probablement pas trop effrayé par les informations en provenance de ce pays, faisant état d’une importante recrudescence de la violence, des assassinats liés au narco-trafic (dans lequel la police, très corrompue, prend une part importante) et des enlèvements ou autres agressions contre des ressortissants étrangers (récemment un universitaire français a été tué d’une balle dans la tête en sortant de l’aéroport de Mexico, parce qu’il refusait de remettre la sacoche qu’il transportait). Vous n’avez pas peur, non plus, de la grippe (porcine ou humaine) et des cafouillages des services de santé nationaux et internationaux autour de cette sombre histoire. C’est courageux de votre part. Et puis, c’est vrai, vous avez une bonne assurance, le médicament ad hoc dans les bagages... de plus, le Mexique est un beau pays.

Par contre, vous ne devriez pas ignorer que le tourisme, loin de bénéficier aux populations paysannes locales, renforce les politiques d’expulsion et d’exclusion. Les populations indigènes, au Chiapas, dans l’Oaxaca, le Yucatán ou le Guerrero, sont « nettoyées » des lieux les plus touristiques (qu’elles ont souvent préservés pendant des siècles), afin de permettre l’installation de complexes hôteliers, voire la pratique d’un soit-disant « écotourisme ». Au Chiapas, 8 paysans indigènes tseltal, habitants de la communauté de San Sebastián Bachajón, ont été arrêtés le mois dernier, torturés et contraints de signer de faux « aveux » sur leur prétendue participation à des attaques de cars de touristes. La véritable raison de leur arrestation est leur opposition à la construction d’une autoroute destinée à favoriser l’invasion touristique entre San Cristobal et Palenque, et qui doit traverser leurs terres. Des terres pour eux nourricières et sacrées. Ces paysans n’ont même pas pu avoir accès à un traducteur, et ils risquent de lourdes peines. Amnesty International, le Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas, essaient vainement d’intervenir en leur faveur. Rien à faire. Le gouverneur Juan Sabines ne comprend que le langage de la force. De la force brutale, appuyée sur l’armée fédérale, les milliers de policiers et les groupes de paramilitaires qu’il utilise contre des communautés indigènes qui pourtant ne demandent qu’une chose : qu’on les laisse en paix, sur leurs terres, vivre et se gouverner elles-mêmes. Elles ont démontré en être capables.


Bof, ces raisons ne vous convainquent peut-être pas. Il ne reste qu’à vous souhaiter de connaître, au milieu du troupeau en short et chapeau de paille, le frisson de l’aventure : en payant un supplément, vous pourrez surprendre un groupe de vrais Lacandons, en train de se préparer à partir à la chasse. Ne vous étonnez pas s’ils ont l’air de s’ennuyer ferme : vous ferez partie du sixième groupe d’aventuriers qu’ils auront croisé dans la matinée. « Au suivant », comme disait Jacques Brel...

Jean-Pierre

P.-S.

Réunion d’informaton et débat, dimanche 28 juin à 19h30 à Mille Bâbords

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