Une tribune pour les luttes

CIMADE / Campagne ni UNE ni DEUX

Manifestation virtuelle et citoyenne contre la double violence

Contre la double violence, faites votre loi - étape 2

Article mis en ligne le jeudi 4 mars 2010

La Cimade invite les citoyens et députés
à réagir en direct pendant le débat parlementaire

Aux manifestant-e-s, La deuxième étape de l’action « Contre la double violence faite aux femmes étrangères, faites votre loi » aura lieu ce jeudi 25 février à partir de 15h.

La Cimade invite les citoyen-ne-s, député-e-s et journalistes à réagir en direct au débat parlementaire sur la proposition de loi renforçant la protection des victimes, la prévention et la répression des violences faites aux femmes.

Ce jeudi 25 février de 15h à 20h et de 21h30 à 1h, suivez le débat parlementaire sur La Chaîne Parlementaire, réagissez en temps réel aux commentaires de La Cimade sur le groupe Facebook et interpellez en direct les députés en charge du travail parlementaire.

Toutes les informations pratiques sur le site de La Cimade http://www.cimade.org/minisites/niu...

Ni une ni deux, un point sur la campagne :

> Manifestation virtuelle (en ligne) : Environ 12 500 personnes ont rejoint la manifestation

> Bilan de l’étape 1 de l’action « contre la double violence, faites votre loi » : Plus de 370 personnes ont participé à cette action en écrivant à leur député et à la commission spéciale

> Les élu-e-s s’engagent et signent la Charte. Les noms seront communiqués autour du 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Nous vous remercions de relayer la campagne dans votre entourage et vous donnons rendez-vous, ce jeudi 25 février à partir de 15h.

L’équipe de Ni une ni deux


http://www.cimade.org/minisites/niunenideux

Pour les femmes étrangères, une violence peut en cacher une autre. Aux violences qu’elles peuvent subir en tant que femmes – dans leur pays d’origine, pendant leur exil ou en France - s’ajoute trop souvent la violence de l’administration française parce qu’elles sont étrangères. Ne faisons ni une ni deux : exigeons une véritable protection.

Depuis 2004 La Cimade a ouvert, en Ile de France, plusieurs permanences spécialisées dans l’accueil et l’accompagnement juridique des femmes étrangères victimes de violences. En cinq années, plus de 1880 femmes victimes de violences sexistes ou familiales (violences conjugales, mariages forcés, mutilations sexuelles, réseaux de prostitution, traite, esclavage moderne, etc.) ont été accueillies par des bénévoles spécialement formées.

Qu’elles aient subi ces violences dans leur pays d’origine, pendant leur exil ou en France, la majorité d’entre elles sont confrontées à de nombreux dysfonctionnements administratifs ou à une absence de dispositifs législatifs. En tant que femmes, elles sont confrontées à des discriminations spécifiques dans leur pays et en France, en tant qu’étrangères elles sont soumises à un ensemble de textes qui se révèlent, dans la pratique, plus restrictif à leur égard. C’est ce phénomène de la double violence que La Cimade veut dénoncer, la superposition de la violence vécue en tant qu’étrangère ajoutée à la violence vécue en tant que femmes....

Du 10 février au 28 mars, manifestons ensemble pour mettre fin à la double violence.

Pour participer à la marche virtuelle, inscrivez vous. Soyons nombreux à nous mobiliser pour interpeller les pouvoirs publics et les institutions concernées.


Les femmes étrangères subissent une double discrimination : en tant que femmes, elles sont confrontées à des discriminations spécifiques dans leur pays et en France ; en tant qu’étrangères elles sont soumises à un ensemble de textes qui se révèlent, dans la pratique, plus restrictif à leur égard. Le fait qu’elles soient étrangères fait trop souvent obstacle à la reconnaissance et à l’application de leurs droits fondamentaux. Cette violence institutionnelle vient prolonger les violences vécues en tant que femmes.

Il s’avère dès lors urgent de mettre en place une véritable défense des femmes étrangères victimes de violences. Pour cela, en tant que manifestant, j’invite les élus locaux et parlementaires à s’engager en signant la charte de la campagne Ni une ni deux et à tout faire pour que droits soient respectés et leur assurer une protection effective :

- Je demande aux élus locaux de s’engager à améliorer la formation des personnels amenés à travailler auprès des femmes étrangères victimes de violences, tant dans les administrations, les juridictions, les commissariats et gendarmeries, que dans les organismes sociaux. Ces intervenants, par exemple, doivent être informés du droit des personnes en situation irrégulière à porter plainte sans crainte d’être arrêtées et expulsées et relayer l’information auprès des femmes concernées. Par ailleurs, nous nous engageons à sensibiliser l’opinion publique à la situation vécue par les femmes étrangères victimes de violences, par exemple, en proposant et facilitant la diffusion d’affiches sur cette question

- Je demande aux parlementaires de s’engager à garantir l’application de la loi et améliorer les dispositifs législatifs existants. Les pratiques telles que les refus infondés d’enregistrement des dossiers dans les préfectures, le maintien prolongé sous récépissés de demandes de titres de séjour, les procédures anormalement longues doivent cesser. Il est urgent de mettre un terme aux dysfonctionnements constatés dans les institutions et les administrations, notamment les préfectures.

- Je demande aux pouvoirs publics de s’engager collectivement à garantir une réelle protection pour ces personnes. Favoriser ainsi l’accès aux droits, en permettant à toutes les femmes de porter plainte de manière effective en cas de violences, mais aussi en leur garantissant, et ce, quelle que soit leur situation administrative, l’accès aux droits sociaux et à l’aide juridictionnelle. Les femmes étrangères ayant subi des violences doivent être réellement protégées, suivies par une assistante sociale, mises à l’abri puis hébergées dans des structures adaptées ou des logements sociaux, et doivent pouvoir vivre avec leur-s enfant-s.


Je m’inscris à la manifestation

http://www.placeauxdroits.net/petition2/?petition=29&signe=oui


HISTOIRES DE DOUBLE VIOLENCE

Zoé a été mariée de force en 1995 avec Monsieur Moussa plus âgé que son propre père.
Zoé garde un souvenir très douloureux de cet épisode de sa vie en raison des relations
sexuelles forcées imposées par son mari, mais aussi parce qu’elle avait été excisée et
cousue et « qu’il a fallu découper les fils » avant que le sexe de l’homme ne puisse la
pénétrer. Le fait d’en parler est toujours très difficile. Zoé ayant fui son mariage, son père
était dans l’obligation de rembourser la dot. Comme il ne le pouvait pas, _ Monsieur Moussa
fait pression sur la communauté pour récupérer le prix payé pour épouser Zoé. Le père de
Zoé a menacé de la tuer car il est devenu la risée de la communauté de leur village. Zoé,
aidée de sa mère, a décidé de fuir le Congo. Arrivée en France, elle a déposé une
demande d’asile qui a été rejetée. Elle n’a pas réussi à convaincre les officiers de
protection, trop silencieuse et tétanisée à l’idée de raconter ce qui lui était arrivé.

Beauty est de nationalité nigériane. Venue travailler en France en 2003 pour avoir une
vie meilleure, elle se retrouve sur le trottoir et doit rembourser 60 000 euro à sa
« mama », qui l’a amenée en France. Elle porte plainte trois ans plus tard contre cette
femme. En représailles, sa mère est assassinée au Nigeria dans les jours suivants. Elle
bénéficie d’une autorisation de séjour pendant le temps de la procédure qui durera un an
et demi. Cette dernière étant terminée aujourd’hui, Beauty est de nouveau sans papier et
la préfecture refuse de lui accorder un titre de séjour puisqu’elle représente « une menace
à l’ordre public
 ». Non régularisable selon la préfecture, elle n’est pas expulsable puisque
les risques de traitements inhumains et dégradants ainsi que la menace de mort au
Nigeria ont été reconnus par les tribunaux.

Madame Fadila de nationalité marocaine, a quitté son emploi d’ingénieur fonctionnaire
marocaine, pour suivre son mari qui travaillait en Espagne. Leurs trois enfants y sont nés.
Elle est arrivée en France en 1996 avec ses enfants et son mari, reparti très vite en
Espagne. Cette femme, victime de violence conjugale et d’abandon, a élevé, seule, ses
trois enfants qui ont suivi toute leur scolarité, depuis la maternelle, en France. Elle ne
voulait pas qu’ils apparaissent comme les enfants d’une étrangère sans papiers. Elle a
donc assumé toutes les charges relatives à leur éducation avec dignité et discrétion. Les
demandes de titre de séjour déposées lors de la circulaire de 2006 sur les parents
d’enfants scolarisés et plus tard, appuyées sur les preuves de l’ancienneté de leur
présence en France, depuis dix ans et plus, ont été rejetées. En 2008, elle s’est présentée
trois fois à la sous-préfecture, où il lui était réclamé chaque fois une nouvelle pièce, alors
que son dossier comportait 80 documents (dont les certificats de scolarité des enfants et
leur suivi médical). Elle n’a pu se rendre au rendez-vous, enfin obtenu, étant hospitalisée
ce jour-là. Il était manifeste depuis plusieurs mois qu’elle était malade ; nous l’avions fait
remarquer avec insistance à la sous-préfecture, mais en vain. Après des mois de
pourparler, elle a obtenu un titre de séjour pour soins à l’hôpital, où elle est morte
quelques mois plus tard. Il n’a pas été possible d’obtenir pour les enfants un document de
circulation qui leur permette d’assister à la cérémonie des funérailles de leur mère au
Maroc.

(...)

http://www.cimade.org/minisites/niu...

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2010 à 13:22, par Christiane En réponse à : Manifestation virtuelle et citoyenne contre la double violence

    Bravo pour cette campagne pour laquelle je m’inscris.

    Mais cela ne doit pas nous faire croire que la violence contre les femmes est réservée à celles qui sont d’origine étrangère :

    Il y aurait au moins 2.000.000 de femmes victimes de violence conjugale en France
    400 meurent sous les coups de leur conjoint chaque année, soit plus d’une femme par jour ...

  • Le 10 février 2010 à 13:33, par Christiane En réponse à : Enquête Nationale Droits des Femmes 1999-2000 ( les violences envers les femmes en France)

    En 1999, plus d’un million et demi de femmes ont été confrontées à une situation de violence, verbale, physique et/ou sexuelle.

    Une femme sur 20 environ a subi en 1999 une agression physique, des coups à la tentative de meurtre

    1,2 % ont été victimes d’agressions sexuelles, de l’attouchement au viol. Ce chiffre passe à 2,2 % dans la tranche d’âge des 20-24 ans.

    Les viols concernent 0,3 % de l’échantillon, chiffre qui rapporté à la population globale donnerait 48.000 victimes (sur 15,88 millions de femmes de 20-59 ans).

    La majorité des violences se produit au sein de la sphère familiale ou privée.

    Les violences conjugales relevées par l’enquête vont des menaces, chantage affectif sur les enfants, mépris, à la séquestration, la mise à la porte, les rapports sexuels imposés, les coups et la tentative de meurtre.
    Elles concernent une femme sur 10 vivant en couple en 1999 et 30 % de celles qui s’étaient séparées de leur compagnon au moment de l’enquête. Les plus jeunes sont les plus touchées (15,3 %).
    Ces violences conjugales relèvent de toutes les classes sociales. Les agricultrices sont les moins atteintes (5,1 %), les étudiantes (12,4 %) et les foyers vivant des allocations chômage ou RMI (13,7 %) les plus affectés.

    Les agressions physiques ou sexuelles sont rares en dehors du milieu familial ou de la sphère privée (respectivement 1,7 et 1,9 %).

    Au travail, le harcèlement moral concerne 3,9 % des femmes (situations imposées, critiques injustes, mises à l’écart répétées, ...), les injures et menaces 8,5 %, les agressions physiques 0,6 %.
    Le harcèlement sexuel, avances ou agressions sexuelles, frappent 1,9 % des salaiées. Une fois sur 5, il s’agit d’un supérieur hiérarchique.

    Plus de détails sur le site de l’INED :
    http://www.ined.fr/fr/ressources_do...

  • Le 18 février 2010 à 14:36, par Lucienne En réponse à : Manifestation virtuelle et citoyenne contre la double violence

    Rappel toujours indispensable, mais il faut se garder des deux côtés : de ceux qui "oublient" (pour certains, très volontairement...), les violences franco-françaises, et de ceux pour qui "tout se vaut". L’ampleur et la férocité du sexisme universel ne doivent pas faire oublier que chaque déni de droits, contre des femmes, est un facteur aggravant. La Cimade cible très justement le déni et la violence ajoutés par l’administration française. Et, au niveau des témoignages, ne choisit aucun silence sur d’autres dénis institutionnels, ou banalisés, ailleurs. Il me semble que c’est la seule démarche correcte.

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