Une tribune pour les luttes

Le groupe La Rumeur gagne huit ans de bataille judiciaire contre le ministère de l’intérieur.

Une plainte, trois relaxes, deux jugements en Appel, deux pourvois en cassation !
Insécurité sous la plume d’un barbare , par Hamé, le texte qui a rendu fou le Ministère de l’Intérieur.

Article mis en ligne le mercredi 30 juin 2010


Voir aussi :

Les mots sont importants

« L’intrus du groupe 1 » , Entretien avec Mohamed Bourokba dit Hamé, du groupe La Rumeur (Première partie)
Par Hamé, Pierre Tevanian, 28 juin

[http://lmsi.net/spip.php?article1060
http://lmsi.net/spip.php?article1060

« Tuer avec des mots » , Entretien avec Mohamed Bourokba dit Hamé, du groupe La Rumeur (Deuxième partie)
Par Hamé, Pierre Tevanian, 29 juin

_http://lmsi.net/spip.php?article1061

« Rap de fils d’immigrés »
Entretien avec Mohamed Bourokba, dit Hamé, du groupe La Rumeur (Troisième partie)
par Hamé, Pierre Tevanian, 30 juin 2010

http://lmsi.net/


Sur le site de Médiapart :

Le groupe La Rumeur gagne huit ans de bataille judiciaire contre le ministère de l’intérieur
Par Camille Garcia et Fanny Bragard

26 Juin 2010

Ils sont devant la Cour de cassation du palais de justice de Paris, réunie en assemblée plénière. Hamé, accompagné de deux membres de son groupe, Philippe le Bavard et Ekoué, et de quelques proches soutiens, attend l’arrêt définitif qui mettra peut-être fin à 8 ans de procédures judiciaires.

Huit ans et deux relaxes : en première instance, le 17 décembre 2004, et en appel, le 22 juin 2006, la justice a estimé que les formules incriminées relevaient beaucoup plus de l’analyse historique que de la diffamation. Mais le ministère de l’intérieur s’acharne et, en juillet 2007, la Cour de cassation casse la double relaxe. L’affaire est donc renvoyée devant la cour d’appel de Versailles, qui prononce de nouveau la relaxe. Un nouveau pourvoi est alors formé contre l’arrêt, et la chambre criminelle, par un arrêt du 10 novembre 2009, décide le renvoi de l’affaire devant l’assemblée plénière de la Cour de cassation.

L’affaire débute en 2002 par une plainte du ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. Hamé ironise pour tromper l’attente : « J’ai même un autographe du président sur le dépôt de plainte. » L’objet du litige : un article signé de la plume d’Hamé et intitulé « Insécurité sous la plume d’un barbare ».

Publié en avril 2002 « au plus fort de la campagne présidentielle avant le 21 avril », l’article dénonce la réalité des banlieues, l’échec scolaire, la toxicomanie, le sida, le désespoir « qui sont pires qu’il y a 15 ans » pour finir par les abus et la violence policière. « Ça a été le facteur aggravant » plaisante-t-il. Il explique : « Il faut remettre ces propos dans leur contexte, on était en pleine psychose, tout le monde rivalisait d’injures sur la jeunesse des quartiers. Je voulais retourner ce discours des quartiers dangereux, en quartiers en danger ! »

Car dans l’article de trois pages publié dans le fanzine qui accompagnait la sortie de leur premier album, trois passages évoquent la police. Pourtant, c’est une phrase en particulier qui fait l’objet de « diffamation d’une administration publique », celle-ci : « Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété. »


· « Ça y est, c’est fini ! »

Vendredi après-midi, les trois compères de La Rumeur se sont précipités sur l’arrêt de la Cour de cassation. Le langage juridique ralentit la compréhension du verdict. « On va aller directement à la fin », s’impatiente Hamé. Les trois paires d’yeux parcourent attentivement les dernières lignes, quand soudain un cri de joie retentit « On a gagné, ça y est, c’est fini ! Huit ans les gars, c’est la fin de huit ans de galère », s’exclame Hamé dans les bras de ses compagnons.

Ils n’y croyaient plus. « On avait déjà prévu d’aller devant la Cour européenne des droits de l’homme », explique Hamé, visiblement ému. La Cour de cassation en assemblée plénière a rejeté le pourvoi au motif que « les écrits incriminés n’imputaient aucun fait précis, de nature à être, sans difficulté, l’objet d’une preuve ou d’un débat contradictoire, la cour d’appel en a déduit à bon droit que ces écrits, s’ils revêtaient un caractère injurieux, ne constituaient pas le délit de diffamation envers une administration publique » (voir l’arrêt dans sa totalité http://www.courdecassation.fr/juris...).

30.000 euros de frais de justice, 8 ans de procédures et finalement une victoire. Voilà le bilan d’un « acharnement judiciaire », comme le décrit Philippe. Cette victoire, c’est aussi « la preuve que la justice existe et qu’elle est indépendante du pouvoir politique. D’ailleurs elle nous a donné raison à plusieurs reprises », ajoute Hamé.

Un peu plus tard dans un café, ils n’en reviennent toujours pas. « Il y a un goût de trop facile » s’inquiète Ekoué... Ils sont incrédules et « un peu paranos » depuis le temps, avoue Hamé. Pourtant, pas question de renoncer à leur liberté d’expression, « on va continuer à être offensifs ! ».

Cette victoire est un symbole que le rappeur emblématique du groupe veut dédier « aux inculpés de Villiers-le-Bel, leur dire de tenir bon et de se battre, on pense à eux ! ».

Ci-dessous, la vidéo d’Hamé après la lecture de l’arrêt de la Cour de cassation de Paris.

http://www.dailymotion.com/video/xd...

Mohamed Bourobka dit Hamé© Fanny Bragard et Camille Garcia


Collectif Les mots sont importants

http://lmsi.net/spip.php?article308#auteur29

26 juin

Introduction

Ce vendredi 25 juin 2010, la Cour de Cassation vient enfin – et à nouveau – de débouter le ministère de l’Intérieur dans son acharnement à poursuivre Hamé, du groupe La Rumeur, pour diffamation envers la police nationale. Initiée en 2002 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur [1], la plainte visait un texte intitulé « Insécurité sous la plume d’un barbare » [2] évoquant les violences policières et parlant à leur sujet d’ «  assassinats ». Relaxé une première fois le 17 décembre 2004 [3], Hamé avait dû comparaître à nouveau le 11 mai 2006 devant la Cour d’Appel de Paris, qui avait confirmé la relaxe [4]. Le ministère de l’Intérieur avait alors saisi la Cour de Cassation, qui avait annulé la relaxe le 11 juillet 2007, et renvoyé Hamé devant une seconde Cour d’Appel. Après une troisième relaxe le 23 septembre 2008, le Ministère de l’Intérieur s’était pourvu en Cassation une seconde fois – du jamais vu en matière de droit de la presse. C’est à ce véritable harcèlement judiciaire que vient de mettre fin la Cour de Cassation. Au-delà des débats sur le sens courant et le sens juridique des mots assassins et assassinat, ce qui nous frappe depuis le début de cette lamentable affaire est la pertinence du propos d’ensemble de Hamé, et le caractère totalement illégitime de la procédure du ministère de l’intérieur. C’est pourquoi, en solidarité avec Hamé et son groupe La Rumeur, le collectif Les mots sont importants avait décidé, le 24 septembre 2004, de publier le texte incriminé (en indiquant, en caractères gras, les passages considérés par le ministère comme comme diffamatoires) [5]. Nous avons donc le plaisir de republier aujourd’hui ce texte dont la légitimité a été reconnue successivement par quatre Cours de Justice mais qui, pour ce qui nous concerne, n’a jamais eu besoin de cette autorisation pour nous paraître nécessaire et de salubrité publique.

Ca y est, les partisans chevronnés du tout sécuritaire sont lâchés. La bride au cou n’est plus et l’air du temps commande aux hommes modernes de prendre le taureau par les couilles. Postés sur leurs pattes arrières, les babines retroussées sur des crocs ruisselant d’écume, les défenseurs de « l’ordre » se disputent à grands coups de mâchoires un mannequin de chiffon affublé d’une caquette Lacoste.

Sociologues et universitaires agrippés aux mamelles du ministère de l’intérieur, juristes ventrus du monde pénal, flics au bord de la crise de nerfs en réclamation de nouveaux droits, conseillers disciplinaires en zone d’éducation prioritaire, experts patentés en violences urbaines, missionnaires parlementaires en barbe blanche, journalistes dociles, reporters et cinéastes de «  l’extrême », philosophes amateurs des garden-parties de l’Elysée, idéologues du marché triomphant et autres laquais de la plus-value ; et bien évidemment, la cohorte des responsables politiques candidats au poste de premier illusionniste de France... tous, jour après jour, font tinter en prime-time le même son de cloche braillard :

« Tolérance zéro » !!! ` « Rétablissement de l’ordre républicain bafoué dans ces cités où la police ne va plus ».

Ils sont unanimes et hurlent jusqu’à saturation, à longueur d’ondes et d’antenne, qu’il faut « oser » la guerre du «  courage civique » face aux hordes de « nouveaux barbares » qui infestent la périphérie de nos villes. Qu’on en finisse avec le diable !!! l’ennemi intérieur, fourbe et infâme, s’est immiscé jusque dans nos campagnes et y a pris position. Ne craignons pas les contrats locaux de sécurité, les couvre-feux, l’abaissement de l’âge pénal à 13 ans, l’ouverture de nouveaux centres de détention pour mineurs, la suppression des allocations familiales aux familles de délinquants... Que la caillera se le tienne pour dit, la République ne laissera pas sombrer le pays dans le chaos apocalyptique des vols de portables, du recel d’autoradios ou du deal de shit sous fond de rodéos nocturnes...

La République menacée, la République atteinte mais la République debout !!! Quelle leçon d’héroïsme ! Quelle lucidité d’analyse ! Et quel formidable écran de fumée !! A la table des grand-messes, la misère poudreuse et les guenilles post-coloniales de nos quartiers sont le festin des élites. Sous les assauts répétés des faiseurs d’opinion, les phénomènes de délinquance deviennent de strictes questions policières de maintien de l’ordre ; les quartiers en danger se muent en quartiers dangereux dont il faut se protéger par tous les moyens ; et les familles immigrées victimes de la ségrégation et du chômage massif, endossent la responsabilité du « malaise national ».

La crème des auteurs de la pensée sécuritaire joue à l’idiot à qui on montre la lune du doigt et qui regarde le doigt. Exit les causes économiques profondes. Exit les déterminismes sociologiques. Exit le risque que le débat prenne un jour l’aspect d’un réquisitoire contre les vrais pourvoyeurs d’insécurité : ceux-là même qui ont réduit des centaines de milliers de famille à vivre avec 4000 francs par mois ; ceux-là même qui appellent de leurs vœux les plus chers la marche forcée vers « l’économie de marché débridée ».

Nous ne lirons pas, dans la presse respectable, que les banlieues populaires ont été, depuis une vingtaine d’années, complètement éventrées par les mesures économiques et sociales décidées depuis les plus hautes sphères de l’Etat et du patronat pour pallier à la crise sans toucher à leur coffre-fort.

Nous n’entendrons pas sous les luminaires des plateaux de télévision, qu’à l’aube maudite du mitterrandisme, nos parents et nos plus grands frères et sœurs ont été les témoins vivants d’une dégradation sans précédent de leur situation déjà fragilisée.

L’histoire officielle ne retiendra pas l’énergie colossale déployée par les gouvernements des trois dernières décennies pour effacer les réseaux de solidarité ouvrière enracinées dans nos quartiers [6] Pas plus qu’elle ne retiendra le travail de récupération et de sape systématique des tentatives d’organisation politique de la jeunesse des cités au milieu des années 80 [7].

Qui parmi les scribouillards du vent qui tourne s’indignera de l’opacité entretenue vis-à-vis de la vallée de larmes et de combats que fut l’histoire de nos pères et grands-pères ? Parmi ces hommes de paille éructant la « croisade républicaine », combien déclareront la guerre du «  courage civique » devant les ravages psychologiques du mépris de soi chez des générations qui atteignent la vingtaine avec 8 ans d’échec scolaire et 3 ans de chômage ? Les logiques d’autodestruction (toxicomanie, alcoolisme, suicide...) où certains d’entre nous sont conduits par pur désespoir et complète perte de foi en l’avenir, mériteront-elles quelconque voix au chapitre de l’insécurité ?

Les pédagogues du dressage républicain n’auront pas en ce sens la critique fertile. Ils n’esquisseront nulle moue face à la coriace reproduction des inégalités sociales au travers des échelons du système scolaire, ni l’élimination précoce du circuit de l’enseignement de larges franges de jeunes qui ne retiennent de l’école que la violence qui leur a été faite. Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété. Il n’y figurera nulle mention de l’éclatement des noyaux familiaux qu’ont provoqué l’arsenal des lois racistes Pandraud-Pasqua-Debré-Chevènement et l’application à plein rendement de la double peine.

Les études ministérielles sur la santé refermeront bien vite le dossier des milliers de cancers liés à la vétusté de l’habitat ou au non-respect des normes de sécurité sur les chantiers de travail. La moyenne effroyablement basse de l’espérance de vie dans nos quartiers ne leur semblera être, elle aussi, qu’un chiffre indigne de tout commentaire. Bref, ils n’agiteront jamais au vu de tous le visage autrement plus violent et criminel de l’insécurité. Aux humiliés l’humilité et la honte, aux puissants le soin de bâtir des grilles de lecture.

À l’exacte opposée des manipulations affleure la dure réalité. Et elle a le cuir épais. La réalité est que vivre aujourd’hui dans nos quartiers c’est avoir plus de chance de vivre des situations d’abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l’embauche, de précarité du logement, d’humiliations policières régulières, d’instruction bâclée, d’expérience carcérale, d’absence d’horizon, de repli individualiste cadenassé, de tentation à la débrouille illicite... c’est se rapprocher de la prison ou de la mort un peu plus vite que les autres...

Les hommes et les femmes qui dirigent ce pays savent tout cela. Ils savent aussi que la libéralisation massive de la vie économique française est en très bonne voie. Ils savent que les privatisations, les fusions, les délocalisations de nombreux secteurs d’activité vont se généraliser comme va se généraliser la paupérisation. Ils savent que la nouvelle configuration du marché exige la normalisation du salariat précaire et l’existence d’une forte réserve de chômeurs et de sans-papiers.

Et ils savent surtout que les banlieues populaires (parce qu’elles subissent de plein fouet et avec le plus d’acuité les mutations de la société française) sont des zones où la contestation sociale est susceptible de prendre de radicales formes de lutte si elle trouve un vecteur qui l’organise. On comprendra qu’il est de nécessité impérieuse d’installer toujours plus d’instruments de contrôle et de répression « éclair » au sein de nos quartiers. On comprendra que le monde du pouvoir et du profit sans borne a tout intérêt à nous criminaliser en disposant de notre mémoire et de nos vies comme d’un crachoir.

Notes

[1] Le même qui, au moment où des caricatures islamophobes suscitaient une colère légitime parmi les musulmans et les antiracistes, déclarait qu’il préférait "un excès de caricature à un excès de censure" !

[2] Texte publié dans La Rumeur Magazine, publication gratuite distribuée gratuitement chez les disquaires au printemps 2002, en même temps que le premier album du groupe.

[3] Par la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris.

[4] Cf. le compte-rendu du site À contre-sens. Cf. aussi l’interview de Hamé au moment de sa relaxe.

[5] Ce texte a été publié une première fois en avril 2003 dans le magazine La Rumeur, distribué gratuitement dans les magasins de disques. Repris dans le mensuel CQFD, il est en ligne sur lmsi.net depuis septembre 2004. Notons que nous avons été bien seuls à nous élever de la sorte contre la censure politique : hormis notre site et le mensuel CQFD, aucun média ne jugea utile, ne serait-ce que pour défendre la libre expression de l’artiste, de publier le texte attaqué, alors qu’ils furent légion, quelques années plus tard, à s’empresser de publier des « caricatures de Mahomet » de bien moindre valeur artistique, sans parler de la pertinence politique...

[6] Dans les années 60-70, les quartiers du monde ouvrier étaient encore traversés de réseaux de solidarité vivaces et actifs au travail ou sur les lieux de vie. Les milieux de l’immigration ouvrière ont toujours combattu en première ligne lors des grands conflits sociaux qui secouèrent la France. En dépit de conditions de vie extrêmement pénibles : maigres salaires, logement extrêmement précaire (bidonvilles, caves, chambres insalubres à plusieurs...), situations de ségrégation, crimes xénophobes, déchirement intérieur de l’exil... nos parents avaient conquis les instruments de lutte (cellules, partis, syndicats) indispensables à la formulation d’un rêve de progrès collectif et d’un avenir plus enviable à offrir à leurs enfants. Ils avaient conscience de participer à l’histoire et de maîtriser ne serait-ce qu’une parcelle de leur destinée. Cette culture ouvrière politisée a volé en éclats sous l’impact des effets multiples de la crise (licenciements massifs, paupérisation, répression de fer des foyers de résistance et de grève, démantèlement, délocalisation des bastions ouvriers - Renault-Billancourt par exemple -, enfouissement rapide de la mémoire de ces luttes sous l’euphorie mitterrandienne, sauve qui peut individualiste...). Pour l’instant, rien ne l’a remplacée.

[7] Notamment au travers d’organisations comme SOS racisme, crée de toutes pièces par le pouvoir PS de l’époque pour contribuer à désamorcer le radicalisme des revendications de la Marche des beurs : l’égalité des droits devient l’égalité devant l’entrée des boîtes de nuit. La justice pour les jeunes assassinés par la police disparaît sous le colosse slogan médiatique « Touche pas à mon pote ! » ou « Vive le métissage des couleurs ! », etc.


Mille Bâbords a informé ses lecteurs à chaque étape sur cette lutte et appelé au soutien. Voir entre autres 9159 et 8604

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