Une tribune pour les luttes

SNJ-CGT

Le scandale de la maltraitance des pots de fleurs au 20H de France 2

Article mis en ligne le dimanche 16 décembre 2012

Mercredi 12 décembre, en ouverture du journal, David Pujadas décide de parler de "ces débordements sur le site de PSA à Poissy, en marge d’une manifestation syndicale… 1500 suppressions de postes supplémentaires venaient d’être annoncées… Plusieurs dizaines de salariés sont entrés dans les bureaux… ils ont détruits du matériel…"

Le commentaire du reportage est à l’avenant. Rien sur les raisons de la colère des manifestants, rien ou presque sur l’annonce de la direction, la veille, de 1500 suppressions d’emploi supplémentaires. Par contre, on découvrira "les dégâts matériels (…) importants" (quelques pots de fleurs et une télé renversés !) causés, d’après la journaliste, par "plusieurs dizaines de sympathisants CGT (qui) pénètrent violemment dans le bâtiment. En une dizaine de minutes, ils renversent tout sur leur passage". Sur les images, on voit des manifestants marcher dans les couloirs et scander des slogans, où est la violence ? Dans trois pots de fleurs retournés ? Que signifie cette criminalisation des manifestants ? Pourquoi stigmatiser des "sympathisants CGT" ? A ce propos, comment reconnaît-on un sympathisant d’un militant CGT, il n’a pas (encore) de couteau entre les dents ?

Et quand la parole est donnée à Jean-Pierre Mercier, délégué CGT, c’est pour lui demander s’il regrette de tels débordements. En 2009, pendant la lutte des "Conti" contre la fermeture de l’usine de Clairoix, David Pujadas avait déjà cru bon de demander à Xavier Mathieu, délégué CGT lui aussi, s’il "regrettait" les dégradations dans la sous-préfecture de Compiègne. Déjà, à cette époque, David Pujadas s’intéressait plus au sort des pots de fleurs et des écrans LCD qu’à l’avenir de centaines de salariés.

Il ne s’agit pas ici de passer sous silence les dégradations commises sur le site de Poissy, mais ces incidents sont avant tout le résultat de l’absence de dialogue social. Le groupe PSA joue le pourrissement du conflit. Si violence il y avait hier à Poissy, elle était dans les annonces de la direction : ce ne sont pas 8000 mais 11200 suppressions de poste qui vont avoir lieu. On comprend mieux alors la colère des salariés en lutte qui refuse d’avoir le Pôle emploi pour seul horizon.

C’est à la justice de juger si cette manifestation était "violente" ou pas. Et pour le moment, contrairement à ce qui a été dit dans le reportage, la direction de PSA n’a toujours pas porté plainte.

La semaine passée, un journaliste de France2 se faisait passer pour un sans domicile fixe dans les rues de Paris (équipé d’une caméra caché) pendant 48 heures pour tenter de décrire le quotidien des personnes à la rue en plein hiver. Invité en plateau, il s’est dit frappé par l’indifférence des passants à son égard. Et David Pujadas de conclure que la rue est "un monde très dur". Et bien justement, c’est ce monde "très dur" que refusent aujourd’hui tous les salariés en lutte dans ce pays. Ils manifestent à l’annonce de la fermeture de leur usine et protestent contre des plans sociaux mensongers. Ce sont des travailleurs qui osent relever la tête que la télévision publique comparait, hier soir, à des émeutiers.

Fait à Paris le 13 décembre 2012

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