Une tribune pour les luttes

Oxfam France

Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim

Campagne "Banques : la faim leur profite bien"

Article mis en ligne le dimanche 17 février 2013

Selon un rapport publié le 12 février par Oxfam France, les principales banques françaises possédaient en 2012 au moins 18 fonds leur permettant de spéculer pour plus de 2,5 milliards d’euros sur les marchés de matières premières. La BNP Paribas, à elle seule, possédait plus de la moitié de ces fonds, pour un montant total de 1,4 milliard d’euros. Dans le cadre de la réforme bancaire dont l’examen commence aujourd’hui à l’Assemblée nationale, Oxfam France demande aux parlementaires de mettre un terme à la spéculation sur les matières premières agricoles des acteurs financiers français.

Dans son rapport intitulé Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim, Oxfam France établit un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières. La BNP Paribas arrive largement en tête de ce classement, suivi par Natixis (groupe Banque populaire/Caisse d’Epargne), la Société générale, et le Crédit agricole. La compagnie d’assurance Axa figure elle aussi parmi les acteurs proposant de tels fonds spéculatifs.

"Les banque françaises, au premier rang desquelles BNP Paribas, participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante en spéculant sur les marchés de matières premières agricoles, a déclaré Clara Jamart, d’Oxfam France. Ces banques proposent à leurs clients des outils financiers destinés à parier sur la faim. Face aux conséquences des flambées des prix alimentaires à répétition, ces groupes doivent mettent fin à leurs activités de spéculation sur les matières premières agricoles."

Il faut agir maintenant. Les marchés de matières premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses records de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à l’alimentation.

"L’évolution des pratiques est inquiétante : c’est depuis la crise alimentaire de 2008 que la majorité des fonds permettant de spéculer sur les matières premières agricoles ont été créés en France. Au niveau mondial, la tendance est la même : le montant total de ces fonds représentait 90 milliards de dollars en 2011, contre moins de 10 milliards en 2004. La réforme bancaire française doit être bien plus ambitieuse et être l’occasion d’y mettre un terme" poursuit Clara Jamart.

Oxfam France considère que les propositions de réforme du gouvernement en matière de spéculation alimentaire et agricole ne vont pas assez loin, et demande au gouvernement et au parlement d’inclure dans le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaire l’interdiction de toute forme de spéculation sur les matières premières agricoles, que les institutions financières agissent avec leurs fonds propres – ce qui est déjà inclus dans le projet actuel – ou pour le compte de leurs clients. Les opérations correspondant à un besoin légitime de couverture des risques liés à l’activité agricole sur les marchés physiques ne seraient pas touchées par cette interdiction.

Oxfam France lance aujourd’hui une nouvelle campagne intitulée Banques : la faim leur profite bien. Cette campagne, qui durera jusqu’en juin, vise à interpeller les PDG des grandes banques françaises afin qu’ils mettent fin aux activités bancaires qui nuisent à la sécurité alimentaires des populations du Sud.

Aller plus loin

  • Voir notre rapport Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim
  • En savoir plus sur notre action Banques : la faim leur profite bien
  • Découvrir notre travail sur les marchés agricoles et les prix alimentaires

    Agissez !
    Envoyez un mail à la BNP Paribas, la Société générale et au Crédit agricole

    http://www.oxfamfrance.org/Banques-la-faim-leur-profite-bien,1607


    Rapport oxfam france


    <b
    /b>

    Table des matières :

    I. La volatilité des prix : un enjeu majeur de l’insécurité alimentaire mondiale

    a.La faim dans le monde aujourd’hui : une question de prix

    b.Trois pics de prix en cinq ans, trois crises alimentaires : les cours des marchés
    agricoles sont-ils hors de contrôle ?

    II. La financiarisation des marchés agricoles et alimentaires aggrave la volatilité
    des prix et met en péril le droit à l’alimentation des plus vulnérables

    a. En théorie, les marchés financiers devraient sécuriser le fonctionnement des
    marchés alimentaires

    b.
    En réalité, le financiarisation à l’extrême des marchés agricoles met en péril la
    sécurité alimentaire mondiale

    III. Le rôle des banques françaises dans la financiarisation des marchés agricoles

    a.Les fonds indexés sur les cours des matières premières : un outil spéculatif qui
    prend de l’ampleur au sein des banques françaises

    b. BNP Paribas, leader de la spéculation sur les marchés agricoles en France

    IV. Le devoir de régulation des pouvoir publics face à l’extrême financiarisation des
    marchés agricoles et alimentaires

    a. Le projet de réforme bancaire français

    b. La réforme européenne de la Directive relative aux Marchés d’Instruments
    Financiers (MIFID)

    Recommandations

    Glossaire des termes techniques

    Bibliographie



Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Communiqués c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 4735