Cet incendie a conduit à la fermeture de cette prison pour sans-papiers pendant plusieurs mois, et a permis quelques évasions. Déclenché de l’intérieur du centre, dans deux blocs distincts, il a été suivi d’une répression : quinze personnes mises en garde à vue, six en préventive. A ce jour, après 3 et 5 mois passés en prison, deux personnes sont inculpées, elles doivent se soumettre à un contrôle judiciaire et sont toujours dans l’attente d’un procès. Sans-papiers, ils sont dans l’interdiction de quitter le territoire français !
Il ne s’agit ni d’un acte désespéré ni d’un acte isolé, il s’inscrit dans une longue série de résistances menées à l’intérieur et à l’extérieur des centres de rétention :
-22/06/2008 incendie du centre de Vincenne
-19/01/2009 incendie du centre de Bordeaux
-29/07/2011 incendie du centre de Lyon
-1/09/2012 départ d’incendie au centre de Marseille
En Italie, les révoltes et évasions sont fréquentes. En février, à Turin, des prisonniers ont tenté de s’évader. Durant plusieurs jours, ils sont montés sur les toits, ont détruit et incendié plusieurs bâtiments, ils se sont affrontés aux flics. A l’extérieur, plusieurs rassemblements et actions de solidarité ont eu lieues.
La liste est longue et non exhaustive. Des actes de résistances individuels et collectifs, de l’évasion à la destruction des centres, se produisent dans toute l’Europe, à ses frontières, dans le monde entier (frontière États-Unis/Mexique, Australie, Mayotte,…)
Le pouvoir et les médias ont tout intérêt à invisibiliser et isoler ces luttes collectives. Chaque « incident » est traité sous l’aspect du « fait divers » sur le moment, et ensuite on oublie !
Décrire les résistances individuelles et collectives comme autant d’« actes isolés » a pour objectif de nous maintenir résignés face aux frontières et à l’arsenal policier et militaire nécessaire à les faire exister. Mais nous savons que partout des gens luttent contre les frontières. Nous sommes solidaires de ces luttes et nous luttons aussi, parce que les frontières nous divisent et nous mettent en compétition les uns contre les autres. Elles permettent de tirer les conditions de travail vers le bas, de désigner des boucs-émissaires, d’étendre les dispositifs de contrôle social et policier, toujours au profit des classes dominantes.