Une tribune pour les luttes

Communiqué de Tahar Rahmani

VIOLENCES URBAINES ET POLITIQUE DE LA VILLE

Article mis en ligne le vendredi 4 novembre 2005

Les violences urbaines auxquelles on assiste aujourd’hui ne sont malheureusement pas le fait du simple hasard.
Au-delà des rodomontades du Ministre de l’Intérieur, qui aurait mieux fait de jouer la discrétion, l’équité et l’efficacité, plutôt que la provocation gratuite, le pays s’enfonce progressivement dans une logique d’affrontement.
Nous assistons actuellement à une aggravation de la pauvreté, à une augmentation du nombre de Rmistes, à une diminution importante des crédits aux associations de quartiers sensibles, à une concentration d’écoles ghettos et à des taux de chômage vertigineux dans certaines zones.

Depuis vingt ans maintenant les obstacles et les limites qui entravent le bon fonctionnement de la politique de la ville sont connus. Mais au lieu de tenir compte de ces réalités et de mener une véritable politique renforcée, l’État se désengage, laisse « Bercy » geler les crédits des associations, de la délégation interministérielle à la ville, et il transfère une partie importante des crédits dits “additionnels” de la politique de la ville aux nouvelles équipes éducatives et à l’Anru, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. On déshabille Pierre pour habiller Paul !

Il est plus que temps désormais que l’État, fasse jouer la solidarité nationale avec l’appui des collectivités locales.
Il avait en 2003 commencé à initier une bonne politique équitable entre communes riches et communes pauvres (dont fait partie Marseille), au travers de la Dotation de solidarité urbaine (DSU), issue de travaux que j’ai eu l’honneur de diriger au sein du Conseil national des villes. Puis ce fut le grand vide.

Il est temps que l’État confirme aux citoyens désemparés des quartiers concernés, son exigence de voir mener une vraie politique, forte, volontariste et politiquement affichée.

S’enfoncer dans la « logique guerrière », comme le dit bien le Ministre Azouz Begag, auquel il faut rendre hommage, c’est réveiller les conflits dramatiques d’hier, c’est jeter inutilement du sel sur les plaies et rendre la situation dans les zones urbaines sensibles plus violente et plus ravageuse qu’elle ne l’est.

Tahar RAHMANI
Membre du Conseil national des villes
Conseiller municipal de Marseille (Convention citoyenne)
Tél. : 06 72 27 95 69

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