Une tribune pour les luttes

Discours du collectif des habitant.es prononcé lors de la Marche blanche du 10 novembre à Marseille

Article mis en ligne le dimanche 11 novembre 2018

5 novembre 2018 : nous n’oublierons pas

Nous sommes indignés de la communication actuelle de la mairie. Comment accepter en effet d’entendre je cite que l’on parle de simples évacués ou encore de dégager les immeubles ? Il y a aujourd’hui des victimes, des morts à qui nous rendons hommage et, des familles de victimes avant tout à qui nous apportons toute notre solidarité et affection. Il y a aussi des centaines de personnes qui ne sont pas de simples évacués comme le dit la mairie mais des victimes indirectes, traumatisées psychologiquement. Les mots ont un sens. Il est temps d’arrêter de parler de simple effondrements mais de déclarer ce drame comme une catastrophe naturelle afin de permettre les indemnisations et comme une catastrophe municipale et du mal logement.

La gestion de cette catastrophe est pour le moment pour le moins chaotique. Nous demandons en premier lieu qu’un comité de pilotage soit constitué , associant le collectif des habitants et les associations du territoire aux côtés de l’etat la mairie et l ensemble des services concernés .
Nous réclamons enfin d’être reçus immédiatement par ces mêmes institutions pour mettre en place les mesures d’urgence suivantes :

Deuil :
- Prise en charge des obsèques de toutes les victimes, incluant les frais de déplacement des familles, y compris à l’étranger, et frais de rapatriement
- Décréter un jour de deuil avec drapeaux en berne
- Laisser en place les points spontanés de recueillement sur la rue d’Aubagne (fleurs et cierges qui ont été enlevés)
- Alléger le dispositif policier de sécurisation (agents régulièrement casques à la ceinture)
- Communication transparente sur la gestion de crise et la fouille des décombres, notamment du n°63

Information et soutien aux familles et habitant·es :
- Renforcement de la cellule psychologique à l’école Chabanon avec des psychologues spécialisés sur la gestion des moments de crise (pour le moment, il s’agit des psychologues de l’EN habitué·es au soutien aux enseignant·es)
- Création d’une cellule de crise, de soutien psychologique, sanitaire, technique, juridique et matérielle sur le quartier de Noailles à destination des sinistré·es et des évacué·es
- Temps pour récupérer les effets personnels annoncés avec clarté et individuellement aux personnes évacuées.
- Obtenir enfin des informations claires sur la possibilité de recueillir les effets personnels, notamment des victimes, retrouvés dans les décombres
- Réunions d’informations annoncées individuellement à toutes les personnes recensées, à des horaires accessibles et concertés avec les associations et habitant·es, pour éviter toute contradiction avec l’agenda des événements et réunions de quartier.
- Transparence et diffusion publique des expertises et diagnostics déjà effectués ainsi que la mise en place d’une double expertise sur les no pairs et impairs des deux rues concernées avant de permettre la réintégration des logements. Cela ne concerne pas seulement les.logements évacués mais l’ensemble des deux portions de rues. Dans le cas où seraient identifiés des travaux d’urgence a réaliser, nous réclamons que la mairie utilise son pouvoir de police municipale et fasse exécuter des travaux d’office sur les immeubles.

Logement, problèmes immédiats :
- Relogement temporaire dans des appartements meublés dans la zone géographique souhaitée et non des chambres d’hôtel, permettant de maintenir une vie quotidienne digne
- Mise en place de kits pour les relogé·es permettant des conditions dignes d’existence : tickets RTM, accès à des repas chauds, prise en charge de taxis hors des horaires des transports en commun de jour, visite de psychologue et accès aux soins
- Extension du périmètre de l’accès aux relogements (immédiat et pérenne) à toute la rue Jean Roque et le haut de la rue d’Aubagne pour les personnes qui le souhaitent en attendant l’expertise
- Délivrer les attestations de sinistre au plus vite pour les sinistré·es et évacué·es, afin de permettre l’accès aux droits
- Des visites des services sociaux immédiatement sur les deux rues concernées afin d’identifier les besoins notamment des plus précaires et des personnes âgées. Le courrier postal doit également revenir immédiatement.

Suivi des sinistré·es et familles des victimes
- Création d’une cellule de suivi pérenne, portée par une association indépendante et reconnue, sur des fonds publics, pour les familles de victimes et sinistré·es, destinée à assurer l’accès aux droits, le soutien psychologique, matériel, juridique et financier.
- Facilitation de l’accès au logement social pour celles et ceux qui le souhaitent et aide à l’accès au parc privé (notamment aides financières) pour les sinistré·es et riverain·es, avec des propositions systématiques de logements pérennes dans le quartier
- Nous demandons une réunion de concertation spécifique avec les commerçants, les petits propriétaires et propriétaires occupant, associée à des engagements financiers pour que les économies d’une vie ne soient pas perdues . Les commerçants doivent également se voir indemnisés pour les pertes financières de ces derniers et prochains jours.

De nombreux immeubles ont été évacués récemment dans d’autres quartiers voisins. Nous demandons que des dispositifs similaires soient mis en place au plus vite pour leurs habitants et réclamons une communication transparente afin d’apaiser le climat général dans la ville.

Nous, habitants, associations et commerçants du secteur seront extrêmement vigilants dans les jours et semaines à venir pour que ces mesures soient appliquées au plus vite. Nous refusons enfin que ce drame soit l’occasion pour la mairie ou les spéculateurs de "dégager" quiconque du quartier pour installer d’autres populations.

Nous remercions toutes celles et ceux qui nous ont soutenus ces derniers jours, à marseille et dans le reste du pays. Nous ferons bientôt à nouveau appel à vous toutes et tous dans tout le pays.

Nous vous invitons à une marche de la colère mercredi 18h rue d’aubagne afin de nous assurer que ces mesures soient mises en place et réclament un logement digne pour toutes et tous. Nous invitons tous les quartiers tous les marseillais à nous rejoindre.

Sachez le, nous n’oublierons jamais, nous réclamons la justice et nous parlons avec notre dignité.

Les habitant·es, associations et commerçant.es de Noailles réuni·es le 10 novembre 2018,
Le collectif du 5 novembre : Noailles en colère.

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