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Communiqué

Contre les violences policières, le Collectif du 5 novembre – Noailles en colère appelle au droit à manifester en paix

Article mis en ligne le mercredi 28 novembre 2018

Le Collectif du 5 novembre appelle les institutions locales à respecter le droit à manifester et alerte les observateurs extérieurs sur la violente répression policière qui a eu lieu lors de la manifestation du 14 novembre 2018.

Le droit de manifester est un droit et une liberté fondamentale. Mercredi 14 novembre 2018, 9 jours après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, quinze mille personnes provenant des différents quartiers marseillais ont formé un immense cortège pour exprimer leurs émotions et leurs revendications contre les politiques de l’habitat indigne à Noailles et dans les quartiers populaires. Nous souscrivons à l’idéal démocratique stipulant que l’ordre public a pour mission de protéger, d’accompagner et de conforter l’expression populaire dans l’espace public. Par conséquent, cette manifestation d’une colère digne et légitime a été dûment déclarée et préparée avec les services compétents, avec qui nous avions convenu d’un dispositif souple et discret de sécurisation des bâtiments publics sans intervention offensive des forces de l’ordre.

Or, le soir du 14 novembre, les forces de l’ordre ont usé de leurs matraques, de gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement (dont la France seule fait encore l’usage, interdit partout en Europe) de manière indistincte, massive et non conforme à la déontologie. Cet usage de la violence a largement dépassé celui de l’ordre public et le cadre de la manifestation. Les Marseillais.e.s présents.e.s dans le centre-ville ce soir-là évoquent une « chasse à l’homme », des « injures sexistes, racistes et homophobes », des « ratonnades », des « frappes à l’aveugle », des « sévices corporels touchant les organes génitaux » et de « véritables lynchages » de personnes qui ne montraient aucun signe de violence ou qui ne participaient pas à la manifestation : riverains, adolescents, retraités, commerçants, journalistes.

La cinquantaine de témoignages recueillis jusqu’à présent montre que l’opération de maintien de l’ordre effectuée contrevient en tous points : 1/ à la préparation concertée de cette manifestation ; 2/ à la déontologie des professions de l’ordre public ; et 3/ au cadre légal règlementant l’usage des armes de force intermédiaire et l’intervention des unités non spécialisées, telle que la Brigade Anti-Criminelle, dans la gestion du maintien de l’ordre. Des dizaines de certificats médicaux et d’Incapacité Temporaire de Travail nous ont été rapportés et seront présentés prochainement dans un recueil documenté dénonçant ces dérives dangereuses et en plein développement dans nos quartiers et sur le parcours de nos manifestations, dont celles du mois de novembre sont emblématiques.

Aujourd’hui :

- Nous demandons aux institutions locales et au Préfet de Police de faire toute la lumière sur les ordres dictés aux unités d’intervention et de s’engager publiquement à respecter l’expression et l’intégrité physique des manifestants à travers un dispositif réglementaire conforme à la déontologie et aux conventions internationales, notamment lors de la prochaine manifestation de la dignité du 1er décembre.

- Nous exigeons le retrait de la BAC de nos manifestations comme de nos quartiers endeuillés, unité qui ne dispose pas des fonctions de maintien de l’ordre et est à l’origine de tensions et blessures.

- Nous invitons les institutions et observateurs extérieurs (Défenseur des droits, LDH, MRAP, Amnesty International, Syndicat des Avocats de France...) à venir exercer leurs missions lors de la prochaine manifestation organisée par le Collectif du 5 Novembre, le samedi 1er décembre 2018.

- Enfin, nous invitons les Marseillais.e.s à nous faire parvenir leurs témoignages afin de constituer un recours collectif.

Restons unis et mobilisés pour une vie digne et juste. Les Marseillais.e.s ont aussi des droits : refusons les intimidations quelles qu’elles soient et revendiquons le droit au logement digne et le droit de manifester !

P.-S.

CONFÉRENCE DE PRESSE JEUDI 29/11
à 13h à la Maison Méditerranéenne des Droits de l’Homme / MRAP / LDH
34, Cours Julien (porte à droite de la Savonnerie La Licorne)
Salle 1er étage
Communiqué + témoignages

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