Une tribune pour les luttes

Mort d’un enfant en prison…

nous ne l’acceptons pas !

Article mis en ligne le dimanche 8 mars 2020

Mort d’un enfant en prison… nous ne l’acceptons pas !

Un mineur isolé étranger s’est suicidé, dans sa cellule, à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, lundi 17 février 2020.
Sans se prononcer sur les motivations de ce terrible passage à l’acte, nous tenons à exprimer notre émotion.
Depuis plusieurs années, nous dénonçons les politiques souvent discriminantes de la justice envers les mineur-e-s isolé-e-s étrang-ère-s, notamment par un recours fréquent aux procédures accélérées qui aboutissent à un nombre important de décisions de privation de liberté.
En 2019, sur 4333 mineur-e-s déféré-e-s au tribunal pour enfants de Paris, 68 % sont des mineur-e-s isolé-e-s étrang-ère-s.
À la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, ils et elles représentent 45 % des adolescent-e-s incarcéré-e-s. Beaucoup le sont pour des délits dits « de subsistance » notamment due à leur isolement et à leur errance.
Ce n’est pas leur place. Les mineur-e-s isolé-e-s étrang-ère-s sont des enfants adolescent-e-s en souffrance : l’incarcération ne sera jamais une option acceptable pour celles et ceux qui ont avant tout besoin d’accompagnement éducatif.
Pourtant, l’ensemble des professionnel-le-s de la justice et de la protection de l’enfance sont confronté-e-s au manque de solutions de protection pour ces enfants, trop souvent livré-e-s à eux-mêmes, ce qui provoque un sentiment majeur d’impuissance.
De plus, la spécialisation de certains services stigmatise les mineur-e-s isolé-e-s étrang-ère-s. Elle conduit à une prise en charge de ces jeunes par des personnes isolées, en charge d’un cumul de situations lourdes, devant agir dans l’urgence et sans moyens, ce qui malgré leur engagement sans faille, nuit à la qualité de l’accompagnement apporté aux jeunes et ne facilite pas leur intégration.
Le suicide de cet adolescent vient percuter de façon tragique notre dénonciation de l’incarcération des enfants que nous continuerons à porter par tous les moyens possibles.
Aucune mort ne peut être banalisée.
Ne l’accepteront jamais.
Paris, le 24 février 2005

Signataires : CGT, Défense des enfant international – France, Engagé-es au quotidien, Ligue des droits de l’Homme, SNPEC Protection judiciaire de la jeunesse, Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap), SNU Ter, SNU assistants sociaux, Solidaires santé sociaux, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature, Union syndicale solidaires.

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