Nous sommes le collectif 113. Nous occupons depuis février 2022 l’immeuble situé au 113 Canebière dans le 1er arrondissement, pour mettre à l’abri des mineurs non accompagnés. Aujourd’hui, le bâtiment risque d’être évacué à tout moment. Alors même que nous alertons les pouvoirs publics depuis 8 mois, aucune solution d’hébergement n’est proposée aux jeunes habitants qui n’auront d’autre choix que de retourner à la rue et d’agrandir le campement du tunnel de la gare Saint-Charles.
Nous exigeons : L’inscription explicite de la présomption de minorité dans la loi, pour que chaque jeune soit protégé et accompagné jusqu’à la décision judiciaire définitive.
Un accès et un accompagnement à l’ensemble de leurs droits (santé, scolarité, hébergement...)
Des places pérennes d’hébergement qui ne se résument pas à 15 jours d’hôtel. Les jeunes sont tous à l’école, en lycée principalement.
Contact : lacanebiere chez protonmail.com
Nous souhaitons vous parler de notre situation.
Nous sommes ce que tout le monde appelle des mineurs non accompagnés. Un mineur non accompagné est un jeune qui est sans famille et sans abri sur le sol français.
Malheureusement, l’Addap13 ne nous reconnaît pas comme mineurs.
Parmi nous, presque tout le monde a dormi dans la rue ou à la gare. On n’avait pas d’autre choix, on ne connaissait personne dans la ville. Grâce au collectif 113, nous avons trouvé refuge dans un squat : Le 113 à La Canebière.
Ce squat nous permet d’avoir un toit, un lit, une cuisine, une machine à laver, une douche. C’est une grande maison avec 4 étages.
À l’entrée en bas, il y a la salle de sport et la cuisine.
Au 1er étage, il y a une salle de classe pour faire les devoirs pour ceux qui vont à l’école, et pour apprendre le français. Dans les étages plus haut, il y a nos chambres.
Et au dernier étage, il y a la cuisine et la salle de bain.
Ici au 113, on y vient avec plaisir, on s’y sent bien. On mange ce qu’on aime. On est bien nourri. Ici au 113, il y a le respect entre nous, entre les bénévoles et les jeunes.
On travaille tous ensemble pour aider à la régularisation de notre situation : parce que nous sommes une famille et ça c’est la base !
La base, c’est d’avoir un dortoir, d’avoir à manger, et que ce soit temporaire.
Le rôle des bénévoles, pour nous, c’est très important !
Grâce à elles, aujourd’hui nous sommes à l’abri. Alors qu’elles ne sont pas payés, elles s’occupent vraiment bien de nous et elles sont très engagées dans ce qu’elles font pour nous : dé- marches administratives, hébergement, accès à de la nourri- ture, à des vêtements, à des médicaments, accompagnement à
la scolarité. Sans tout cela, sans elles, nous, on serait tou- jours dans la rue, en train de mourir de froid. Parce qu’avant de vérifier qu’on est bien mineurs, il faut savoir que l’Adap13 nous fait attendre jusqu’à un mois sans se soucier de com- ment nous vivons au-dehors.
On ne comprend pas : l’Adap13 nous enregistre, prend nos nom, prénom, évalue notre situation, prend nos empreintes... Et au lieu de nous mettre à l’abri ils nous laissent.
Et même une fois qu’ils nous prennent en charge, ça n’est jamais sûr. Du jour au lendemain, ils peuvent décider qu’on n’est plus mineurs et nous remettre à la rue. Il y a tellement de procédures. Ça pèse sur le moral, ça crée des tourments, ça empêche de dormir.
Comment les mineurs sont censés vivre en France ?
En tant que mineur, ça devrait être une obligation de pouvoir s’amuser.
Ce n’est pas à nous de devoir prendre en charge des pro- blèmes aussi importants à notre âge. C’est pas normal ! Qu’est-ce que je vais devenir dans une semaine ? Dans un mois ? Dans un an ?
Qu’est-ce que ça veut dire avoir 18 ans quand on n’a pas de papier ?
Discours écrit collectivement par les habitants pour une soirée de soutien.