22 septembre 2023
Une nouvelle action des collectifs Stop Croisières et Extinction Rebellion Marseille dénonce les ravages des navires de croisières en Méditerranée
La Méditerranée du futur sera solidaire et sans croisière !
Les militantes et militants des collectifs Stop Croisières et Extinction Rebellion Marseille se sont mobilisé.es, ce vendredi 22 septembre 2023, lors de l’ouverture de la conférence « Méditerranée du Futur » à la grotte Cosquer, pour dénoncer les ravages de l’industrie des croisières à Marseille et en Méditerranée. Événement annuel organisé par la Région Sud et le Parlement Européen, la conférence « Méditerranée du Futur » est présentée comme « le rendez-vous mondial de l’adaptation au changement climatique ». Cette année, pour sa 6ème édition, elle a rassemblé des représentants de plusieurs pays méditerranéens pour une demi-journée d’échanges sur le thème de l’eau et du climat en Méditerranée. Le programme des discussions sur ces enjeux d’ampleur restait cependant très flou, l’occasion pour les collectifs de rappeler aux participants un axe de travail concret pour diminuer à la fois la pollution de l’eau et les émissions de gaz à effet de serre : l’arrêt des croisières en Méditerranée.
Réuni.es sous une banderole « the future Mediterranean will be solidary and cruiseless », les collectifs Stop Croisières et Extinction Rebellion Marseille se sont donc permis d’interpeller Monsieur Muselier, président de la Région Sud et les participant.es par une action symbolique. Les militant.es vêtu.es de bleu pour représenter la mer, ont adressé directement leurs revendications à Monsieur Muselier avec un porte voix, qui accueillait devant l’entrée sur un tapis rouge ses invités internationaux. Les slogans « Muselier, t’es en retard, ta com’ t’es l’seul à y croire ! » ou « Solidaires et sans croisières, protégeons notre mer ! » ont ensuite été scandés. Avant de s’adapter au dérèglement climatique, il est indispensable de s’attaquer aux pratiques et usages irresponsables qui en sont la cause. « La Méditerranée d’aujourd’hui et celle du futur doit être sans bateaux de croisières. Notre air, nos mers et notre santé ne sont pas à négocier », rappellent les collectifs.
Arrêter les croisières : une solution efficace face à la pollution de l’eau en Méditerranée et au réchauffement climatique
La Méditerranée est la mer la plus polluée au monde. Les bateaux de croisières y déversent quantité de polluants et de macrodéchets. Cette pollution est augmentée par le recours grandissant à des scrubbers à boucle ouverte, qui « lavent les fumées » mais rejettent en mer les suies chargées de métaux lourds, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), souffre et autres polluants.
Le constat des scientifiques spécialistes de la question du climat est par ailleurs très clair. Pour Wolfgang Cramer, écologue, géographe, directeur de recherche au CNRS et contributeur du GIEC, dans une lettre ouverte en 2022 : « nous devons trouver des moyens de réduire à zéro, le plus rapidement possible, toutes les activités qui génèrent du CO2, du méthane ou d’autres gaz à effet de serre. Nos calculs montrent que cette réduction doit être d’au moins 6% chaque année à partir de maintenant – sinon nous ne respecterons pas l’accord de Paris. En ce qui concerne les bateaux de croisières, les solutions actuellement proposées par les armateurs, comme le remplacement du mazout par du gaz naturel liquéfié, ne répondent en rien à la nécessité de réduire drastiquement les émissions. […]. »
La région Sud en pleine ambivalence, maintient un soutien sans faille à l’industrie de la croisière
La région Sud, qui proclame s’engager pour le climat, notamment en s’affichant sous son slogan « gardons une COP d’avance », ne peut ignorer les dommages environnementaux colossaux dont sont responsables les navires de croisières.
Pourtant, elle continue d’afficher un soutien sans faille à l’appétit grandissant de l’industrie croisiériste. En 2022, la région Sud a orienté le financement de son plan « Escale zéro fumée », comportant l’électrification des quais, en priorité vers les escales de navires de croisières. Pour Stop Croisières, ce plan n’est en aucun cas acceptable, puisqu’il vise à compenser, avec l’argent public, les nuisances et la pollution causées par une industrie privée, contrairement au principe du « pollueur – payeur ». Le plan « Escale zéro fumée » s’apparente bien plus à une opération de « Greenwashing », visant à entretenir des intérêts privés et à soutenir le développement d’une industrie dont la nocivité pour l’environnement n’est plus à prouver. Pour Stop Crosières, il est bien urgent d’agir contre la pollution de l’air en électrifiantles quais de la forme 10, des ferries voire du fret, mais en aucun cas, pas pour les navires de croisières.
Les collectifs rappellent que, loin de diminuer, on assiste en France, autour de la Méditerranée et en Europe à une expansion de plus en plus rapide de l’industrie de la Croisière. En France, le nombre de croisiéristes a doublé en dix ans, passant de 2,1 millions en 2009 à 4,5 millions en 2019, soit + 7,9 % en moyenne chaque année. Marseille demeure le premier port français dans ce domaine, avec 1,8 million de croisiéristes en 2019 ; ce pourquoi, depuis plus d’un an, Stop Croisières s’y bat pour alerter sur la dangerosité des émissions et sur les conséquences de cette industrie désastreuse pour les écosystèmes et la santé de toutes et tous.
De plus en plus nombreuses, des voix s’élèvent dans d’autres ports de France et d’Europe (Douarnenez, le Havre, Ajaccio, Bordeau, Gênes, Venise, ou encore Barcelone) où des collectifs de citoyen.nes se mobilisent pour dénoncer les ravages du business des croisières, qui poursuit son expansion malgré les alertes de la société civile (le projet de nouveau terminal pour navires de croisières au Havre en est le parfait exemple).
Informations complémentaires
• L’argumentaire de Stop Croisières face aux fausses solutions « green » de l’industrie de la croisière est accessible en ligne :
https://stop-croisieres.org/argumentaire/https://stop-croisieres.org/argumen...
• La conférence « Méditerranée du Futur »s’inscrit dans le cadre de l’évènement annuel des Rencontres Méditerranéennes, organisées par la Région Sud et le Parlement Européen pour la sixième édition. Elle vise « à faire intervenir les acteurs publics et privés reconnus sur le plan euro-méditerranéen et international pour leur contribution à la réflexion sur la thématique de l’eau, sur la définition et la mise en œuvre de solutions innovantes et ambitieuses en Méditerranée. »