Le parti Reconquête est un parti néofasciste. Son fondateur, ouvertement pétainiste, a été condamné plusieurs fois pour des provocations à la haine raciale en plus d’être accusé d’agressions sexuelles par 8 femmes. Eric Zemmour a été, dès l’origine, une créature médiatique : obscur journaliste d’extrême droite, il a été rendu célèbre grâce à l’émission sur France 2 de Laurent Ruquier dans les années 2000. Grassement rémunéré pour diffuser dans des millions de foyers ses idées ouvertement racistes, violemment misogynes et révisionnistes, il a pu, grâce au soutien du service public, faire fortune et se lancer en politique.
Pour autant, le parti Reconquête n’a aucun élu, aucune légitimité politique, malgré un soutien massif des médias pendant la campagne présidentielle. Après avoir fait 7% aux élections présidentielles et 4% aux législatives, le parti n’a aucun député, aucune mairie, et n’a pour seul élu qu’un sénateur du Rassemblement National, Stéphane Ravier, qui les a rejoint après s’être fâché avec son parti.
Pourtant, les représentants de Reconquête sont invités quotidiennement, littéralement, dans les médias, y compris sur le service public. Rien que ces derniers jours, c’est frappant. Il suffit de regarder les interventions relatées par les représentants de Reconquête : le parti a parfois même été invité plusieurs fois par jour dans des médias nationaux, invité à commenter l’actualité sur tous les sujets, sans contradiction, en heure de grande écoute et en direct !
Et c’est le cas depuis des mois. En décembre, après la bagarre meurtrière lors d’une fête à Crépol : Marion Maréchal était invitée pour parler de « francocide ». Une attaque nazie avait lieu à Romans-sur-Isère : Marion Maréchal invitée pour dire que ce n’est pas grave. On parle des fichés S ? Les médias invitaient Marion Maréchal qui propose des arrestations de masse extra-judiciaires. En fait, quel que soit le sujet, l’extrême droite est invitée. Le 18 décembre dernier, la chaîne BFM TV invitait aussi en direct une militante identitaire qui affirme entre autres « défendre la race blanche », Thaïs d’Escufon, qui était présentée comme une simple « influenceuse » !
Pour se rendre compte de la gravité de la situation regardons chez nos voisins belges, où les médias ont fait le choix de ne pas donner la parole à l’extrême droite. En Allemagne, des millions de personnes manifestent actuellement après que des représentants d’extrême droite aient parlé de « remigration » lors d’une réunion privée. En France, ces idées sont diffusées TOUS LES JOURS dans TOUS LES MÉDIAS. Sans réaction.
Et dans le même temps, la gauche est diffamée en permanence, qualifiée de « terroriste » et « d’antisémite » pour avoir soutenu la Palestine, traînée dans la boue quoiqu’elle dise. Prenons la France Insoumise : elle a 75 députés. Si les médias étaient équitables, il faudrait inviter ces élus au moins 75 fois plus que les porte-paroles non élus de Reconquête. En général, non seulement ce parti est boycotté, mais on n’en parle à l’antenne que pour en faire le procès médiatique, sans possibilité de se défendre.
« Ce n’est pas nouveau » diront certains. Pourtant si. Les milliardaires et les puissants ont toujours préféré l’extrême droite à la gauche, mais d’une part les médias n’ont jamais été aussi concentrés en aussi peu de mains, et d’autre part une propagande de cette ampleur, avec cette violence, aussi affirmée, c’est assez nouveau. Et c’est pire chaque jour. De plus, le problème n’est pas que Bolloré : tout le service public, de France 5 à France Info ou France 2 se prête au même jeu criminel.
D’autres objecteront que « c’est pour faire de l’audience ». Ah bon ? Alors pourquoi Philippe Poutou, ou d’autres figures anticapitalistes ne sont pas chroniqueurs quotidiens sur BFM ? À chaque fois que Poutou dénonce le patronat et les politiciens à l’antenne, il explose les scores d’audimat. Ses rares discours médiatisés pendant la présidentielle de 2017 ont eu un succès fou des années après. Quant aux mouvements sociaux et écologistes de terrain qui pourraient parler à des millions de spectateurs, ils n’ont de toute façon jamais la parole, sauf pour les criminaliser.
La présence quasi-monopolistique des fascistes dans tous les médias français n’est pas destinée à faire des vues. Sinon d’autres opinions plus populaires – sur le partage des richesses par exemple – seraient mises à l’honneur. C’est un choix éditorial. Il s’agit de pulvériser les dernières idées de gauche et les contre-pouvoirs, et installer les idées fascistes dans les esprits.