Une tribune pour les luttes

360 kg d’uranium rejetés dans l’environnement au Tricastin

Fuite d’uranium au Tricastin : le Réseau "Sortir du nucléaire" soupçonne Areva de rétention délibérée d’information.

Rassemblement antinucléaire samedi à Paris (14h pl de la République)

Article mis en ligne le jeudi 10 juillet 2008

09/07/2008

Areva espérait certainement pouvoir cacher la vérité avant de se rendre à l’évidence

Le Réseau "Sortir du nucléaire" soupçonne Areva de rétention délibérée d’information et, de fait, de mise en danger volontaire de la population, dans l’affaire de la fuite d’uranium sur le site nucléaire du Tricastin mardi 8 juillet. Il est nécessaire de rappeler que c’est bien Areva qui est propriétaire de la Socatri, l’usine responsable de cet accident.

Il faut prendre la mesure de la gravité de la rétention d’information : c’est, selon l’aveu des autorités, au moins douze heures après l’accident que les populations ont commencé à être informées. Il ne serait pas étonnant que le délai ait en réalité été encore plus important. Dans tous les cas, il est vraisemblable que des gens ont été contaminés lors de baignades ou en buvant. (*)

On peut véritablement penser que, dans un premier temps, Areva a pensé pouvoir cacher l’existence de cet accident, avant de se rendre à l’évidence : l’ampleur du rejet fait que, tôt ou tard, l’affaire aurait été connue. Il y a donc vraisemblablement eu mise en danger délibérée de la population, avec de possibles contaminations.

De façon générale, cette rétention d’information permet de douter des informations données par Areva : puisqu’ils ont caché la vérité à cette occasion, comment leur faire confiance le reste du temps ?

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que l’industrie nucléaire fait courir continuellement à la population un risque intolérable. Faut-il attendre un Tchernobyl français avant de prendre les décisions qui s’imposent ? Un rassemblement antinucléaire européen, samedi 12 juillet (14 h place de la République) à Paris, permettra aux citoyens d’exprimer la nécessité de sortir du nucléaire.

(*) Même lorsque le niveau de radioactivité est faible, une contamination est très grave car des particules radioactives se fixent sur des organes et attaquent directement les cellules. C’est alors un cancer quasi assuré en quelques années.


360 kg d’uranium rejetés dans l’environnement au Tricastin : le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste les avis rassurants des autorités et rappelle que le nucléaire est dangereux et SALE

Le Réseau "Sortir du nucléaire" proteste contre les affirmations rassurantes des autorités concernant la fuite radioactive survenue ce jour dans une des installations nucléaires du site du Tricastin (Drôme/Vaucluse). Il est en effet impossible qu’un tel rejet, contenant de l’uranium, n’ait pas de conséquences importantes sur l’environnement et certainement sur la santé de riverains. Si les chiffres reconnus par les autorités sont vrai, cela fait 360 kg d’uranium !

La présentation officielle, "30 m3 et 12g d’uranium par litre", semble rassurante mais cela fait bien 30 000 litres, soit 360 000g... soit 360 kg d’uranium. Il est vraisemblable que des personnes ont consommé de l’eau contaminée dans la journée, et se retrouvent avec des particules d’uranium dans leur organisme. Même lorsqu’elles ne sont pas très radioactives, ces particules sont excessivement dangereuses lorsqu’elles pénètrent dans l’organisme et s’y fixent. Il y a alors une très forte probabilité de cancer.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle à une mobilisation antinucléaire internationale samedi à Paris et rappelle que, contrairement aux affirmations des autorités, le nucléaire est une des industries les plus polluantes et les plus dommageables pour la planète :

- Les mines d’uranium - le combustible des réacteurs nucléaires - contaminent des régions entières. Le nucléaire français contamine en particulier le Niger dont les mines produisent le tiers de l’uranium consommé par EDF

- les réacteurs en fonctionnement rejettent de la radioactivité dans l’air et dans l’eau.

- les réacteurs en fonctionnement rejettent dans les rivières et dans la mer de grandes quantités de produits chimiques (cuivre, zinc, phosphore, sodium, chlorures, morpholine, etc.)

- les réacteurs nucléaires produisent des déchets radioactifs pour lesquels n’existe aucune solution et dont les plus dangereux vont durer des millions d’années. Ces réacteurs produisent entre autre du plutonium lequel est excessivement nocif pour les êtres vivants et qui permet la fabrication de bombes nucléaires.

- la surconsommation d’électricité, à 80% d’origine nucléaire, est finalement très fortement émettrice de CO2 car nécessitant la mise en service de centrales thermiques (charbon, fuel, etc) en particulier lors de chaque pointe de consommation. .

Les citoyens européens doivent faire entendre leurs voix, exiger une politique énergétique européenne basée sur les plans d’économie d’énergie et le développement massif des énergies renouvelables, et faire en sorte que l’Europe sorte du nucléaire, énergie sale.

http://www.sortirdunucleaire.org


Communiqué CRIIRAD 09/07

Site nucléaire du Tricastin : fuite radioactive sur l’installation SOCATRI (filiale AREVA)

A.La CRIIRAD rappelle la teneur de son premier communiqué de presse :

La fuite a provoqué le rejet dans l’environnement d’au moins 9 000 Mégabecquerels (MBq), soit un dépassement de plus de 100 fois la limite maximale autorisée sur l’année (71,7 MBq) et de plus de 700 fois la limite maximale mensuelle. La limite d’activité volumique a été pulvérisée : rejet de plus de 300 000 Bq/l pour une limite maximale de 50 Bq/l.

B. La CRIIRAD demande des explications sur :

1/ les délais entre la survenue de l’accident et la mise en œuvre de mesures de protection et d’information de la population et de ses représentants ;

2/ les circonstances de l’accident et la défaillance du dispositif de rétention censé garantir le confinement d’éventuelles fuites ;

3/ la publication de la composition isotopique des effluents, information normalement détenue par SOCATRI et toujours censurée ce matin : l’exploitant, l’ASN, l’IRSN et les préfectures ne mentionnent que des grammes d’uranium !

1/ Des explications sur les délais

Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s’était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Le délai de plus de 7 heures entre le rejet incontrôlé dans l’environnement et l’information des élus locaux (vers 13h30 pour le maire de Lapalud, après 16h pour les médias) paraissait déjà trop long.

Cependant, si l’on en croit le communiqué de l’IRSN, le débordement de la cuve se serait produit la veille au soir, le lundi 7 juillet, vers 23h00. Les formulations de l’IRSN sont relativement sibyllines et ne précisent pas le temps qui s’est écoulé entre le débordement de la cuve et la fuite au niveau du module de rétention, ni si le personnel s’est rendu compte immédiatement des dysfonctionnements (ou s’il ne l’a découvert que tardivement). S’il n’y a pas eu de délai, que la fuite s’est produite vers 23h et que les responsables locaux n’ont été informés qu’après un délai de 14h et les médias de 17h, le retard est alors considérable. Pour que les mesures de prévention soient efficaces, elles doivent être prises dans les délais les plus brefs. Qui a été informé ? Quand ? Pourquoi de tels retards ?

2/ Des explications sur la défaillance du système censé pallier les fuites

La CRIIRAD réclame toute la transparence sur le déroulement de l’accident. Comment expliquer 1/ le débordement de la cuve (un débordement d’au moins 30 000 litres !), puis la faillite du système de rétention précisément destiné à pallier un éventuel défaut d’étanchéité. L’article 22 de l’arrêté d’autorisation de rejet et prélèvement d’eau précise que « chaque réservoir (...) est muni d’un cuvelage de rétention ou d’un dispositif apportant les mêmes garanties, dont la capacité est fixée à 100% du volume du réservoir le plus grand ou 50% du volume total des réservoirs. L’étanchéité de ces rétentions est contrôlée annuellement ».

Le communiqué de l’ASN indique que des réparations étaient en cours au niveau de la rétention. Ce n’est pas une excuse, au contraire : le dispositif de rétention étant indisponible, soit la cuve ne devait plus être utilisée, soit un système alternatif devait être mis en place. Dans tous les cas, une vigilance particulière devait être apportée à l’installation.

3/ La caractérisation précise des effluents radioactifs rejetés dans l’environnement

Ni la SOCATRI, ni l’Autorité de Sûreté nucléaire, ni l’IRSN, ni les Préfectures n’ont publié la moindre information sur la composition isotopique des effluents uranifères : les isotopes de l’uranium étaient-ils les seuls produits radioactifs présents ? Quelle était la teneur en uranium 235, sachant que la SOCATRI peut traiter de l’uranium enrichi jusqu’à 5% ? S’agissait-il d’effluents issus d’uranium de retraitement, avec présence d’isotopes artificiels de l’uranium (uranium 232 et 236) ?

Ces informations sont nécessaires à l’appréciation du risque et à l’évaluation des infractions aux dispositions de l’arrêté d’autorisation qui régit l’installation. Que l’on ne nous objecte pas que ces informations ne sont pas disponibles : la SOCATRI disposait nécessairement des données de caractérisation radiologique des effluents contenus dans la cuve. Si ce n’est pas le cas, il faut que cela soit clairement établi car un palier de plus serait franchi dans les défauts de maîtrise des activités et matières à risque.

La CRIIRAD demande également des précisions sur la teneur des effluents en polluants chimiques et souhaite savoir si des émanations gazeuses ont été associées au rejet liquide.

C. La CRIIRAD va saisir la justice

1. Dysfonctionnements graves et impunité

La répétition des fuites au niveau des canalisations de rejet (avril et août 2007), des cuves de rétention (octobre 2007) et de la station de traitement de rejet (novembre 2007) traduisent un important manque de maîtrise (tout comme l’oubli en janvier dernier, d’effluents radioactifs dans une cuve de transfert impliquant des failles dans la prévention des risques de criticité)

Par ailleurs, les vérifications conduites par la CRIIRAD montrent des violations répétées et très importantes des limites de rejets de produits radioactifs dans l’atmosphère !

Ces limites sont prescrites par l’arrêté du 16 août 2005 (article 10). En 2006, la limite maximale a été dépassée d’un facteur 6 ( !) pour les rejets de tritium (hydrogène radioactif) et d’un facteur 30 ( !) pour les rejets de carbone 14. En 2007, les rejets de tritium de la SOCATRI ont dépassé la limite d’un facteur 5 et les rejets de carbone 14 d’un facteur 42 ( !)

Ces infractions à l’article 10 de l’arrêté du 16 août 2005 - arrêté pris sous l’autorité des ministres de l’Industrie, de la santé et de l’Environnement - n’ont donné lieu à aucune sanction et l’exploitant, plutôt que de travailler sur la réduction de ses rejets et sa mise en conformité, a déposé une demande pour obtenir le relèvement des limites ! La demande est en cours d’instruction ... et elle a de bonnes chances d’aboutir !

2. Faire condamner AREVA NC Pierrelatte et la SOCATRI

Compte tenu du nombre et de la gravité des dysfonctionnements constatés par la CRIIRAD, compte tenu de la passivité, pour ne pas dire plus, des autorités de contrôle, le bureau de la CRIIRAD a décidé ce jour le dépôt d’une plainte en justice contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales du groupe AREVA :

1/ AREVA NC (Cogéma) pour l’enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets radioactifs dans le sol

2/ SOCATRI pour ses rejets radioactifs dans l’environnement

Le président de la CRIIRAD va contacter ce jour Me Thierry Billet, avocat de l’association, afin de déterminer la procédure à suivre.
http://www.criirad.org

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